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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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même d’Ovide.
    â€” De quel droit ces gens se présentent-ils chez moi? protesta le maître de maison avec vigueur.
    â€” Père, ils ont tous été invités par Emmélie, répliqua René, enjoignant ce dernier au calme.
    â€” Votre fils a raison. Vous n’avez rien à craindre de vos ennemis, puisque vous êtes chez vous et entouré de vos meilleurs amis, dit Ovide.
    Ses paroles eurent pour effet d’apaiser le bourgeois.
    â€” Monsieur Boileau, intervint alors Papineau, puisque messire Bédard a son avocat, pourquoi n’auriez-vous pas le vôtre? Si vous le permettez, je me mets immédiatement à votre disposition.
    â€” Cette offre est pleine de sens, murmura René à l’oreille de son père.
    Ovide darda Papineau d’un regard outré: «De quoi se mêle-t-il, celui-là?»
    â€” Ce n’est pas le moment de faire un esclandre, conseilla Papineau. Bédard est extrêmement habile et pourra s’en servir contre vous. Faites bonne figure pour le reste de la soirée en allumant le calumet de paix.
    â€” C’est bien ce que je disais, ajouta Ovide qui souhaitait s’attirer les grâces du père d’Emmélie.
    Pendant qu’on s’occupait de tenir les protagonistes à bonne distance, les dames s’éparpillaient dans la pièce, heureuses de se retrouver enfin. Emmélie eut une soudaine inspiration qui rassemblerait tout le monde.
    â€” Des huîtres nous attendent à la cuisine. Qui m’aime me suive! lança-t-elle d’un ton joyeux.
    â€” Des huîtres! répéta Marie-Josèphe avec une expression gourmande.
    â€” J’en suis, déclara Françoise Bresse, qui souhaitait ardemment retrouver la bonne entente d’autrefois.
    â€” Comptez sur moi, s’empressa de dire Ovide.
    â€” Allons, venez, dit Sophie en attrapant son fiancé Toussaint Drolet par la main. Nous allons nous régaler.

    La cuisine d’Ursule fut prise d’assaut par les invités. Les messieurs ouvraient les huîtres, puis les demoiselles les disposaient sur de larges plateaux. Les verres se remplissaient de cidre gris et le tout se déroulait dans une atmosphère enjouée. Emmélie se félicitait d’avoir eu l’idée d’en commander plusieurs caisses, car tout le monde raffolait des huîtres.
    â€” Rien n’est plus amusant qu’une activité improvisée, disait Charles à Julie. Elles sont exquises, fit-il en en avalant une.
    â€” Il y a longtemps que nous n’avons eu autant de plaisir, approuva-t-elle.
    Le regard pétillant et les cheveux légèrement défaits, l’excitation la rendait jolie. Il lui sourit, puis son visage prit un air songeur.
    â€” Julie, dit-il, le général de Rottenburg me réclame. Je repars à Montréal sous peu. J’avoue que j’aurai peine à vous laisser.
    â€” Je vous regretterai également, répondit-elle spontanément.
    Elle constatait avec étonnement qu’elle souhaitait le voir prolonger son séjour afin que durent les moments agréables que sa présence apportait.
    â€” Rien ne pouvait me faire plus plaisir que d’entendre cela, prétendit Salaberry. Penserez-vous de temps en temps à votre cousin Charles?
    â€” Je ne vous oublierai pas, répondit-elle en baissant les yeux devant son air séducteur. Reviendrez-vous nous voir?
    â€” Je vous le promets. Entre-temps, pourquoi ne pas nous écrire?
    Il s’empara de sa main et la serra dans la sienne. À ce contact, elle frissonna.
    â€” C’est d’accord, écrivons-nous, répondit-elle timidement.
    Au-dessus de la grande table qui trônait au milieu de la cuisine, son regard croisa celui de René qui les observait. Elle rougit de plus belle.

    â€” Alors, mademoiselle Boileau, la tournure des événements vous convient? demanda Papineau à Emmélie.
    Depuis le début de la soirée, il attendait l’occasion de lui parler seul à seul.
    â€” J’ai craint que notre maison ne se transforme en champ de bataille, et je préfère nettement ce désordre-là, ajouta-t-elle en montrant les invités qui se régalaient joyeusement.
    Louis-Joseph Papineau observait son hôtesse. Elle n’était pas une de ces beautés à la mode, avec son teint bistré et ses yeux sombres, mais il avait rarement vu un regard aussi

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