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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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halte
qui, on le verra, aura des conséquences fatales.

    *****

    Le mercredi 1er
juillet, Napoléon, qui s'est installé à
l'archevêché, se décide enfin à recevoir
Balachov. Il l'accueille dans le cabinet qu'Alexandre avait occupé
lui-même quelques jours auparavant.

    – Je suis
bien aise de faire votre connaissance, lui dit Napoléon. J'ai
entendu dire du bien de vous. Je sais que vous êtes attaché
sérieusement à l'empereur Alexandre, que vous êtes
de ses amis dévoués. Je veux vous parler avec franchise
et je vous charge de rapporter fidèlement mes paroles à
votre souverain... Je regret que l'empereur Alexandre soit entouré
de si mauvais conseillers. Qu'attend-il de cette guerre ? Je me suis
déjà emparé d'une de ses plus belles provinces,
sans tirer un coup de canon et sans savoir, pas plus que lui,
pourquoi nous allons nous battre.

    L'envoyé
d'Alexandre précise qu'il n'est point venu proposer à
l'Empereur l'ouverture de négociations. Son maître le
lui a interdit en ces termes :

    – Tant qu'un
soldat restera en armes sur le territoire russe, j'en prends
l'engagement, je ne prononcerai ni n'écouterai aucune parole
de paix.

    Puisqu'il n'y a
aucune tractation possible, Napoléon marche d'un mur à
l'autre de la pièce, tout en entraînant le général
russe dans sa « promenade » :

    – Mon Dieu,
déclare-t-il, que veut l'empereur Alexandre ? Après
deux guerres en somme malheureuses, il obtient la Finlande, la
Moldavie, la Valachie, Bielostok et Tarnopol et il n'est pas encore
satisfait ! Ce n'est pas cette guerre qui me fait lui en vouloir. Une
guerre est pour moi un triomphe de plus... Dites à l'empereur
Alexandre que s'entourer de mes ennemis personnels signifie vouloir
m'infliger une offense personnelle, et que je la paierai de la même
monnaie. Je vais chasser d'Allemagne tous ses parents de Wurtemberg,
de Bade et de Weimar. Il peut leur préparer des quartiers en
Russie... La Russie n'a pas de bons généraux. Comment
peut-on mener des opérations par un Conseil ? Moi, au milieu
de la nuit, quand une bonne idée me passe par la tête,
dans un quart l'heure, l'ordre est donné et dans une
demi-heure il est mis à exécution par les
avant-postes...

    L'Empereur paraît
très excité. Un des carreaux de la pièce s'ouvre
à plusieurs reprises, poussé par le vent. Napoléon
l'arrache et le jette à l'extérieur avec violence.

    – Je sais
que la guerre entre la France et la Russie n'est une bagatelle ni
pour la France ni pour la Russie, poursuit-il. J'ai fait de grands
préparatifs et mes forces sont trois fois plus nombreuses que
les vôtres. Je sais aussi bien que vous, et peut-être
mieux que vous, le nombre de vos troupes. votre infanterie compte 120
000 hommes et votre cavalerie 60 à 70 000 hommes. En somme,
200 000 hommes. J'en ai trois fois autant !

    La retraite de
l'armée russe l'irrite :

    – N'avez-vous
pas honte ? Depuis Pierre 1er, depuis l'époque où la
Russie est une puissance européenne, jamais l'ennemi n'a
pénétré sur vos terres. Or, voici que j'ai
conquis sans combat toute une province. Vous auriez dû défendre
Vilna, fût-ce par respect pour votre Empereur qui a passé
deux mois à Vilna où il avait établi son
quartier général. Comment voulez-vous animer vos
troupes, ou plutôt où en est actuellement leur moral ?
Je sais ce qu'elles pensaient en commençant la campagne
d'Austerlitz, elles se croyaient invincibles. À présent,
elles savent d'avance qu'elles seront vaincues par mes armées.

    Balachov essaye de
glisser un mot :

    – Puisque
Votre Majesté me permet d'aborder ce sujet, j'ose prédire
avec fermeté que vous entreprenez, Sire, une campagne
effroyable. Ce sera la guerre de toute une nation qui représente
une masse redoutable. Le soldat russe est brave et le peuple est
attaché à sa patrie.

    Napoléon
hausse les épaules.

    – J'apprends,
reprend-il, que l'empereur Alexandre va se mettre lui-même à
la tête de ses armées. Pour quoi faire ? Il ne fera
qu'endosser la responsabilité de la défaite ! La
guerre, c'est mon métier ; j'y suis habitué. Ce n'est
pas la même chose pour lui. Il est empereur par sa naissance,
il n'a qu'à régner et désigner un général
commandant en chef. Si ce dernier réussit, on peut le
récompenser, s'il fait mal, il faut le punir, le casser. Il
vaut mieux que le général en chef, et non l'Empereur,
soit responsable vis-à-vis du peuple, il ne faut pas oublier
que les empereurs portent eux

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