Histoire Romaine
à vent,
et des chanteurs. Non contents de cela, les gens du bel air se mirent eux-mêmes
à jouer et à chanter. Aussi voit-on la musique entrer désormais dans le
programme universellement admis des branches diverses de l’éducation ; et
pour ce qui est de la danse, il n’est pas, sans parler des femmes, jusqu’à des
consulaires, à qui l’on n’ait pu, un jour, jeter à la face de s’être donnés en
spectacle dans quelque ballet de société.
Faut-il le dire ? Avec les débuts de la monarchie, déjà
se manifestent à la fin de la période actuelle les commencements d’une ère
meilleure pour les arts. Nous avons raconté dans le précédent chapitre quel
puissant essor, sous l’impulsion de César, l’architecture a pris et devait
prendre bientôt dans la capitale et dans tout l’empire. Il en est de même de la
gravure monétaire. Celle-ci se transforme vers l’an 700 [ 54 av. J.-C.] : l’empreinte, souvent grossière et
négligée de l’ancienne médaille, fait place désormais à la finesse et à la
netteté du relief.
Nous assistons à la fin de la république romaine. Nous l’avons
vu, durant cinq cents ans, commander à l’Italie et à la région méditerranéenne :
nous l’avons vue s’en allant en ruine, non sous le coup des voies de fait du dehors,
mais par le vice intérieur de sa décadence politique et morale, religieuse et
littéraire, et laissant la place à la nouvelle monarchie. Dans ce monde romain,
tel que César le trouva, beaucoup de nobles choses survivaient, legs des
siècles passés, amoncellement infini de grandeurs et de splendeurs. D’âme, il n’y
en avait presque plus ; de goût, bien moins encore : dans la vie, et
autour de la vie, plus de joies. Ce monde était vraiment vieux et le génie
patriote de César ne pouvait le refaire jeune. L’aurore ne revient pas, tant
que la nuit noire n’a pas achevé de tout envahir. Avec César cependant, les
riverains de la Méditerranée si longtemps battus par les orages du milieu du
jour pouvaient espérer un soir plus calme. Aussi bien, au sortir des longues
ténèbres de l’histoire, luira l’ère nouvelle des peuples : de jeunes
nations, libres de leurs allures, se mettront en marche vers un but plus haut
et nouveau, et parmi elles, il s’en trouvera plus d’une chez qui auront germé
les semences jetées par la main de César, plus d’une tenant de lui son
individualité, et lui en demeurant redevable.
Fin
de l’Histoire romaine
Notes
[1] V. Saint-René
Taillandier : Revue des Deux-Mondes ( la Philosophie de l’Hist.
rom.) , tome XLV, p. 361.
[2] Citons l’utile collection
d’ histoire universelle publiée par le libraire Hachette de Paris, sous
la direction de M. V. Duruy, si connu par ses excellents travaux sur
l’histoire romaine et l’histoire grecque, et que le choix de l’Empereur vient
d’appeler a la tête du ministère de l’Instruction publique.
[3] Tableau de l’Histoire
romaine , Paris, 1861.
[4] L’Histoire romaine, à
Rome , Paris, 1862.
[5] V. notamment Gerlach, Vorgeschichte
des Rœm. Staats (Hist. primitive de Rome ), Bâle, 1863, p. 263 et suiv.
[6] Il paraît en ce moment, en
Belgique, une traduction que M. Mommsen n’a point autorisée .
L’éditeur de la présente traduction (par M. Alexandre), cessionnaire des
droits de l’auteur et de l’éditeur allemands, et du traducteur lui-même,
proteste contre une contrefaçon qu’interdisaient et la loi morale et la volonté
formelle de M. Mommsen, et qu’il poursuivra partout où la loi française et
les lois étrangères lui en donneront le pouvoir.
[7] Citons encore d’autres
travaux d’une importance moins capitale :
De collegiis et
sodalitiis Romanorum . Kiel, 1843 ;
Les tribus romaines sous
le rapport de l’administration. (Die rœm. Trib. in administ. Beziehung.) Altona, 1844 ;
Études osques. (Osk.
Studien.) Berlin, 1855, avec supplément (1846) ;
Ptolemæi Silvii
Laterculus (1853) ;
Volusii Mœciani
distributio partium (1853) ;
Inscriptiones
Confederationis Helveticæ latinæ . Zurich 1854 ;
Droit municipal de
Salpensa et Malaga. (Die Stadtrechte der lat. Gemeinden Salpensa und Malaga). Leipzig, 1855 ;
Une multitude d’articles et
de rapports dans diverses revues ou recueils allemands, notamment :
une très curieuse dissertation sur le litige entre César et le Sénat. (Die
Rechtsfrage zwisch. Cæsar u. dem Senat). Breslau, 1857 ; et une
dissertation sur les nécessités et les
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