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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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repens de cette légèreté !
    A quoi bon en dire davantage. Tristan leva un regard décidé sur Champartel désespéré :
    – Aie confiance. Nous les délivrerons… Nous la délivrerons. Tu verras !

 
ANNEXE I
     
UN DES RESPONSABLES DE LA DÉFAITE DE POITIERS : ARNOUL D’AUDREHEM
     
     
     
    A Brignais, plusieurs facteurs contribuèrent à l’écrasement de l’armée française : l’impéritie des chefs (particulièrement Bourbon et Tancarville), la trahison de l’Archiprêtre et l’insouciance des subalternes dont aucun ne prit la précaution, le soir venu, de doubler ou tripler la garde autour des campements afin de prévoir et repousser une attaque nocturne.
    A Crécy, défaite elle aussi méritée, on peut incriminer l’insouciance pédantesque de Philippe VI, mais aussi, mais surtout la jactance, la présomption et l’émulation imbéciles des chevaliers aux lis. Depuis toujours, c’était à qui galoperait face à l’adversaire non seulement pour manifester à celui-ci son courage, mais aussi pour démontrer à ses pareils que l’on était un preux. La moindre réserve sitôt les décisions prises, la moindre hésitation d’un seigneur plus intelligent que ses pairs étaient tournées en dérision. Il était interdit de penser à une stratégie autre que celle qui avait été décidée par le roi après qu’il eut glané quelques conseils auprès de ses favoris. La tactique la plus valable, donc la plus intelligente, était balayée à grands coups de reproches, parfois de rires et d’exclamations méprisantes. Cela durait depuis les croisades et la malheureuse journée de Hattin.
    A Poitiers, après avoir examiné le convenant 173 ennemi, le connétable, duc d’Athènes, demanda au roi Jean II s’il était disposé à ouïr son conseil.
    « Certes », dit le roi.
    Athènes lui suggéra de repousser l’attaque décidée depuis peu de façon que les Anglais (commandés superbement par le prince d’Aquitaine) souffrissent de la faim. Leur position étai si avantageuse qu’il était nécessaire de les affaiblir en les empêchant de s’alimenter. Il faudrait s’attendre alors à quelque sortie des ennemis destinée à briser le cercle de fer dans lequel ils s’étaient empêtrés, mais cette tentative échouerait, puisqu’elle serait le fait de combattants fragilisés par l’absence de nourriture. Les Français s’engageraient dans la brèche et l’armée tout entière verrait sa charge facilitée.
    Le maréchal de Clermont approuva cette tactique. Ce fut alors que le maréchal d’Audrehem, l’homme qui, depuis toujours, arrivait après les batailles, fut pris d’un emphatique désir de se montrer, désir d’autant plus véhément que l’engagement restait en suspens. Le roi atermoyait – et il avait bien raison !
    Les Français étaient considérablement excités. Ils avaient l’avantage du nombre. Deux chevaliers s’étaient lancé un défi : Chandos l’Anglais et Clermont. En effet, tous deux en s’observant de près, avaient découvert qu’ils portaient la même devise (le même voile ou volet ) à la cubitière senestre « Une devise d’une bleue dame ouvrée d’une bordure au ray d’un soleil. »
    « Ces deux chevaliers qui estoient jeunes et amoureux écrit Froissart, on le peut et doit-on ainsi entendre  » partageaient donc le cœur (et sans doute le corps) d’une amante dont on ignore le nom.
    Jean de Clermont se crut le plus fort aimé.
    « Je vous le nie (cria-t-il à Chandos) et si la souffrance (436) ne fut entre les nôtres et les vôtres (les Français et les Anglais), je le vous montrasse tantôt que vous n’avez nulle cause de la porter (la devise).
    « Ha ! ce répondit messire Chandos, demain au matin, vous me trouverez tout appareillé de défendre et de prouver par fait d’armes que aussi bien elle est mienne comme vôtre. »
    Ce défi n’eut pas de suite, puisque la bataille l’empêcha. Mais on peut se demander si Audrehem n’y assista pas de près ou de loin. Avait-il, lui aussi, des vues sur la dame si accommodante ? Toujours est-il qu’il fut pris d’une ire et d’une aversion difficilement compréhensibles envers Clermont.
    Quand celui-ci préféra l’attente à l’attaque, lors de l’ultime conseil de guerre des Français, Audrehem l’apostropha en ces termes :
    « Vous ferez tant, avec vos propos, que vous finirez par laisser aller (les Anglais) comme souvent il advint (!). Voyez-les qui bougent. Ils

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