La chance du diable
les fondements du droit et de l’ordre des choses pacifique désiré. Chacun coopère en toute responsabilité dans tous les domaines – social, politique et international – de la vie. Le droit au travail et le droit de propriété sont placés sous la protection de l’État, sans considération de race, de nationalité ou de croyances.
— La famille est l’unité de base d’une vie collective paisible. Elle est sous la protection de l’État, qui pourvoira, de même qu’à l’éducation, aux biens tangibles de la vie : vivres, habillement, toit, jardin et santé.
— Le travail doit être organisé de telle façon que, loin d’étouffer la responsabilité personnelle, il en favorise l’épanouissement. Outre la réunion des conditions matérielles du travail et l’amélioration de la formation professionnelle, cela suppose une coresponsabilité effective de chacun dans l’entreprise et, au-delà, dans les relations économiques générales auxquelles son travail concourt. Ainsi peut-il coopérer à la création d’un ordre de vie sain et durable, qui permettra à l’individu, à sa famille et aux communautés de trouver leur accomplissement organique au sein de sphères d’activités économiques équilibrées. L’ordre économique doit veiller à la satisfaction de ces impératifs élémentaires.
— La responsabilité politique personnelle de chacun exige sa participation codéterminante à l’auto-administration des petites communautés à taille humaine qu’il convient de rétablir. Fermement enracinée en elles, sa codétermination dans l’État et la communauté dans son ensemble doit être assurée par des représentants élus ; aussi faut-il nourrir en lui la conviction vivante de sa coresponsabilité dans les événements politiques en général.
— La responsabilité et la fidélité spéciales que chaque individu doit à son origine nationale, à sa langue, à la tradition spirituelle et historique de son peuple doivent être respectées et protégées. Toutefois, il ne doit pas en être abusé à des fins d’accumulation du pouvoir politique, d’abaissement, de persécution et d’élimination de populations étrangères. Le développement libre et pacifique de la culture nationale ne saurait plus aller de pair avec la souveraineté absolue d’un État donné. La paix exige la création d’un ordre qui englobe les différents États. Dès que le libre consentement de tous les peuples concernés est garanti, les partisans de cet ordre doivent aussi avoir le droit d’exiger de chaque individu obéissance, respect et, si nécessaire, de risquer sa vie et ses biens pour la plus haute autorité de la communauté des peuples.
3 Cari Gœrdeler,
Plan de paix, fin de l’été-automne 1943
Extraits de diverses déclarations programmatiques de Gœrdeler (1886-1945), chef de file de la résistance civile conservatrice, visant au rétablissement d’une vie politique fondée sur le droit et les valeurs morales. Dans ce mémoire, Gœrdeler plaide pour une Allemagne forte conçue comme un rempart contre la puissance de la Russie.
Nous partons de ces prémisses :
— Que l’Allemagne doit être moralement et matériellement forte dans l’intérêt du peuple allemand, des peuples de l’Europe et de la paix du monde.
— Qu’entre l’Angleterre et la Russie il existe des conflits d’intérêts, de l’Asie de l’Est à la Méditerranée, et de la Méditerranée à l’Atlantique Nord, qui reposent sur les circonstances.
— Que l’Europe a besoin de sécurité contre la force supérieure de la Russie.
— Qu’à l’heure actuelle cette sécurité ne peut être garantie durablement que par l’Angleterre ou l’Allemagne.
— Qu’il est douteux que l’Amérique puisse rendre disponibles des forces permanentes pour assurer cette sécurité.
— Qu’il est donc raisonnable et nécessaire de mettre en œuvre entre l’Angleterre et l’Allemagne la communauté naturelle d’intérêts satisfaisant à tous ces préalables.
— Que cette mise en œuvre ne saurait être possible que si tous les peuples européens se rassemblent dans une ligue éternelle de paix dans la liberté et l’indépendance, sans que ni l’Allemagne ni aucune autre puissance ne prétendent à la suprématie.
— Qu’aucune nation blanche ne saurait aider le Japon dans son expansion aux dépens d’autres nations blanches ou de la
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