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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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trouver un époux digne de sa beauté et de sa fidélité. Mais ce ne sera pas Muhammad ibn `Abdallâh, époux de Khadija.
    D'abord saisie de stupeur devant ce refus auquel elle ne s'attendait pas, Khadija s'écria soudain que c'était de la démence. Son cri réveilla l'enfant, qui se mit à pleurer. Alors Khadija se tut, prit sa fille contre sa poitrine le temps de la rendormir, murmurant son prénom, « Fatima, Fatima ! », tandis que Muhammad, assis sur un tabouret, patient, une lueur d'amusement et de satisfaction dans ses yeux dorés, les contemplait toutes les deux, si parfaitement mère et enfant.
    Mais, aussitôt Fatima rendormie, Khadija fit ce qu'elle avait promis à Ashemou. Elle vint s'agenouiller devant son époux, le suppliant, l'assurant qu'elle le délivrait de sa promesse. Si elle chuchotait pour ne plus réveiller sa nouveau-née, sa voix n'en était pas moins pressante :
    — Je t'aime plus que moi-même, Muhammad. Tu ne dois pas rester ainsi, sans véritable épouse, sans mère de tes fils, sans l'amante que j'ai été pour toi quand tu as bien voulu me prendre.
    Des prières et des mots, elle en aurait dit encore si Muhammad ne l'avait interrompue en lui couvrant de baisers le front, les yeux et la bouche, en ouvrant sa tunique pour saisir le sein que leur fille Fatima n'avait pas tété, le soupesant et le baisant lui aussi, en disant :
    — Je suis assez père maintenant pour savoir ce qu'est la douleur de celles qui retiennent leur lait comme tu le fais.
    Et, après avoir porté ses lèvres sur le mamelon durci de Khadija afin de téter lui aussi comme s'il était son enfant, il déclara :
    — Jamais je ne m'abreuverai à d'autres seins. Souviens-toi des mots de Barrira : tu m'as ouvert la porte de la vie heureuse. Ne la referme pas. Il n'y en a pas d'autre pour ton époux.

Quatrième partie
    Au soir d'une vie

Nouveau-née, nouvelles angoisses
    La canicule dura plus d'une lune. Elle suivit de près la naissance de Fatima. Puis le chaleur diminua aussi brutalement qu'elle était venue. On était au début de l'été. La mort noire avait disparu pour de bon. Cette bonne nouvelle fit vite le tour de l'Arabie.
    Les étrangers cependant se montrèrent prudents. Des éclaireurs venus de tout le Hedjaz, comme des marchés de Sham et de Ma'rib, vinrent vérifier l'information. À leur retour, ils racontaient les entrepôts vides, les Bédouins qui prenaient leurs aises, les ruelles et les cours de la cité à nouveau habitées mais très peu animées. Beaucoup de puissants restaient encore à Ta'if, attendant la fin de l'été et des températures plus clémentes. Mais nulle part dans la ville les visiteurs ne trouvèrent trace de la terrible mort noire. Pour cela, il aurait fallu s'éloigner de Mekka, se perdre dans les collines et entre les falaises de basalte. Là, les plus intrépides auraient découvert les vastes fosses communes ceintes de roches peintes à la chaux d'un blanc aveuglant. La rumeur disait qu'il y en avait plus d'une dizaine. La rumeur, car personne encore n'osait s'en approcher.
    Enfin Abu Sofyan fut de retour. Et, avec lui, les puissants des clans qui l'avaient suivi. À peine retrouvèrent-ils leurs maisons de Mekka qu'ils s'empressèrent d'aller tourner autour de la Ka'bâ et de déposer des offrandes au pied d'Hobal. Comme auparavant. Ils manquaient néanmoins de l'eau nécessaire à la purification. La chaleur avait tant asséché la terre qu'il fallut allonger la corde du seau pour atteindre cette source que nul à ce jour n'avait encore vu se tarir.
    Mekka reprit son rythme habituel. Les trompes taillées dans des cornes de bélier recommencèrent à lancer leurs appels rauques à l'approche des caravanes. Celles des puissants de Mekka partirent pour le nord avec trois lunes de retard. D'autres prirent la route du sud, alors que les commerçants d'Afrique étaient de retour.
    L'appétit des marchands s'aiguisa. Mekka se relevait, mais elle était loin de son opulence d'avant la maladie. On avait tant récuré les cours et brûlé les biens des maisons pour se protéger de la mort noire qu'on manquait à présent de tout. Les entrepôts demeuraient vides. Dans leurs demeures les puissants manquaient de serviteurs, de servantes et d'esclaves. Car les plus misérables avaient été les plus nombreux à mourir. Les riches, cependant, n'allaient pas rester longtemps dépourvus. Avant l'hiver, les marchés regorgeraient d'esclaves comme jamais, et les plus

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