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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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infidèle, doublement parjure ! toi, dont la scélératesse m’a rendue ridicule aux yeux de mes sujets, et odieuse à moi-même ! Je voudrais m’arracher les yeux pour les punir de leur aveuglement.
    Burleigh se hasarda à parler.
    – Madame, dit-il, rappelez-vous que vous êtes reine, reine d’Angleterre, mère de vos sujets ; ne vous abandonnez pas au torrent de cette colère impétueuse.
    Élisabeth se tourna vers lui ; une larme brillait dans son œil fier et courroucé : – Burleigh, dit-elle, tu es un homme d’état ; tu ne comprends pas, tu ne peux pas comprendre combien cet homme a versé sur moi de douleur et de mépris.
    Avec la plus grande circonspection, avec la vénération la plus profonde, Burleigh prit la main de la reine, dont il voyait le cœur prêt à se briser, et la tira à l’écart dans l’embrasure d’une fenêtre éloignée des spectateurs.
    – Madame, dit-il, je suis ministre, mais je suis homme néanmoins. J’ai vieilli dans vos conseils, je ne désire et ne puis désirer ici-bas que votre gloire et votre bonheur. Je vous conjure de vous calmer !
    – Ah ! Burleigh, dit Élisabeth, tu ne sais pas… Et ses larmes coulèrent en dépit de ses efforts.
    – Je sais, je sais tout, ma glorieuse souveraine. Oh ! prenez garde de ne pas donner lieu à d’autres personnes de soupçonner ce qu’elles ignorent !
    – Ah ! dit Élisabeth, qui s’arrêta comme si de nouvelles pensées fussent venues se présenter à son esprit, Burleigh, tu as raison, grandement raison ; tout, excepté le déshonneur ; tout, excepté l’aveu de ma faiblesse ; tout, excepté de paraître trompée, dédaignée : mort de ma vie ! cette seule pensée me jette dans le désespoir.
    – Montrez votre courage accoutumé, madame, dit Burleigh, et élevez-vous au-dessus d’une faiblesse que jamais un Anglais ne soupçonnera dans son Élisabeth, si la violence de ses regrets ne lui en porte jusqu’au fond du cœur la triste conviction.
    – Quelle faiblesse, milord ? dit Élisabeth avec hauteur ; prétendriez-vous aussi insinuer que la faveur dont j’honorais ce traître orgueilleux puisait sa source dans… Mais ne pouvant plus long-temps soutenir le ton de fierté dont elle s’était armée, elle se radoucit en disant : – Pourquoi chercher à t’en imposer, à toi, mon fidèle et sage serviteur ?
    Burleigh s’inclina pour baiser affectueusement la main d’Élisabeth ; et, chose rare dans les annales des cours, une larme sincère tomba de l’œil du ministre sur la main de sa souveraine.
    Il est probable que l’assurance intime qu’avait Élisabeth d’inspirer cet intérêt à Burleigh l’aida à supporter sa mortification et à restreindre son extrême ressentiment ; mais elle y fut encore plus portée par la crainte que son emportement ne trahit en public l’affront et le dépit que, comme reine et comme femme, elle désirait si vivement cacher. Elle quitta Burleigh, et se promena dans la salle d’un air sévère, jusqu’à ce que ses traits eussent recouvré leur dignité habituelle, et son maintien cette majesté qui la rendait si imposante.
    – Notre souveraine est redevenue la sage Élisabeth, dit Burleigh à voix basse à Walsingham ; remarquez ce qu’elle va faire, et prenez garde de lui résister.
    Élisabeth s’approcha alors de Leicester, et dit d’un ton calme :
    – Lord Shrewsbury, nous vous déchargeons de votre prisonnier. Lord Leicester, relevez-vous et reprenez votre épée. Un quart d’heure de contrainte sous la surveillance de notre maréchal n’est pas, il nous semble, un châtiment bien sévère pour la fausseté dont vous vous êtes rendu coupable envers nous pendant si long-temps. Nous allons entendre maintenant la suite de cette affaire. Elle se plaça sur son fauteuil, et dit : – Vous, Tressilian, approchez, et dites-nous tout ce que vous savez.
    Tressilian raconta son histoire avec sa générosité naturelle, supprimant autant que possible tout ce qui était de nature à nuire à Leicester, et passant sous silence leurs deux combats. Il est probable qu’en agissant de cette manière il rendit au comte le plus grand service ; car si la reine eût trouvé dans ce moment-là quelque grief qui lui eût permis d’exhaler sa colère contre Leicester, sans faire paraître des sentimens dont elle rougissait, il aurait pu s’en trouver mal. Elle réfléchit quelque temps lorsque Tressilian eut cessé de parler, et dit

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