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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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rendrait au bourg et s’entretiendrait des tombes profanées avec le père Augustin avant de s’arrêter au couvent Sainte-Croix et de continuer sur Walsingham.
    Il trouva le prêtre occupé à préparer l’autel pour les messes d’enterrement de Marina et de la mère de Gilbert. Les deux cercueils reposaient sur des tréteaux devant le jubé. Le père Augustin taillait les cierges violets qui flanquaient les bières. Il posa son couteau en voyant le magistrat s’avancer dans la nef.
    — Sir Hugh, pas d’autres mauvaises nouvelles, j’espère ?
    Corbett le rassura d’un geste en demandant :
    — Où sont les villageois ? Le bourg est vide !
    Le prêtre lui fit signe de s’asseoir sur l’un des bancs du transept.
    — Mes paroissiens rattrapent le temps perdu. Tragédie ou pas, il faut labourer les champs. La terre, elle, n’attend pas.
    — Vous êtes né à Bishop’s Lynn, m’avez-vous dit. Vous n’appartenez donc pas à une famille de paysans ?
    — Non, mon père gagnait sa vie comme marchand. Mais allons, Sir Hugh, un personnage important tel que vous n’est pas venu pour me parler de mon passé.
    — En effet, mon père. Ce sont les sépultures profanées qui m’intriguent. Pourriez-vous me les montrer ?
    Le prêtre l’accompagna dans le cimetière, envahi de mauvaises herbes.
    — Mon prédécesseur, le père Ethelred, expliqua-t-il, était infirme et très âgé. C’est la raison pour laquelle l’évêque m’a nommé ici. Quand viendra le printemps, je nettoierai tout ça.
    Corbett regarda les pierres branlantes et les croix de bois endommagées par les intempéries – toutes avaient été récemment badigeonnées de poix.
    — C’est moi qui m’en suis chargé, signala le père Augustin. Le conseil paroissial s’inquiétait de voir le bois pourrir si rapidement. Les tombes profanées sont plus loin.
    Il fit traverser le cimetière à Corbett et indiqua un endroit où la terre humide avait été fraîchement remuée.
    — Voici la plus récente.
    — Qui y est enterré ?
    Le prêtre s’accroupit dans l’herbe mouillée et examina l’inscription sur la pierre érodée par le vent.
    — Ah oui ! Je me rappelle. Quand j’ai relu le registre des enterrements, je me suis aperçu que c’était la tombe d’un inconnu. La loi de l’Église est formelle : quand un inconnu vient à mourir, il doit être enterré dans la paroisse la plus proche avec la mention Incognitus, « Anonyme », et la date de son décès sur la pierre tombale.
    — Et les autres ?
    Le prêtre fit faire au clerc le tour de l’enclos sacré, en lui montrant les tombes profanées. Corbett comprit au bout d’un moment que ces actes sacrilèges obéissaient à une certaine logique : en effet, à l’exception de celles de deux vieilles femmes, toutes appartenaient à des inconnus, à des gens décédés entre les années 1216 et 1256.
    — Et vous n’avez aucune idée de l’identité du coupable ?
    — Pas la moindre, soupira le père Augustin. J’ai monté la garde ainsi que le bailli, Robert, et des membres du conseil paroissial. Cela se passe toujours de la même façon.
    — Quand les violations ont-elles eu lieu ? La nuit ?
    Le prêtre acquiesça.
    — Oui, à part une fois où cet acte sacrilège fut perpétré en fin d’après-midi. Dieu seul sait ce qu’ils cherchent !
    — Amelia Fourbour, la boulangère, vous a bien rendu visite, n’est-ce pas ? demanda brusquement Corbett.
    Son interlocuteur haussa les épaules.
    — En effet. Une femme très malheureuse, Corbett. Elle se plaignait des gens du village, mais je ne voyais guère quelle pièce y coudre.
    Il regarda le ciel couvert.
    — Je ne m’explique pas sa mort et – que le Seigneur me pardonne ! — j’ai été incapable de l’aider lorsqu’elle était en vie. Vous avez vu mes paroissiens, Sir Hugh, ils sont aussi durs que la terre qu’ils cultivent.
    Corbett en convint et le remercia avant de remonter à cheval à l’entrée du cimetière et de se diriger vers le couvent Sainte-Croix.
    Il suivit le sentier de la falaise, s’arrêtant de temps à autre pour contempler la mer houleuse et grise. Il aperçut enfin le prieuré. Dès qu’il en franchit le grand portail, il fut frappé par sa richesse : les portes, fraîchement repeintes, pivotaient silencieusement sur des gonds bien huilés, des tuiles couvraient les dépendances, les charpentes récentes brillaient et la cour était impeccablement pavée.

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