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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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peut-être un peu trop – donne dix mille écus d’or pour sa rançon. Libre, il épouse Jeanne de Hamelincourt, qui est laide et a déjà servi, mais qui est riche (259) . A Saint-Omer, il arrive à la fin du combat (260) et le roi le fait…
    –… maréchal de France, dit Tristan.
    Il n’était point amer. Il s’étonnait à peine qu’Archiac connût aussi bien cet homme.
    Mais à quoi bon poursuivre, dit le hutin qui n’avait certes pas abandonné son dessein de reprendre Alcazar. J’ajoute cependant qu’il a fait dépiauter aux tenailles rougies Aimery de Pavie pour une affaire qui ne le concernait en rien et qu’après ce haut fait, le roi le nomma son lieutenant en Poitou, Saintonge, Limousin, Angoumois. Qu’il a fait pendre cent bourgeois de la cité d’Arras parce qu’ils réclamaient de la justice et du pain et qu’il en fit décoller une douzaine pris n’importe comment sur le marché. Pour cet acte de courage, le roi…
    … lui octroya une rente à vie de mille livres tour nois transmissible à ses hoirs 58 . Cette bienveillance en or, continua Guy d’Azai, a fait dire que le roi n’avait plus un poil de sec dès qu’il voyait apparaître cette jolie barbe.
    Tristan, un moment, épia ce barbu aux cheveux en friche qui, plutôt que de s’intéresser à la belle Jeanne, jetait sur son souverain des regards sans doute éloquents pour Archiac et Azai. Sur la cotte de lin gris du maréchal de France, des armes s’étalaient, aussi grandes que possible : bandé d’argent et d’azur de six pièces à la bordure de gueules. Il fallait bien que la poitrine du personnage fut teintée de vermillon.
    Guy d’Azai toucha Tristan de son coude :
    – Les routiers qui sont à l’entour de nous ont, paraît-il, menacé de rompre le traité de Clermont. Savez-vous ce qu’a fait Audrehem ? Il a puisé dans les fonds destinés à la rançon du roi. Pierre Scatisse 59 est allé leur porter ces subsides à Pamiers.
    – Combien ? demanda Archiac.
    – Cent mille florins… Aussitôt, le Trastamare a pleuré misère. Il en veut autant pour entreprendre, en Castille, une guerre contre don Pèdre. Or, les routiers qui, dans cette intention, étaient passés en Espagne, sont de retour… On prétend qu’ils cernent de loin Avignon.
    – Ils ne devaient revenir, dit Archiac, que si la guerre éclatait entre les comtes de Foix et d’Armagnac… qui sont en paix pour le moment.
    – Certes… Et ces Espagnols qui sont de retour en France demandent le prix d’un nouveau départ pour l’Espagne.
    – Nous vivons dans un royaume malade où l’on exalte un seul remède : l’argent que l’on disperse au tout-venant. Or, plus on en fournit, plus on aiguise les appétits… Malheur aux gouvernements faibles qui croient aux seuls pouvoirs de la jactance et de l’argent : ils sécrètent un venin qui finira par les empoisonner mortellement.
    Guy d’Azai approuva Tristan.
    – Si vous voulez connaître mon opinion, dit-il.
    Il ne put achever : le roi Jean se levait, essuyait ses lèvres d’un revers de manche et, considérant l’assemblée où cinq ou six dames semblaient s’être égarées, puis le Pape et les nombreux évêques en direction desquels il s’inclina, il éleva ses mains tout autant que sa voix :
    – Très Saint-Père, excellentissimes membres du Saint Collège, gentes clames et seigneurs, je tiens, avant qu’un nouveau mets ne comble mon écuelle et mon appétit…
    Le roi eut un soupçon de rire, se tourna vers la belle Jeanne pour qu’elle cautionnât ses dires, ce qu’elle fit négligemment.
    – … Je tiens, dis-je, à regracier notre nouveau Pape pour l’accueil qu’il nous a réservé, les grosses pourvéances et hôtels appareillés pour nous, tant en sa bonne cité d’Avignon qu’à Villeneuve…
    Le roi vida le contenu de son hanap d’or et reprit en s’essuyant les lèvres, cette fois d’une paume puis de l’autre :
    – Vous le savez tous sûrement : le roi du Danemark doit nous rejoindre au mois de février prochain (261) e t le roi de Chypre en mars. Nous allons décider du meilleur moyen de reconquérir la Terre Sainte !
    Il y eut un silence fait de ferveur mais, surtout, d’incrédulité. Tristan vit des bouches sourire, d’autres, plus nombreuses, se pincer. Si un accord pouvait intervenir entre les souverains et le Saint-Père, il était loin de se réaliser présentement parmi ceux qui seraient invités à occire des

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