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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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fait
constituée de six plaques d’or articulées, décorées d’émaux et de pierres
précieuses, consolidée à l’intérieur, ce qui justifie son appellation, par une
languette de fer dans laquelle a été fondue un clou de la Vraie Croix.
    Je fis dans la ville
qui sentait la mort une entrée discrète. Dans le palais royal, je découvris un
personnage honni : le comte Ogier. Je ne pouvais oublier qu’à la suite
d’un différend il avait quitté mon père pour se réfugier auprès de Didier dont
il était devenu le conseiller et le complice des agressions contre la papauté.
    Ce traître m’attendait dans la grande salle du
palais ornée de lourdes colonnes de marbre, entouré de quelques serviteurs
hâves et muets. Il mit un genou à terre et sollicita un pardon que je lui
accordai, non sans quelque réticence.
    Au cours d’une brève promenade, le soir venu,
sur le chemin de ronde, il me parla de Didier et des craintes que je lui
inspirais, bien qu’il s’en défendît.
    — En vous voyant paraître sous ses murs
avec vos deux armées, me dit Ogier, il eut une défaillance. Je le ranimai en
lui faisant boire une liqueur forte. Revenu à lui, il me dit : « Quoi
qu’il m’en coûte, nous allons nous défendre. Moi vivant, jamais le roi Charles
n’entrera dans ma capitale. » Il n’avait qu’une apparence d’autorité.
C’était un faible. Avec un chef d’une autre trempe, jamais Pavie n’eût
capitulé.

Deuxième partie

1
L’Irminsul

1
    Avant de partir pour le bain, à la tombée de
la nuit, alors qu’après la grosse chaleur le palais et la ville émergent de
leur somnolence, j’ai fait, en croquant une pomme, une brève visite au gynécée
de mes concubines pour demander à mes bâtards et bâtardes lesquels souhaitaient
m’accompagner dans mes ablutions quotidiennes. Ce fut une ruée.
    En quittant mon cabinet et en rendant sa
liberté à ce pauvre Éginhard, j’ai chaque fois l’impression de me plonger dans
un monde différent de celui auquel je viens de me soustraire et où j’ai laissé
un peu de moi-même, comme on arrache une peau morte.
    On ne peut s’abstraire sans en éprouver un
certain trouble d’un monologue de six à huit heures d’affilée. J’ai eu soudain
l’impression, en cheminant sous la galerie, d’abandonner dans une île déserte
un bagage de souvenirs et de nostalgies.
    Ces bains dans mon grand bassin d’eau chaude
me réconcilient avec le quotidien et rétablissent mon équilibre mental affecté
par les images empreintes de passion et de violence remontant de mon passé. Il
me faut une forte dose de volonté, et j’ose dire de courage, pour affronter
chaque jour ce magma d’amour et de guerre que fut ma vie.
    Les tempêtes qui ont
ébranlé mon règne n’ont pas épargné mes proches. En quelques années, la mort a
emporté mes trois dernières épouses : Hildegarde, la meilleure de toutes,
Fastrade, qui ne m’a occasionné que des déboires et Liutgarde. Après cette
dernière, qui m’a quitté il y a six ans, je laisse à mes concubines le soin
d’évacuer les derniers reliquats de ma virilité.
    Parmi la tribu de mes enfants dits
illégitimes, Rothilde est ma préférée. C’est une belle et forte nature malgré
son jeune âge. Une fois nubile, je veillerai à lui trouver un parti honorable
dans ma maison. Je répugne à l’idée qu’elle puisse partir un jour. De même pour
mes sœurs et mes filles légitimes. Seule Gisèle m’a quitté, mais c’était pour
plaire à Dieu.
    Le ciel du
crépuscule affiche une teinte mauve. Des brumes de chaleur stagnent encore sur
la plaine, mais l’air a pris une tiédeur ineffable. C’est l’heure douce. Un
dictame.
    Je me suis défait de ma tunique légère pour
plonger dans l’eau chaude. Les enfants ne m’ont pas attendu et, nus comme leur
père, m’éclaboussent malgré mes protestations. Cette nudité quasi rituelle, le
contact avec l’eau lustrale, est pour moi comme un baptême renouvelé, quelle
que soit la saison.
    J’ai longtemps rêvé de me plonger dans le
Jourdain et d’y recevoir l’onction de quelque nouveau Baptiste. Cette grâce m’a
été refusée. Les lieux saints de la Palestine sont au bout du monde et le mien
est circonscrit entre les frontières remuantes de l’Occident. La vieillesse et
les maux qui l’accompagnent m’interdisent ce pèlerinage.
    Quelques officiers, des soldats de ma garde
palatine viennent se joindre à mes ablutions. Combien sommes-nous à

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