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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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te
traverse tout droit le corps !
    – Ce n’est pas ça, mon père.
    Le gamin eut l’air embarrassé. Il s’était débarbouille
mais n’avait réussi qu’à repousser la crasse autour de ses oreilles.
    – Est-ce un péché de roter dans une église ?
    – Pourquoi, Crim ?
    – Parce que je l’ai fait pendant la cérémonie. Ma
mère a préparé un ragoût hier soir…
    – Ce n’est pas un péché, répondit le prêtre en
lui caressant la tête. N’oublie jamais, Crim, que le péché est volontaire. Il y
faut l’intention de mal faire ou de manquer de respect. Mais Dieu a pitié d’un
estomac qui gargouille. Tu vas bien à présent ?
    – Ça ira mieux sous peu.
    Et l’enfant franchit en hâte la porte latérale en
direction des latrines installées près de l’église.
    Athelstan regagna le chœur. Il vérifia que tout était
en ordre et descendit la nef. La plupart de ses ouailles étaient assemblées
sous le porche. La femme de Watkin et celle de Pike avaient monté une table sur
tréteaux et s’affairaient à vendre de la bière – pour le compte de l’église – tirée
des tonnelets et tonneaux placés sur des escabeaux. Athelstan se demanda quelle
part de cet argent aboutirait dans les coffres de la paroisse. Mais il était
résigné à ces pertes. Ses paroissiens n’étaient pas des voleurs, seulement des
miséreux et, comme il l’avait fait observer à Sir John, il est facile d’être
vertueux quand on n’est pas tenté.
    – Bonjour ! le saluèrent-ils en levant tous
leurs chopes de cuir cabossées.
    – Belle journée, mon père, ajouta Pernel la
Flamande.
    Athelstan acquiesça : il était allé se promener
avant la messe. Laissant Godbless et Thaddée dans le cimetière, il s’était
assuré que Philomel ne manquait de rien. Le vieux destrier ne semblait pas
sentir le poids des ans et mangeait comme quatre. Le dominicain se dirigea vers
la porte de l’église. Ses paroissiens s’étaient assis sur les marches pour
profiter du soleil. Les enfants couraient de-ci de-là, les chiens jappaient. L’énorme
truie d’Ursula la porchère arriva en grognant, hure tendue vers Ranulf le tueur
de rats qui avait déposé un sac de pommes entre ses jambes. Il les attrapait et
les distribuait à sa nichée d’enfants tous vêtus de même : petits
justaucorps noirs à capuchon et capuces comme leur père. Le prêtre rentra dans
l’église où une petite foule entourait à présent Godbless.
    – Il y a des fantômes dans le cimetière, déclara
Watkin à voix haute.
    – Ah oui ! ironisa Athelstan en jetant un
regard menaçant à Cecily qui peignait, des doigts, ses longs cheveux blonds et
qui lui répondit, la coquine, par un air innocent. Qui se trouvait au cimetière
hier soir ?
    Sa question déclencha un chœur de « Pas moi, mon
père ! ».
    – En tout cas, il y avait quelqu’un ! Godbless
a bien ouï quelque chose.
    Il interrogea le mendiant auprès duquel Thaddée se
dressait avec fierté.
    – Qu’as-tu vu exactement, Godbless ?
    – Des formes et des silhouettes au clair de lune,
répliqua ce dernier d’un ton lugubre, l’air inquiet. Je ne veux point causer d’ennui,
mais je sais ce que j’ai aperçu.
    Athelstan s’excusa et sortit. Le silence du cimetière
n’était troublé que par le bourdonnement des abeilles et une multitude de
papillons qui voletaient comme de petits anges sur l’herbe verte. L’endroit
était paisible et serein avec ses stèles qui s’effritaient et ses croix de bois
qui se décomposaient.
    Le dominicain suivit, le sentier qui menait au
dépositaire, qu’il inspecta. Sans nul doute, Godbless y avait pris ses aises. À
vrai dire, le lieu n’avait jamais été si propre et si accueillant. Il referma l’huis
et jeta un coup d’œil sur le tas de terre au bord du fossé que Watkin et Pike
creusaient le long du mur. Il s’approcha. La terre, cuisant sous le soleil d’été,
était sèche et poudreuse. Athelstan examina la tranchée. Elle avait environ
trois ou quatre pieds de profondeur et il n’y vit rien d’étrange. Il fit le
tour du cimetière mais ne découvrit qu’un ruban rose passé qu’il ramassa en
souriant.
    – Vous cachez-vous, mon frère ?
    Athelstan sursauta. Sir John et Sir Maurice se
tenaient près de l’église.
    – Que Dieu nous protège, murmura le dominicain, c’est
signe d’ennuis !
    Le coroner ne le dérangeait jamais le dimanche. D’habitude,
c’était plutôt Moleskin qui

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