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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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tour informer le général Prévost, posté encore plus bas sur la rivière, à la ferme Baker.
    Avec sa longue-vue, Salaberry tentait d’estimer le nombre de soldats ennemis postés sur le chemin en attendant de donner le signal de l’assaut.
    â€” Deux bataillons, dit-il à Juchereau-Duchesnay qui était à ses côtés. Là, celui de Hampton, et l’autre, celui de Izard. Ils sont entre deux et trois mille, assurément. Et je ne compte pas les hommes de Purdy positionnés sur l’autre rive.
    Les hommes du capitaine Daly avaient commencé à livrer combat à ceux de Purdy qui avaient réussi à traverser les bois et se battaient farouchement. Les Américains avaient perdu une grande partie de leurs troupes qui s’était égarée dans la forêt.
    Finalement, l’armée du général américain Hampton s’ébranla.
    â€” Ferguson, vous êtes prêts?
    Salaberry donnait ses ordres en français, contrairement à l’usage dans l’armée britannique.
    â€” Prêts, colonel!
    â€” Les clairons? demanda-t-il à son beau-frère Juchereau-Duchesnay.
    â€” À votre signal, colonel.
    â€” Ferguson, dit-il au capitaine des Fencibles posté devant l’abattis, à vos armes!
    Le capitaine Longtin se jeta à genoux, fit le signe de la croix et une courte prière, imité par ses miliciens.
    â€” Nous avons fait notre devoir envers Dieu, il nous reste à accomplir celui que nous avons envers notre roi, déclara-t-il en se relevant.
    Derrière l’abattis, les voltigeurs Godefroi Lareau et Louis Charland se signèrent à leur tour. Ils entendaient tout ce que disaient les officiers. Autrement, il régnait un silence étrange, presque solennel. Sanglés dans leurs uniformes, chacun son arme à la main, les Voltigeurs attendaient le signal, la peur au ventre. L’instant fatidique approchait et tous les regards étaient dirigés vers Salaberry qui examinait fébrilement la position ennemie avec sa longue-vue. Soudain, son cri retentit:
    â€” Feu!
    Les fusils des Fencibles se déchaînèrent, coup après coup, et le devant de l’abattis se couvrit d’un écran de fumée, donnant aux Américains l’illusion d’un grand nombre de combattants. De l’autre côté de la rive, on tirait également. Les balles fusaient de partout.
    â€” Daly! Brugière! cria Salaberry. À vos baïonnettes! Allez-y, à l’assaut! Faites sonner les clairons!
    Immédiatement, des appels sonnant le rassemblement résonnèrent de partout, ce qui renforça chez l’ennemi l’idée de troupes plus nombreuses qu’elles ne l’étaient en réalité.
    â€” Lamothe, au tour de vos Sauvages!
    Une vingtaine d’Indiens sous les ordres du capitaine Lamothe se mirent à proférer leurs cris de guerre, remarquables de férocité. Le regard de Salaberry montra un instant sa satisfaction, puis il se concentra sur l’action. Il se déplaçait sans cesse, était partout à la fois, inlassable. Les ordres se donnaient en français, pour confondre l’ennemi qui pouvait entendre. La voix de Salaberry agissait à la manière d’un envoûtement, guidant la main de chaque combattant.
    Godefroi et Louis chargeaient leur fusil, tiraient, laissaient la place à celui qui était derrière, attendaient un peu, rechargeaient, et tiraient de nouveau. Ils ne s’appartenaient plus, ne savaient plus s’ils avaient peur ou non. Ils avaient abdiqué toute volonté et faisaient corps avec les autres face au danger. Officiers et soldats, ils étaient tous des camarades qui défendaient chèrement leur vie. C’était un état d’exaltation extraordinaire et l’espace d’un instant, Godefroi se dit qu’aussi longtemps qu’il vivrait, jamais il ne l’oublierait. Il hurla, arma son fusil et tira.
    â€” Le capitaine Daly est tombé, lui apprit Charland qui venait de l’entendre dire.
    â€” Il n’est que blessé, répondit Godefroi. Ça joue dur de ce côté-là, mais on lâche pas, mon Louis.
    â€” Ouais, clama son compagnon en rechargeant son arme en tremblant.
    Les hurlements des Sauvages qui exaltaient le courage de Godefroi produisaient l’effet contraire chez Louis. Les effroyables cris de guerre lui glaçaient les

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