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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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épaules.
    — Je n’ai pas le choix. Chaque homme a une tâche à accomplir et c’est la mienne. J’ignore ce que vous avez entendu et ne vous le demanderai pas. Je ne nuis à personne, mais peux au contraire faire beaucoup de bien. C’est la raison pour laquelle je désire voir Lord Bruce.
    Le prieur poussa un soupir et dit :
    — Normalement, les Bruce restent dans leur château, dans les montagnes de l’autre côté du pays, sur la Clyde, mais, à cause de la mort du roi, Lord Bruce réside près d’Édimbourg. Après tout, poursuivit sarcastiquement le prieur, il ne désire nullement voir sa part du gâteau lui échapper s’il venait à tourner le dos. Le bruit court qu’il a choisi comme résidence le port de Leith, assez proche d’Édimbourg et en même temps le meilleur endroit d’où s’enfuir par terre ou par mer, au cas où les choses se gâteraient. Quoi qu’il en soit, je vais vérifier si c’est exact et vous le ferai dire demain.
    Le lendemain, lorsque les cloches de l’abbaye sonnèrent prime, le premier office de la journée monastique, Corbett était déjà levé, habillé et réveillait doucement du bout du pied un Ranulf endormi et grognon. Ils se joignirent à la longue file des moines silencieux et pénétrèrent dans l’église. Corbett chanta les psaumes et sentit alors presque toute sa tension se dissiper sous l’effet de la monotone harmonie du plain-chant. Affalé sur le banc à côté de lui, Ranulf ne cessait de grommeler et de maugréer contre son maître. Une fois la messe dite, ils déjeunèrent dans le petit réfectoire aux murs chaulés ; puis ils reçurent confirmation, de la bouche même du prieur, que Lord Bruce et sa suite avaient fait du port de Leith leur lieu de résidence. Ils prirent immédiatement congé de leur hôte et, au moment où le soleil se levait, franchissaient la porte de l’abbaye pour se diriger vers Leith, au nord. Ils allèrent bon train. Corbett se sentait plus dispos, bien qu’encore un peu tendu. Il se félicitait de ce que les nuages de la veille eussent disparu, et il espérait que Lord Bruce serait toujours à Leith et lui accorderait audience. Ils passèrent dans les faubourgs, se faufilant dans les rues encore silencieuses, et se retrouvèrent vite, grâce aux indications précises du prieur, sur le large chemin, très fréquenté, qui conduisait au port de Leith, encombré, à cette heure, de charrettes et de chevaux de bât faisant route vers Édimbourg pour approvisionner les marchés en produits de la mer et de la campagne. Il y avait des cargaisons de poisson, de fruits, de viande salée, de laine anglaise et de velours flamand. Chaque voiture bousculait l’autre pour trouver une place sur le sentier creusé d’ornières, et les charretiers, la face rougie et l’injure à la bouche, essayaient d’être les premiers pour que leurs étalages fussent prêts avant que la ville ne s’éveillât.
    Corbett se faufilait tranquillement entre les charrettes tout en surveillant Ranulf. Celui-ci avait d’abord observé, l’oeil écarquillé, ce qui se passait autour de lui, mais bien vite il s’était mis à imiter l’étrange accent local, ce qui lui avait valu des regards noirs de la part de maints passants. Corbett lui intima l’ordre de se taire et fut plus que soulagé lorsqu’ils arrivèrent dans les étroites rues, tortueuses et défoncées, de Leith et se dirigèrent vers la petite place du marché. Là, Corbett commença à demander à tous les citoyens d’honnête apparence où se trouvait la résidence de Lord Bruce, et il décrivit à Ranulf les armoiries du lord dans l’espoir que l’oeil aigu du jeune homme apercevrait un serviteur portant cette livrée. Mais personne ne sembla être en mesure de les renseigner. Beaucoup n’arrivaient pas à les comprendre, et Ranulf eut les plus grosses difficultés à faire face au déluge de mots écossais que suscitaient ses questions. Ils se trouvèrent bientôt au centre d’une petite foule qui, découvrant qu’ils étaient anglais, se mit à gronder et à les couvrir d’imprécations. Corbett se souvint alors que les bateaux de ce port écossais qu’était Leith entraient souvent en conflit avec des bâtiments anglais. Il avait oublié cette petite guerre et maudit son imprudence qui lui avait fait négliger ce fait.
    Ils résolurent alors de quitter la place du marché et s’apprêtaient à partir lorsqu’ils furent encerclés par une troupe de soldats à

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