La chance du diable
pression inférieure de la détonation s’est propagée par les cavités sous le sol à tous les baraquements et a causé des dégâts mineurs à la structure de brique et de ciment des bâtiments, en particulier du fait d’une déformation vers le haut du sol. L’onde de pression supérieure a largement détruit la salle de conférence et a trouvé une issue par la fenêtre et la porte ainsi que par une cloison. Le passage au crible des gravats a permis de découvrir d’infimes fragments de cuir et de métal, manifestement d’une serviette ; de morceaux de tôle et de deux ressorts à compression de percuteurs de fusée à retardement chimicomécanique anglaise ; ainsi qu’une partie de tenailles en fer plates. D’autres matériaux découverts n’ont pas de lien évident avec les explosifs.
Sur la route conduisant de la sortie sud à l’aéroport, une unité de recherche technique a découvert : une masse d’explosifs de 975 grammes, avec deux chambres d’amorçage de 20 grammes chacune et un percuteur de fusée à retardement chimicomécanique anglaise, lié à une amorce de détonateur anglais et réglé sur un retard de trente minutes. L’explosif était enveloppé dans du papier d’emballage marron.
Rapport médical : blessures et contusions exclusivement attribuées à l’effet de souffle. De plus, blessures considérables. Dans plusieurs blessures, des fragments de bois, de paille et, vraisemblablement, de cuir déchiqueté. Des photographies aux rayons X ne révèlent que deux petits éclats de métal, vraisemblablement de la fermeture d’une serviette.
IV
Des témoins ont reconnu dans les fragments de cuir découverts des restes de la serviette de Stauffenberg. De petits bouts d’igniteurs découverts sur le lieu de l’explosion viennent de deux igniteurs du même type que les deux percuteurs de fusée à retardement chimicomécanique anglaise retrouvés sur la route. Comme deux ressorts à compression de ce type de fusée à retardement ont été retrouvés sur les lieux de l’explosion, la charge explosive devait contenir deux igniteurs de ce type. L’explosif employé pour l’attentat était donc vraisemblablement à tous égards de même nature que celui qui a été retrouvé. D’après le rapport de l’expert en explosifs, l’ampleur des dégâts à l’endroit de l’explosion correspond au pouvoir potentiel de l’explosif qui a été découvert.
Le chauffeur qui a conduit Stauffenberg à l’aéroport l’a vu jeter un objet par la fenêtre dans le coin de la découverte, et le chauffeur a fait une déclaration écrite sous serment. La complicité de Stauffenberg a donc été objectivement établie.
V
En qualité de chef d’état-major relevant du colonel général Fromm, Stauffenberg a participé à diverses reprises aux briefings du QG du Führer. La situation locale lui était donc connue. Il a atterri à l’aéroport de Rastenburg le 20 juillet 1944 à 10 h 15. Le général de division Stieff, chef du département organisation du haut commandement de l’armée de terre, et le lieutenant von Haeften, aide de camp de Stauffenberg, sont arrivés en même temps. Stauffenberg s’est rendu directement à la Wolfsschanze , Stieff aux quartiers du haut- commandement de l’armée de terre, von Haeften d’abord avec Stieff est allé plus tard retrouver Stauffenberg à la Wolfsschanze.
Stauffenberg a pris un petit déjeuner au mess des officiers avec le commandant, avant d’être appelé à la discussion prévue avec le général Buhle. Le général von Thadden, chef d’état-major au commandement du district militaire 1, Königsberg, a également participé à la réunion.
Après quoi Buhle, von Thadden et Stauffenberg se sont rendus à une conférence avec le feld-maréchal Keitel.
Pendant tout ce temps, Stauffenberg a gardé sa serviette avec lui. Quand toutes les personnes mentionnées ont été prêtes à quitter le bunker de Keitel pour le briefing à 12 h 30, Stauffenberg s’est éclipsé un moment avec sa serviette dans la pièce à côté, si bien que les autres messieurs ont dû l’attendre. Vraisemblablement il en a profité pour enfoncer les fusées à retardement, sans doute en s’aidant des tenailles ; étant privé de sa main droite et de deux doigts à la main gauche, il lui eût été difficile d’enfoncer les fusées à retardement sans un tel outil. Dans la salle de conférence, il a été indiqué au
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