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Journal de Jules Renard de 1893-1898

Journal de Jules Renard de 1893-1898

Titel: Journal de Jules Renard de 1893-1898 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Renard
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pour moi tout seul, depuis l'article de tête jusqu'aux nouvelles à la main, et j'ai vu combien c'était facile.
    Au bout d'un mois, je savais à quoi m'en tenir, et j'ai laissé là cet exercice inférieur.
16 octobre.
Formules pour accuser réception des livres :
- Du courage, selon le mot de Diderot. Élargissez Dieu.
- Voilà un livre qui est bien à vous, mon cher ami, et je suis heureux de vous le dire.
- Merci ! J'emporte votre livre à la campagne. Je le lirai sous les arbres, au bord de l'eau, dans un décor digne de lui.
19 octobre.
Quand vous rougissez, vous êtes jolie et mélancolique à voir comme un feu de bois.
21 octobre.
Le corbeau : il revient de l'enterrement. Une pie en demi-deuil.
22 octobre.
A l'Odéon. Docquois et moi, nous nous asseyons sur un banc, dans l'escalier. D'abord, je suis frappé par la quantité de calottes qui passent et repassent devant nous, concierges et garçons de bureau. Une espèce d'Hamlet maladif monte, et descend, et remonte, avec un souffle pénible. Des petites actrices et leurs mères attendent. Une mère dit : « On s'amuse comme à la campagne, ici ! » La petite répond : « Si encore on y était ! »
    Tout à coup on entend un cri : « Auguste ! » Tout le monde s'élance. L'escalier tremble. C'est Marck qui arrive. Voilà un cri qui me restera dans l'oreille.
Dans le cabinet directorial, M. Desbeaux ressemble bien à Capus. « Et pourtant » dit-il, « je ne le connais pas. Je ne l'ai jamais vu ». M. Marck est le plus gros, le plus directeur. D'ailleurs, il est seul à s'asseoir. On distribue les rôles. Lecture aux artistes, jeudi, de cette comédie impayable, comme a dit Sarcey, sans doute parce que l'Odéon ne nous paiera rien.
24 octobre.
Il faut pourtant que je sorte mes guenilles de ma malle pour les défriser, dit papa.
25 octobre.
Papa, type de maire. - Le tambour de la commune a 25 francs par an.
- Il n'a pas de quoi entretenir sa caisse, dis-je.
- D'abord, elle n'est pas à lui. Elle est à la commune ; et puis, je ne la fais jamais battre. Il ne tape guère qu'aux élections. En admettant que je le dérange une heure par an, ça lui fait une heure bien payée. Enfin, c'est un privilège. Le tambour revient presque de droit au garde champêtre, que mon prédécesseur a dépossédé je ne sais pourquoi. C'est un type ce tambour. Pour scier ma pile de bois, il est venu l'autre jour avec son couteau à scie.
Chaque commune a maintenant une assistance médicale ; et puis, nous donnons du pain aux pauvres.
    Il y a des malheureux à Chitry, mais pas un mendiant. Il est interdit aux mendiants de quitter leur commune. Avec un morceau de pain et deux ou trois noix on se nourrit. Il m'en est venu deux de Saint-Révérien, un aveugle conduit par une jeune femme.
- Mais, lui dis-je, est-ce que votre femme ne pourrait pas travailler au lieu de vous promener comme ça toute la journée ?
- Oh ! monsieur le maire, ça nous rapporterait moins.
Je leur ai tout de même donné un sou, en leur disant de ne plus revenir, sinon, je les ferais arrêter. Puis, je les ai regardés partir par la vieille route. Je les entendais rire. Ils se moquaient de moi.
Les boeufs blonds comme les blés.
26 octobre.
La sauterelle en forme de g.
27 octobre.
Quand elle s'est mariée, elle n'a pas voulu inviter - ou elle l'a oublié, - un de ses parents qui était sorcier à Marigny et de qui l'on racontait des histoires peu honorables. Il se vengea en envoyant à Alexandre la guillotte noire, c'est-à-dire que pendant dix jours il fut impossible à Alexandre d'« embrasser » sa femme. Elle raconte cette aventure à qui veut l'entendre, et toujours dans les mêmes termes. Alexandre, qui est là et qui écoute, ne dit ni oui, ni non. Il ne se trouve pas ridicule, puisque c'était un sort.
    Ceux qui marchent avec une jambe et une épaule.
Les vaches font cuire au soleil le café au lait de leur ventre.
Les crémaillères lumineuses de l'orage.
Elles étaient assises comme des meules de blé.
Etre partout et dans un coin.
J'ai, comme on dit, l'esprit mordant, mais je ne m'en sens pas, et ma timidité augmente.
Il n'y a aucune différence entre la perle vraie et la perle fausse. Le difficile, c'est d'avoir l'air désolé quand on casse ou qu'on perd la perle fausse.
Elle a ses rides toutes prêtes. Au moindre froncement, elles se forment.
Le crapaud : il marche ventre à terre.
Voilà ce que, même au prix d'une rêverie intense, je ne peux pas faire : situer Moïse dans le temps par rapport

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