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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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brasserie. Ranulf huma l’air dès qu’ils entrèrent.
    — Ça sent le parfum. Assez fort et très semblable à celui de Lady Alice, j’en suis sûr.
    — C’est exact. Je l’ai respiré juste avant d’être assommé. Viens ! Je vais te montrer ce que j’ai trouvé.
    Il prit de la paille sèche et précéda Ranulf dans la cave. Il plaça la paille au pied du mur et enflamma de l’amadou. Quand la cave s’illumina, il n’en crut pas ses yeux : les gribouillis avaient disparu, passés à la flamme.
    — On s’est servi d’une torche, murmura Corbett. On a allumé une torche et noirci la surface du mur.
    Il désigna les endroits carbonisés et décrivit ce qu’il y avait vu.
    — Ce devait être diablement important, bafouilla Ranulf.
    Ils retournèrent dans la cour.
    — Imaginons... reprit Corbett en levant les yeux.
    Des goélands planaient en poussant des cris rauques, furieux d’avoir été dérangés.
    — Imaginons que nous ayons volé l’or. Où le cacherais-tu, Ranulf ?
    — Pas dans ce genre d’endroit, en tout cas !
    — Pourquoi ?
    — Un lieu accessible à n’importe qui n’est pas sûr. Tôt ou tard, il se trouve un petit malin ou un imbécile né sous une bonne étoile pour découvrir la cachette.
    — Mais l’enterrer sur la lande, enchaîna Corbett, est hasardeux : on peut être épié, sans compter le risque, toujours possible, d’oublier l’emplacement exact.
    Il remonta à cheval.
    — Bon, à présent, Ranulf, procédons à une autre sorte de fouilles ! Allons jouer les importuns auprès de la prieure !
    Au couvent Sainte-Croix, mère Cecily les fit attendre assez longtemps dans l’antichambre. Lorsque enfin ils entrèrent dans ses appartements, son sourire de bienvenue était si faux que Ranulf en eut le coeur soulevé.
    — Eh bien, en quoi puis-je vous aider, Sir Hugh ? dit-elle en minaudant. Cette affaire de pastoureaux m’a bouleversée. Quelle horreur ! Quelle vilenie !
    — C’était des trafiquants. En effet, ils vendaient des êtres humains sur tous les marchés du diable.
    Corbett s’approcha de la prieure.
    — Se livrer à la contrebande est un péché, n’est-ce pas ?
    Son interlocutrice cligna des yeux. Son visage terreux devint livide.
    — Oui, c’est un péché, insista Corbett, et un délit – car ainsi on ne paie pas de taxes et on floue l’autorité royale. Vous pouvez m’aider, certes, en ce sens que vous êtes à même de m’expliquer pourquoi vous vous adonnez à la contrebande.
    Mère Cecily se retint au rebord de son bureau.
    — Qu’est-ce à dire ? bredouilla-t-elle.
    Ranulf regretta que Maltote fût resté dans la cour à garder les chevaux. La prieure ouvrait et fermait la bouche comme un poisson hors de l’eau.
    — M’accusez-vous de contrebande ?
    — Oui ! affirma Corbett en espérant avoir vu juste.
    — Et que passerais-je en contrebande, je vous prie ?
    — Oh oui, priez ! rétorqua Corbett. Priez pour que le roi se montre miséricordieux à votre égard. Priez pour obtenir sa clémence et l’absolution de votre évêque !
    Il se pencha vers elle :
    — Car vous faites bien de la contrebande, n’est-ce pas ? Le couvent possède des troupeaux de moutons et des bergeries. Les charretiers acheminent les ballots de laine à l’octroi de Bishop’s Lynn. Disons qu’il y a trois cents ballots. Deux cent cinquante sont contrôlés par l’Octroi et chargés sur un navire à Bishop’s Lynn. Le bateau quitte le port, probablement avec la marée du soir. Il s’éloigne de la côte, en direction, apparemment, de la Flandre. Mais au lieu de traverser la mer, il vient s’amarrer près d’une crique du Norfolk, et là embarque les cinquante autres ballots. Soit une embarcation est mise à l’eau, pour rejoindre la terre ferme, soit une barque part de la côte. Quoi qu’il en soit, on vous paie rubis sur l’ongle, mais vous, vous n’acquittez aucune taxe, et le capitaine fait un honnête bénéfice dans les ports flamands.
    — C’est ridicule ! s’exclama la prieure.
    — Non, c’est la pure vérité ! Venons-en, à présent, à la mort de votre cellérière, soeur Agnes. Elle avait coutume, je crois, de se promener sur le promontoire, tenant canne et lanterne. La plupart des gens la prenaient pour une excentrique. En réalité, elle adressait des signaux aux bateaux ; si je ne m’abuse, la petite embarcation dans la crique appartient au couvent : vous vous en serviez pour votre

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