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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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qu’il n’y avait aucune urgence. En effet, les factieux relâchèrent peu à peu leur vigilance et le ton remonta. Les bribes qu’on pouvait capter alors confirmaient qu’ils fomentaient une action de grande ampleur.
    Le borgne en profita pour reparaître avec un pichet et une assiette de fromage. Il rafla les récipients vides, passa un rapide et insistant coup de chiffon humide sur la table. Il ne s’appesantit pas mais dut glaner quelques renseignements. La conversation en demi-teinte reprit. La Normandie et la côte furent évoquées, puis une « figure de proue » et une « constitution » rédigée par un « savant ». Affinius, à coup sûr ! Il ne fallait donc pas se relâcher et prier Lebayle de rentrer à bride abattue afin d’en référer à monsieur de La Reynie.
    La Tréaumont n’insista pas. Il vida d’un trait son gobelet, enfourna quelques bouchées qu’il poussa avec une nouvelle lampée, puis leva le camp. Pistol et du Cauzé se replièrent par la même issue, le même itinéraire qu’à l’aller. Ils n’en glaneraient pas davantage.
    1 - Guillaume-Egon de Fürstenberg (1629-1704). Emprisonné par ordre de Léopold I er , il fut libéré à la paix de Nimègue. En récompense de ses services, Louis XIV le couronna évêque de Strasbourg en 1682.

    2 - Adapté des mémoires de Jean-Charles du Cauzé.

XXX
    — M ONSIEUR LE GOUVERNEUR, il y a là un cavalier accablé qui demande à voir d’urgence le commissaire Lebayle, concernant une « affaire d’importance », a-t-il précisé.
    — Il ne vous a pas dit son nom ?
    — Il a ajouté qu’il était au service du marquis de Vauban.
    — Pistol ! s’exclama Géraud. C’est un de mes précieux adjoints.
    — Introduisez-le, Christian… Y aurait-il du nouveau ?
    — Il ne se serait pas déplacé par ces rigueurs si ce n’était capital.
    Les deux hommes abandonnèrent la rédaction des comptes rendus destinés aux ministres et la coordination des directives pour la suite des opérations de surveillance des territoires et du littoral.
    Le duc de Roquelaure était chargé de garder les côtes de Normandie sous les ordres de monsieur de Beuvron, lieutenant de la province ; celles d’Aunis et de Bretagne confiées aux ducs de Chaulnes et de Navailles.
    Ne disposant pas de troupes propres, ils avaient donc autorité pour convoquer l’arrière-ban de la noblesse du pays, ce qu’ils organisaient en toute discrétion pour le printemps sans inquiéter autant que faire se pouvait « l’Union des gentilshommes de France ».
    Pistol se présenta, tout auréolé de froidure et de fatigue, salua monsieur de Saint-Aignan, puis son ami. Il était évident qu’il avait chevauché sans relâche afin de rallier Le Havre dans les délais les plus brefs.
    — Le dauphin part chasser le loup demain à l’aube ! déclara-t-il d’emblée.
    Il détailla ensuite l’information relayée par les offices de Vauban dont il savait se servir. Ce dernier étant auprès de Sa Majesté, Pistol ne connaissait aucune autorité capable de prêter une oreille attentive à un anonyme tel que lui et, de guerre lasse, s’était résolu à alerter le commissaire. Le jeune Louis avait profité d’une nouvelle absence de son royal père pour se lancer seul à l’aventure. On voyait approximativement sa destination, on devinait son itinéraire. Il était attendu dans la forêt des Andelys au lieu-dit « la Falaise » où une meute importante de leus avait été signalée. Les ruines d’un théâtre antique étaient le point de ralliement le plus souvent fréquenté. Il était logique de penser qu’il irait de ce côté-là. Il fallait partir de ces bases et agir sur l’heure. Tandis que monsieur de Saint-Aignan battait le rappel de ses effectifs pour espérer intervenir à temps, Géraud se rendrait sur place avec deux guides de confiance qui connaissait la région. Il laissa Pistol se reposer. Celui-ci le rejoindrait avec le second groupe s’il s’en sentait la force. Les distances furent estimées à vingt-neuf lieues entre Le Havre et les Andelys et vingt-trois depuis la capitale. Six lieues en leur défaveur, ils devraient galoper à la limite permanente de l’accident. Mais ils n’avaient pas le choix. Il fallait espérer que le dauphin adopterait un « train de sénateur », ce qui n’était pas garanti, considérant la fougue du jeune prince. On n’avait aucun moyen de le ralentir.
    De plus, émergeait un autre écueil, de

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