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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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d'assurer à Alexandre que « si la fatalité
voulait que les deux plus grandes puissances de la terre se battent
pour des peccadilles de demoiselle, il ferait la guerre en galant
chevalier, sans aucune haine, sans nulle animosité, et, si les
circonstances le permettaient, il lui offrirait même de
déjeuner ensemble aux avant-postes ». L'Empereur
espère que l'on pourra s'entendre « et se dispenser
de verser le sang d'une centaine de mille braves parce que,
ajoute-t-il, nous ne sommes pas d'accord sur la couleur d'un
ruban... ».

    Le tsar, avec
quelque raison, considère la mainmise sur le duché
d'Oldenbourg – grief majeur – comme un peu plus
importante qu'un « ruban » ou une « peccadille
de demoiselle » !

    On n'en continue
pas moins à parlementer.

    – Croyez-vous
que nous aurons la guerre ? demande le roi de Bavière au futur
maréchal de Bourmont.

    – Je n'en
sais rien, Sire, mais quand je vois tant de négociations en
route, je doute que l'on puisse s'entendre !

    – En effet,
soupire le roi, quatre cent mille négociateurs s'entendent
difficilement.

    Alexandre
Tchernitchev, aide de camp du tsar venu en France, avait ébloui
Napoléon par sa performance : pour apporter à
l'Empereur une lettre de son maître, il avait effectué
le trajet de Saint-Pétersbourg à Bayonne en seize jours
! Le tsar se servait d'ailleurs du personnage comme d'un agent
secret. Napoléon ne l'ignore pas et fait devant celui que l'on
baptise le « postillon », une allusion à
sa mission secrète. Aussi Tchernitchev décide-t-il de
regagner Saint-Pétersbourg. Avant de quitter Paris, le Russe a
brûlé tous ses papiers. Aussitôt le
pseudo-diplomate-espion parti, la police vient fouiller sa demeure et
découvre sous un tapis ce billet : « Vous serez
surpris demain de ce que je vous donne... Il est 10 heures, et je
quitte ma plume pour avoir la situation de la Grande Armée
d'Allemagne... Il se forme un quatrième corps qui est tout
connu, mais que nous sommes empêché de vous donner en
détail. La Garde impériale fera partie intégrante
de la Grande Armée... »

    Le billet est
signé M. Ce mystérieux M s'appelle Michel, est employé
à l'administration de la Guerre et a une fort mauvaise
réputation, car il se trouve continuellement entre deux vins.
C'est chez le concierge de l'Ambassadeur, un certain Westinger, que
ledit Michel venait apporter ses documents destinés à
Tchernitchev. On arrête le concierge
et, bien entendu, Michel. À la suite d'un procès de
haute trahison, l'espion est condamné à mort et, le 1er
mai monte à l'échafaud. Quand à Westinger, on le
garde en prison, et l'ambassadeur Kourakine, qui ignore tout de
l'affaire, réclame à grands cris son concierge...

    Pendant ce temps,
les estafettes galopent à travers l'Europe : des ordres
s'amoncellent et la gigantesque Grande Armée s'organise.
Régiments sur régiments « s'entassent ».
Napoléon ordonne des réserves d'habillements d'une
ampleur encore jamais entreprise. Tous les uniformes, le linge et les
chaussures devront être fournis en double. Il commande même
des millions de bouteilles de vin et deux millions de litres
d'eau-de-vie.

    200 000 hommes
demeureront en Allemagne et dans le grand-duché de Varsovie,
tandis que neuf corps d'armée comptant près de 400 000
hommes marchent déjà vers la frontière russe.
Ils sont français, hollandais, belges, allemands, italiens,
illyriens, danois. Plus les alliés forcés : 20 000
Prussiens et 34 000 Autrichiens – sans parler d'un régiment
espagnol fourni par don José Primero...

    Bien des soldats,
qui se dirigeront ainsi vers le Niémen, ignorent absolument
vers quel but on les conduit. Pour l'un d'entre eux, on va se battre
« contre le roi des Turcs », tandis qu'un autre
précise : « L'Empereur des Français veut que
l'empereur de Russie lui donne le passage libre dans les Saingues pour empêcher le commerce avec les Anglais. »

    – Mon
absence sera immense, annonce l'Empereur.

    Les bals se
succèdent à Saint-cloud et aux Tuileries malgré
les embarras de l'heure présente. Ces difficultés,
cette paix qui le fuit, ce double jeu mené par Alexandre –
ce Grec du Bas-Empire, comme le fustige maintenant l'Empereur –
rendent Napoléon soucieux et si absorbé que toute la
Cour le voit un soir s'arrêter au centre d'un salon croiser les
bras, et regarder fixement le parquet à six pieds devant lui.
Les rois alors à Paris, les princes,

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