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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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n’en est pas à son coup d’essai et se montre dans le déduit un professeur émérite… Je vais saluer ma vieille complice, et lui promettre un prompt retour. Tu sauras où me joindre.
    — N’abuse pas de la situation pour concurrencer Jean-Charles !
    — N’aie aucune crainte, je ne suis pas affamé au point de courser les ancêtres, s’esclaffa Pistol.
    — Je vais activer mes réseaux et tâcher de savoir à la solde de qui ils se sont mis.
    Sur une virile embrassade, ils se séparèrent.

XXIV
    — P OURQUOI ATTENDRE DEMAIN, puisque vous êtes ici ?... Je vous confie volontiers votre Gautier qui mérite de profiter de ses familiers et d’une bouffée du bon vent de la liberté.
    Marianne, aimable et séductrice, avait introduit Lebayle. Affinius, vêtu de son éternelle tunique noire et de sa toque à l’identique, l’avait accueilli à bras ouverts, mine réjouie comme s’il revoyait un ami de jeunesse.
    — Je ne voulais pas abuser…, s’excusa Géraud pris de court.
    Le bonhomme tangua vers lui, le crocheta par le bras, faute d’atteindre l’épaule à cause de son embonpoint et de sa courte taille. Il le conduisit aussitôt vers son cabinet privé où il lui désigna un vaste fauteuil en bois rembourré tandis qu’il se calait dans le second, ceux-là même où les visiteurs nocturnes avaient dû s’asseoir. Trois des murs de la pièce disparaissaient derrière deux grandes bibliothèques, des rayonnages et des piles d’ouvrages qui n’y avaient pas trouvé place. La table de travail était aussi surchargée de documents et d’instruments étranges. Dans un angle, un imposant coffre en bois gainé de cuir restait entrebâillé tel un bénitier géant. La jeune conquête de Jean-Charles les rejoignit avec des boissons.
    — Vous ne me refuserez pas un verre de Chinon, en attendant l’arrivée de notre brillant étudiant, qui ne saurait tarder ; vous vous faites si rare chez nous.
    — Hélas ! je suis très souvent en voyage.
    — Je ne l’ignore pas ; Gautier m’a dit que vous officiiez dans le commerce.
    Le terrain était dangereux. Marianne leur servit un vin doré et parfumé, puis s’éclipsa.
    — C’est exact, improvisa le commissaire, ignorant ce que Lisa avait pu broder, sans doute questionnée avec habileté. Mieux valait s’abstenir de toute relance hasardeuse.
    — Le chanvre, n’est-ce pas ?
    Affinius leva son verre, sourit et aspira goulûment de ses lèvres épaisses une longue gorgée comme tète un nourrisson. Géraud goûta à son tour le doux breuvage, se ménageant ainsi un temps de réflexion. Lisa avait habilement utilisé ce qu’elle connaissait du passé de son protecteur et de leur expérience commune de manière à ne pas allumer la contradiction.
    — Mes parents sont intendants d’une importante chènevière. J’assure la vente et le transport du chanvre.
    — Cela vous laissera quelques libertés les mois d’hiver, je présume. Je pense à votre garçon qui se languit les dimanches quand la plupart de ses camarades partent en famille.
    — Je serai un peu moins absent, mais si j’ai fait appel à vos services, ce n’est pas uniquement à cause de la notoriété de votre établissement. Il me faut compléter nos modestes revenus par une seconde activité. Un oncle œuvre dans le négoce des tissus et des épices avec les Indes. Depuis une mauvaise chute récente, il ne peut plus guère se déplacer. Je le seconde et me rends régulièrement au Havre pour réceptionner les marchandises.
    Ainsi, Géraud justifiait sa présence en Normandie, au cas où il aurait été remarqué auprès de la marquise de Villars ou du gouverneur de Saint-Aignan. Désormais, il devait se méfier de tous et en particulier du vieux philosophe matois qu’il ne parvenait pas encore à considérer comme un adversaire, tant il se montrait convivial, chaleureux et spontané.
    Affinius proposa la carafe à son invité et referma cette parenthèse :
    — Parlons de Gautier, si vous m’y autorisez. Il y avait de nombreuses années que je n’avais pressenti chez un enfant un tel potentiel d’intelligence, et je suis ravi que vous m’ayez confié la noble tâche de le révéler à lui-même et à tous. Il déploiera, je vous le prédis, sans flagornerie ni basse flatterie, un esprit assez brillant qui aurait mérité d’être labouré et ensemencé dès son plus jeune âge ; toutefois, nous sommes à même de combler rapidement ses lacunes et de

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