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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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pourrait y
     avoir un arrangement possible entre nous deux.
    — Mais t’en parles comme d’une affaire à régler !
    — Y est temps que j’me marie, vous trouvez pas, son père ? J’pensais commencer
     mes fréquentations betôt.
    — Si c’est c’que tu veux, François-Xavier, j’t’ai déjà dit que j’me mêlerais
     pas de tes amours… La p’tite Larouche semble être une bonne fille, fais comme tu
     veux.
    — Y a d’autre chose que j’voulais vous dire.
    — Vas-y mon fils, c’est le matin des nouvelles d’abord.
    — En vue de mon mariage, j’ai décidé de construire une maison pour ma future
     famille.
    — Celle qu’on a est habitable en masse ! s’objecta Ernest.
    — Non, son père, j’veux quelque chose de grand, de neuf pis qui serait plus
     proche de la fromagerie.
    — C’est vrai qu’on a fait la fabrique loin de la maison, c’est pas ben
     pratique, mais pour le transport du lait pis du fromage c’était le meilleur
     emplacement.
    — Oui, pis c’est pour ça que j’la construirais juste à côté d’icitte, su’a
     grosse butte qu’y a en face du lac.
    — C’est pas une mauvaise idée, mon fils. Comme ça, j’pourrais habiter l’autre
     pis te laisser tranquille, toé pis ta nouvelle femme. Quand on est nouveaux
     mariés, c’est pas plaisant d’avoir à endurer un vieux malcommode comme moé à
     côté de la chambre nuptiale.
    — C’est hors de question ! J’va toujours vous garder avec moé, marié ou
     pas !
    Affectueusement, le fils mit la main sur l’épaule de son père.
    — Non, l’autre maison, continua François-Xavier, on va la vendre avec la terre,
     du moment qu’on sera prêts à rentrer dans la neuve. Avec la fromagerie, on va
     avoir assez d’ouvrage sur les bras, on réussirapas à entretenir
     les deux. Si vous êtes d’accord, comme de raison, se reprit François-Xavier en
     s’apercevant de l’autorité dont il avait fait preuve.
    — Ça me dérange pas, mon fils, tu fais à ta tête.
    Ernest soupira. Tout lui était rendu indifférent. Même la fromagerie ne
     réussissait pas à lui redonner la joie de vivre, Léonie était partie avec elle.
     Ernest se sentait vieux. À cinquante-six ans, il se demandait bien pour quoi et
     pour qui il aurait continué à se démener.
    — J’vous demanderais juste une dernière chose, que vous me laissiez faire à mon
     goût.
    — De quoi tu parles, de la nouvelle maison ?
    — Oui, j’ai dessiné un plan…
    — Mais oui, de toute façon, tout ça est à toé maintenant. Moé, chus rendu trop
     vieux. Quand penses-tu entreprendre la charpente ?
    — J’aimerais m’y mettre tusuite pour essayer d’avoir bâti le plus gros des
     travaux avant les neiges.
    — Fais à ta tête, mon gars, c’est pas moé qui va parler. J’va juste t’aider du
     mieux que j’peux.
    — Merci. C’est ben important pour moé. Venez, on va vérifier si les moules à
     fromage sont cordés pis en ordre.
    Ernest tint parole. Il laissa aller son fils dans ses projets. Même s’il était
     évident que François-Xavier n’était pas heureux avec Eugénie Larouche, il le
     laissa la courtiser. À la fromagerie, les trois étagères doubles de la chambre à
     maturation étaient pleines à craquer de beaux gros fromages ronds qui se
     reposaient et la nouvelle maison s’élevait à une vitesse incroyable. Là non
     plus, Ernest ne fit aucune remarque, ni quand il s’aperçut des dimensions
     gigantesques de la future demeure ni quand il réalisa que la drôle de forme qui
     émergeait du toit serait une sorte de tourelle. De cette tour, on pourrait
     admirer le lac en entier. Pour y accéder, son fils avait prévu un escalier
     intérieur en colimaçon.Pourquoi son garçon avait pensé à ce
     plan extravagant, Ernest n’en avait pas la moindre idée, mais une chose était
     certaine, c’était que ce serait la plus belle maison de tout le comté. Elle
     serait magnifique !

    L’hiver arriva et on dut cesser de construire et la fromagerie ferma jusqu’au
     printemps. Une fois par semaine, François-Xavier allait faire son soir chez les
     Larouche, comme convenu, du moins jusqu’à cette soirée du mois de décembre, un
     peu avant la Noël. Une belle neige folle était tombée toute la journée, le
     traîneau du jeune homme glissait doucement, en route vers la maison de sa
     promise. Plus tard, dans le salon des Larouche, endimanché, assis à côté
     d’Eugénie,

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