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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
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Ses calembours sur des noms haïs, des titres de livres écoeurants.
23 juillet.
Un doigt d'eau pure dans un dé à coudre de cristal.
De temps en temps se retirer de ce qu'on fait, et gagner quelque hauteur pour respirer et dominer.
    J'ai le cerveau comme une noix fraîche, et j'attends le coup de marteau qui doit l'ouvrir.
Devant la stupidité des peintres, on a envie d'apprendre à dessiner avant de mourir.
Explication de Marcel Schwob sur l'impossibilité de fonder un journal du matin à Nantes : à cause de l'exiguïté des trottoirs, les Nantais ne peuvent lire en allant à leurs affaires.
25 juillet.-J'aurai tout de même tiré six années de bonheur depuis mon mariage, en 1888.
Il a manqué à Goncourt d'avoir beaucoup d'enfants.
26 juillet.
Baïs et Fantec ne veulent pas qu'on leur achète les mêmes joujoux, afin de pouvoir s'envier l'un l'autre et se disputer en criant.
Quand j'ai eu beaucoup de mal à écrire une page, je la crois bien écrite.
- Avec quoi fait-on les plus belles boucles d'oreilles ?
- Avec des cerises.
Titre : Pommes sauvages.
Je n'ai pas pu m'empêcher de dire à la marchande de journaux.
- Il est de moi, ce petit bouquin-là.
- Ah ! dit-elle, je n'en ai pas encore vendu.
Il faut pouvoir dire, quand on se sépare de quelqu'un : « Je regrette de ne l'avoir pas connu davantage. »
    A Fantec : « La mort, c'est comme le petit oiseau que tu n'as jamais revu. »
Des ennuis, tout le monde en a, mais on ne s'ennuie pas.
Le paysan âpre au gain ! C'est bientôt dit : je voudrais vous y voir.
Schwob, qui vient de se faire payer un voyage par Léon Daudet me dit :
- Vous comprenez que, si j'avais refusé, il aurait été très froissé.
Et, pour que je n'aille pas chez son éditeur, il me dit :
- C'est un imbécile.
Il dit des histoires de flibustiers et de corsaires, cet homme qui, même en habit, a toujours l'air d'être en robe de chambre, et il s'en inspirera, en les copiant...
A la fin du déjeuner, tandis que je lui souriais, que je lui offrais à boire et d'excellent gruyère, j'avais envie de lui dire : « Schwob, je vous hais. Et, si vous me répondez un mot, un seul, je vous enfonce cette table, ces plats, ces carafes, tout, dans le ventre. »
31 juillet.
Arromanches.
La grande horloge était couchée par terre, comme si on avait mis le temps dans un cercueil.
6 août.
Une vieille femme, enfouie sous l'énorme gerbe de blé qu'elle porte, tient toute la route, accroche les haies, et des brins de paille font, à sa tête, une auréole hérissée.
    8 août.
Titre : Pierre ou Paul et Virginie.
9 août.
A trente ans, je n'ai pas encore lu un vers de Léon Daudet.
13 août.
Heureux ceux qui sont nés parfaits ! On a beau faire : on ne le devient jamais.
14 août.
La lune allonge sur la mer l'ombre des maisons. L'écume des vagues se brise aux dents de l'ombre. Le coup d'éventail lumineux d'un phare tournant.
15 août.
Sur la plage, deux petits bonshommes se disputent une bêche. Ils la serrent de leurs quatre mains et cherchent à se l'arracher. Ils vont se battre, mais, de force égale, ils se défient. Enfin, ils se décident à bêcher ensemble en tenant tous les deux la bêche, sans la lâcher.
18 août.
Dans l'admiration qu'on a pour Verlaine, je sens une trop grande part de pitié pour le pilier d'hôpital.
19 août.
Avec des casquettes de marins ils se donnent des airs d'amiraux.
23 août.
D'Arromanches à Isigny.
    - Le paysan bien renseigné dit : « Suivez le fil électrique. » Jusqu'à Grandcamps, tout le long de la route, des chiens, attelés à des voitures à trois roues, traînent des paysans, dont quelques-uns sont en blouse, et pour qui c'est un attelage de promenade. Les autres sont marchands de moules. Ils se dirigent au moyen d'un gouvernail. Aux descentes, ça va tout seul.
A Grandcamps, joie d'apercevoir au loin la côte de Quineville, Saint-Waast, Barfleur. Il semble qu'il n'y ait qu'à enjamber pour se trouver dans un pays de doux souvenirs.
Un petit mendiant, dont on dit qu'il fait la bête mais qu'au fond il est finaud, vient rôder autour de nous. On lui commande : « Fais ta prière, tu auras un sou. » Il hésite, puis se fourre un doigt dans la bouche, en arrache une énorme chique qu'il jette à terre, puis se met à genoux et dit sa prière en chantonnant : « Mon Dieu, je vous offre mon coeur. » Il se relève après un signe de croix dépêché, ramasse sa chique et attend son sou. Il amuse et il écoeure.
Des gens ne sont jamais contents : on leur sert

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