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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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l’ordre.
    Lorsqu’elles grimpèrent dans les camions, les prisonniers revirent leurs genoux, leurs combinaisons et leurs pantalons aux couleurs tendres. Elles riaient toujours. Mais cette fois-ci leurs rires étaient étouffés et craintifs.
    – Dix femmes pour chaque baraque ! ordonna le commandant du camp. Elles y resteront jusqu’à neuf heures du soir. Les chefs des baraques ont reçu des dispositions spéciales pour le déroulement du programme et sont considérés responsables du maintien de l’ordre et de la discipline !
    Le haut-parleur se tut.
    Les femmes demeuraient tranquillement dans les camions. Elles attendaient d’autres ordres.
    – Merde ! dit le Français et il grinça des dents.
    Moritz crut que le Français lui adressait la parole et il tourna la tête. Joseph était furieux et ne le regardait pas.
    –  Les femmes doivent descendre des camions en ordre, par groupes ! ordonna la voix du haut-parleur.
    C ’était ce qu’elles attendaient. Elles commencèrent à sauter des camions et se divisèrent en cinq groupes. Cinq hommes, les chefs des cinq baraques, vinrent les chercher et leur firent signe de les suivre. Les femmes riaient toujours en suivant les cinq hommes,
    Moritz ne voyait pas du tout comment allait "se dérouler le programme ". Il était curieux. Il savait bien que les femmes venaient faire l’amour avec les prisonniers. Les Allemands prétendaient que le rendement n’était pas suffisant si les prisonniers ne faisaient pas l’amour. Les Allemands aimaient que le travail soit bien fait. Et c’est pourquoi ils avaient fait venir les femmes, pour que les ouvriers travaillent mieux à l’usine de boutons, à la fabrique de cordes et à la fonderie de la ville.
    Iohann Moritz ne comprenait pas pourquoi les hommes travaillent mieux s’ils ont fait l’amour. Et il ne voyait pas du tout comment les prisonniers pourraient bien faire l’amour avec les femmes qu’on mettrait à leur disposition dans chaque baraque. Les dortoirs étaient grands et contenaient beaucoup de lits. Les hommes étaient nombreux et il y avait peu de femmes. Il était impossible que chaque prisonnier couche avec une femme dans son lit. "Peut-être qu’elles passeront de lit en lit ! " se dit Moritz. Puis il pensa que les femmes auraient honte de passer de l’un à l’autre. Il n’avait jamais pensé voir des femmes dans sa baraque aux fenêtres garnies de barbelé. Et pourtant elles étaient là, à la porte.
    Le chef de baraque leur parlait, probablement pour leur donner des instructions sur la manière de procéder. Elles riaient très fort.
    – Sortons, veux-tu ? demanda Joseph. Allons là où nous étions tout à l’heure.
    Moritz sortit de la baraque avec le Français. D’autres hommes sortaient aussi.
    Sur le seuil, ils frôlèrent les femmes. Elles sentaient le parfum et la poudre. Elles regardèrent Joseph et Iohann Moritz qui partaient et se mirent à rire. Elles se moquaient il eux, parce qu’ils quittaient la baraque.
    Iohann Moritz sentit une main de femme passer sur on visage et le caresser. Il baissa les yeux. La main était moite et parfumée.
    – Salvete Sclavi ! dit Joseph lorsqu’il fut près d’elles.
    Il reçut en réponse de gros rires.
    Joseph, lui, ne riait pas. Son front s’était rembruni.
    En arrivant dans la cour, il s’étendit sur l’herbe et regarda le ciel. Moritz s’étendit à son côté et se mit à penser à ces femmes. Joseph devait y penser aussi, mais Moritz ignorait quelles pouvaient bien être ses réflexions.
    – Tu peux y aller, si tu veux, dit le Français.
    – Non, je n’y vais pas, répondit Moritz.
    Ils ne dirent plus un mot. C’était la première fois que le Français se trouvait à son côté sans lui parler de Béatrice.
    – Ce sont des Polonaises des camps de concentration, dit Joseph. Si les détenues des camps de concentration font ce métier pendant six mois, elles sont mises en liberté sitôt après… Mais en six mois, elles sont complètement démolies. Elles ne quittent les camps de concentration que pour entrer directement à l’hôpital, l’asile ou à la morgue.
    – Je croyais que c’était leur métier, dit Iohann Moritz.
    Maintenant il en avait pitié. Il ne savait pas que c’étaient des prisonnières.
    – Ce ne sont pas des professionnelles, Jean. Le Français l’appelait toujours Jean). Ces femmes sont des esclaves et font un effort désespéré pour reconquérir leur liberté. Ce sont des

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