Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
posés à même la margelle de la cheminée, sans pouvoir en écarter les doigts pour cause de mailles.
    Le fer chauffé à blanc me brûlait délicieusement les orteils. Une légère buée s’en échappait. Mes mains engourdies se réchauffaient plus délicatement : nos gantelets de fer reposaient sagement sur la table où le vin coulait à flot.
    La taverne était décorée avec un goût simple et rustique. Il y régnait une impression champêtre et chaleureuse. Une batterie de casseroles accrochées à un râtelier sur une poutre reflétait dans des tons jaunes et cuivrés la lumière qui pénétrait par les fenêtres. Plusieurs enseignes, sculptées aux formes et couleurs de différents métiers, ornaient une partie des murs. Des tresses d’ail rose, suspendues ici et là, nous invitaient à chasser les maléfices qui, selon la légende, brouillaient nos pensées.
     
    « Tiens donc, mais ne serait-ce pas Étienne, notre joyeux maître des arbalétriers ? »
    Étienne Desparssac venait d’entrer sans armes, enveloppé d’une grande cape à capuchon qui ressemblait à s’y méprendre à une robe de bure. Il ne manquait que le cordon.
    J’aperçus juste, à travers le mantel entr’ouvert, dans un étui accroché à la ceinture de son surcot, un robuste coutelas de chasse au manche en corne de cerf muni d’une garde à quillons courts et droits qui ressemblait étrangement à celui qu’Arnaud venait de poser sur la table.
    « Par Saint-Christophe ! Alors, c’est comme ça qu’on mène sa tournée d’inspection ? Arnaud inspecte les jupons et Bertrand lui sert de chaperon ! Bravo les écuyers ! » Il riait à gueule bec en se tenant les côtes.
    Quelques clients présents dans la salle clabaudaient entre eux. Ils interrompirent leur conversation, se tournèrent vers nous, puis s’esbouffèrent. Nous rîmes aussi. Pour faire bonne figure. Un peu jaune tout de même. M’adressant à Étienne :
    « N’êtes-vous pas consigné au château, ce jour ?
    — Non, le chevalier de Montfort qui assure la garde m’a rendu la liberté pour la journée. Pourquoi ? Vous tremblez dans vos chausses, jeune écuyer ? »
    Foulques de Montfort était l’un des trois chevaliers qui résidaient en permanence au château avec leur famille. Il avait rang de chevalier banneret, mais n’était point marié. C’était aussi le moins accommodant des trois.
    Il partageait la tour dite du Couvent, située en face du Présidial avec Guillaume de Saint-Maur, un autre chevalier et sa famille. Un nouveau chevalier bachelier que le baron de Beynac venait d’engager à son service, Raymond de Carsac, y logeait aussi. En sa qualité de pauvre homme – ainsi nommions-nous les chevaliers bacheliers sans grande fortune –, il était encore jeune et célibataire.
     
    Étienne nous observait, un sourire malicieux sur les lèvres. Arnaud se fendait la pêche. Mais les pêches n’étaient pas mûres.
    « Prenez place séant, Étienne, et trinquons à la santé de nos femmes, de nos chevaux et de ceux qui les montent ! » glapit Arnaud, en s’esclaffant. Étienne saisit un gobelet et le vida cul sec, avant d’interpeller notre hôte :
    « Holà, tavernier ! À nous, trois pichets de cet excellent vin de Cahors ! » Le vin mettait en joie, mais je ne perdais pas de vue ma quête personnelle : je posai à Arnaud la question qui m’escagaçait depuis notre visite au sinistre sire de Castelnaud. M’adressant à lui, de la voix que prennent les tourmenteurs avant de travailler leurs patients, je l’interpellai vivement :
    « Dis donc, Arnaud, pourquoi ne m’as-tu jamais parlé de ce chevalier de… de Sainte… Rappelle-moi son nom, veux-tu bien (je fis semblant de chercher le nom qu’avait lâché le sire de Castelnaud, bien qu’il fût gravé dans ma mémoire) ? »
    — Sainte-Croix ? Si je ne t’en ai point parlé, c’est simplement parce que tu ne me l’as jamais demandé. Aurais-tu la mémoire plus courte que la longueur de ton épée ?
    — Te moques-tu de moi ?
    — Non, bien sûr que non ! En réalité, je n’avais pas pensé qu’il puisse t’aider à résoudre tes chimères. Mais à la réflexion, tu as raison, ce n’est pas impossible : en sa qualité de physicien, il pourrait peut-être soigner un cerveau dérangé.
    — Merci. Alors, le connais-tu ? Parle, parle ! lui ordonnai-je sans relever la saillie.
    — Non, je ne peux pas dire que je le connaisse vraiment. Ma mie

Weitere Kostenlose Bücher