La chance du diable
Chine.
— Et que, de surcroît, le monde entier a besoin de coopération économique pour mettre de l’ordre dans ses finances, assurer l’emploi et restaurer les bases de la prospérité.
L’Allemagne doit rétablir la justice et la dignité chez elle. Elle le doit à son honneur et aux autres. Elle ne peut recouvrer sa santé spirituelle que si elle châtie elle- même ceux qui ont attenté à la loi, ainsi que les atteintes au droit international. Il est donc urgent de mettre en garde contre toute idée de laisser à une tierce partie ou à une cour internationale le soin d’administrer ce châtiment. Même les Allemands qui haïssent et méprisent les atteintes au renom de l’Allemagne perpétrées par des Allemands, et qui sont disposés à prononcer les peines justes – ou plutôt, précisément ces Allemands-là – rejetteront obstinément toute participation d’un tiers à l’administration de ces peines. Les sentiments des populations victimisées sont parfaitement compréhensibles à ces Allemands, au vu des crimes monstrueux, uniques dans l’histoire, que Hitler et ses hommes de main ont commis. Mais la raison et une responsabilité envers l’avenir exigent de faire échec à ces sentiments. Libre à tout le monde, bien entendu, et à tout gouvernement de porter une accusation contre des criminels allemands, et le plaignant sera informé des mesures qui seront prises en conséquence. Il ne saurait y avoir non plus la moindre objection à la présence d’un représentant officiel de la nation victimisée au cours du procès public. De surcroît, la nature publique de ces procès sera garantie, assurant ainsi l’occasion d’en vérifier la sincérité. Après le malheur terrible dans lequel Hitler a plongé le peuple allemand, il ne fait pas de doute que les cours allemandes seront plus enclines à la sévérité qu’à la clémence.
L’importance d’une Allemagne suffisamment forte procède encore une fois de la nécessité de défendre au moins le Reich allemand contre la pression permanente de la gigantesque puissance russe. Cela implique à son tour la nécessité de préserver l’existence territoriale de l’Allemagne qui s’est révélée raisonnable et nécessaire tout au long de l’histoire.
Tout plan de partage de l’Allemagne créera un regain de tension en Allemagne et donc en Europe. Après tout, l’Allemagne se situe au cœur du Continent. S’agissant des frontières de l’Allemagne, voici ce qui est envisagé :
À l’est, à peu près les frontières du Reich en 1914.
Au sud : la frontière reconnue lors de la conférence de Munich de 1938, y compris l’Autriche ; de plus le Sud-Tyrol, région purement allemande, devrait revenir à l’Allemagne jusqu’à la frontière de Bozen-Meran. La domination italienne n’y a créé que rancœur et arriération.
À l’ouest : la question de l’Alsace-Lorraine est très difficile à résoudre. Le calme ne reviendra jamais si l’Alsace-Lorraine, sous son ancienne forme, est accordée à l’Allemagne ou à la France. Il existe deux autres possibilités :
— L’Alsace-Lorraine peut devenir un pays autonome, peut-être en s’inspirant de la Suisse.
— Ou une commission neutre peut déterminer la frontière linguistique telle qu’elle existait en 1918 et en 1938. La frontière franco-allemande passerait alors entre ces deux lignes. Dans ce second cas, l’Allemagne accorderait une très large autonomie à l’Alsace- Lorraine. Cette concession repose autant sur les circonstances actuelles que sur nos convictions et nos objectifs.
Au nord : la frontière avec le Danemark devrait être déterminée de la même façon qu’à l’ouest.
En tout état de cause, les frontières internes de l’Europe joueront un rôle toujours moins important au sein de la fédération européenne vers laquelle nous devons aller.
Cette communauté territoriale du Reich allemand présuppose une entente avec la Pologne. Pour autant qu’on en puisse juger aujourd’hui, la pérennité de la Pologne suppose que le front allemand à l’est maintienne la frontière orientale de la Pologne en 1938. Si le front s’effondre, la Pologne est perdue au profit de la Russie. Nous comprenons fort bien l’indignation et l’amertume du peuple polonais après tout ce qui est arrivé. Nous éprouverions la même chose. Mais là encore la responsabilité envers l’avenir exige qu’on empêche ces sentiments de
Weitere Kostenlose Bücher