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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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ai sans doute causé de nombreux
soucis. Mais vous n’avez rien à craindre de moi, madame.
    — Je ne sais si je peux vous croire,
monsieur de Born. La surprenante intrusion de votre jeune ami dans le carrosse
de ma dame Mahaut d’Artois m’a valu bon nombre de questions auxquelles j’ai dû
répondre par un nombre égal de mensonges.
    — J’en suis désolé, mais c’était le seul
moyen de vous faire parvenir mon message.
    Seules trois lanternes demeuraient allumées
toute la nuit dans Paris : celle du cimetière des Innocents, celle de la
tour de Nesle et celle du Grand Châtelet. En passant sous l’une d’elles, j’eus
l’occasion d’admirer le visage de Béatrice d’Hirson. C’était une femme d’un âge
avancé, une quarantaine d’années environ, bien qu’encore très belle. Ses yeux
d’un bleu profond avaient néanmoins une lueur glacée. Quand, plus tard, elle
retira sa capuche et qu’une lanterne nous illumina de nouveau alors que nous
faisions des allers-retours incessants entre la tour Barbeau et la poterne de
Saint-Paul, passant naturellement par la tour de Nesle, je remarquai qu’elle
avait les cheveux teints en roux et les portait en chignon dans une résille
ornée de perles.
    — Comme vous le comprendrez sans doute, je
dispose de peu de temps. Je suis sortie du palais sous un faux prétexte, et il
ne serait pas convenable qu’on me voie faisant le tour de la ville à cette
heure tardive de la nuit.
    Béatrice d’Hirson ne brillait décidément pas par
son amabilité ou sa patience.
    — Je ne vous retarderai pas, je vous le
promets.
    L’affaire était compliquée. Je ne savais
strictement rien de cette femme qui m’aurait permis de la mettre dans de
meilleures dispositions à mon égard. Béatrice n’était pas comme ce misérable
aubergiste ou la malheureuse Marie Michelet, une personne ignorante que l’on
pouvait attraper dans un filet de mensonges savamment mêlés de superstitions
effrayantes ou de brillant nobiliaire. La seule ouverture possible consistait à
raconter une histoire plausible l’impliquant assez pour que les expressions de
son visage ou, mieux encore, le ton de sa voix, me guident peu à peu dans
l’obscur labyrinthe de la vérité. Mes seules armes dans cette nouvelle joute
étaient mon intuition et ma mauvaise foi.
    — Vous allez comprendre, madame. Je suis
médecin et j’exerce dans un collège de Tolède. D’étranges documents nous sont
parvenus récemment, vous me pardonnerez de ne pouvoir vous donner leur
provenance, elle implique d’illustres chevaliers français. On y assure que
votre... votre ami, le garde des Sceaux Guillaume de Nogaret – j’entendis alors
un froissement de tissu –, est mort dans d’atroces souffrances en pleine crise
de démence, le corps tordu de douleur par d’insupportables spasmes. Ces
documents étaient accompagnés d’une lettre dont le sceau impressionna mes plus
grands professeurs. On nous y demandait de nous informer discrètement sur la
nature de la maladie qui avait tué le garde des Sceaux et, au cas où il ne
s’agirait pas d’une affection, de déterminer quel poison l’assassin avait
utilisé – second froissement de tissu accompagné d’un changement de posture. Ne
me demandez pas, madame, qui était l’auteur de cette lettre. Cela ne serait ni
convenable ni prudent eu égard à votre proximité avec le défunt. Mais j’en
viens au fait : aucun médecin de notre collège, pas plus que ceux d’autres
écoles réputées que nous avons consultés en toute confidentialité, n’ont pu
nommer de maladie qui provoque de tels symptômes, et quant au poison... nos
meilleurs herboristes, et je vous assure que Tolède possède les pharmaciens les
plus renommés, n’ont pu déterminer son origine mortifère. Mes supérieurs ont
donc décidé de m’envoyer à Paris pour y trouver des renseignements susceptibles
de nous aider à répondre de manière adéquate à la demande de cette personne
dont je vous ai parlé.
    Au terme de ce long discours, j’avais acquis
deux certitudes : la première, mais je m’en doutais déjà, c’était que la
maîtresse de Nogaret savait qu’il y avait quelque chose de trouble dans la mort
du garde des Sceaux ; et la deuxième, que ce décès était lié, d’une
manière ou d’une autre, à un empoisonnement.
    — Bien, chevalier de Born..., commença la
dame d’une voix neutre, en quoi puis-je vous aider ? Ce que vous venez de
me raconter me surprend

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