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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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quelque manant… Depuis qu’on leur a permis d’armorier des enseignes à leur couleur ! Les temps ont bien changé.
    — Merci, messire, nous n’abuserons pas plus longtemps de votre hospitalité », dis-je sans aménité, en inclinant brièvement la tête sans condescendance, comme on me l’avait appris. Mais le feu aux joues.
     
    Arnaud n’avait pas fini sa coupe de vin. Moi non plus. Après avoir fixé le seigneur de Castelnaud droit dans les yeux, tournant les talons, je lançai à Arnaud :
    « Messire Arnaud, nous partons. Remerciez notre hôte, le seigneur de Castelnaud pour la qualité de son accueil. »
    Le sire de Castelnaud m’apostropha aussitôt :
    « Brachet, c’est bien votre nom ? Épargnez-vous des recherches inutiles. Questionnez donc plutôt les manants du village ; ils en savent certainement plus que des gens de bien sur les écus fantaisistes des gueux et des gueuses ! Par les temps qui courent, on voit de tout. »
    Je fis volte-face. Je mis la main sur la poignée de mon épée. J’étais à deux doigts de desforer pour demander réparation de l’insulte. Arnaud intervint fort adroitement sur le champ. Il me prit fermement le bras pour me guider vers la sortie.
    Décidément, mes premiers rapports avec le seigneur de Castelnaud commençaient mal. Pour seul résultat, un affront qu’il m’avait infligé. Je n’avais recueilli aucune information sur la famille d’Isabeau ; mon orgueil ravalé me restait en travers de la gorge, mais mon corps avait probablement été sauvé grâce à la présence d’esprit d’Arnaud.
    Il m’avait peut-être évité le pilori : en ces temps-là, on ne badinait pas avec l’insolence devant un grand seigneur, tout baron qu’il ne fut pas.
    Entre Castelnaud et Brachet, c’était la guerre. La guerre froide. Mais la guerre allait bientôt se révéler chaude. Très chaude. Pour lui. Quelques mois plus tard, lors de la bataille dans les faubourgs de la Madeleine, en notre ville de Bergerac.
    J’ajustai brutalement mon casque sur le camail, suivi en cela par mon fidèle ami, et nous regagnâmes incontinent la cour du château, aussi roides que deux poteaux de quintaine.
     
    Un valet nous tendit nos lances alors qu’un autre nous présentait nos chevaux par la bride. Le maître n’était pas à la hauteur de ses domestiques. J’invitai ostensiblement Arnaud à vérifier sa sangle avant de se remettre en selle. Je fis de même. La maison n’était pas sûre.
    Après être remonté en selle en prenant appui du pied senestre sur une borne de pierre, en bon soldat que je n’étais pas encore, par dépit et pour faire tomber ma colère, je profitai de l’occasion pour relever en règle les points faibles dans les défenses du château en chevauchant ostensiblement, au pas, à portée d’arbalète.
     
    Ici une muraille trop mince, là des courtines inachevées. Les mâchicoulis du donjon surplombaient les hourds et en réduisaient l’usage défensif. Les hourds eux-mêmes dominaient en partie une échauguette flanquée à mi-hauteur du donjon. Elle était censée défendre l’accès à une petite porte dérobée qui donnait sur la base talutée du donjon.
    Je recueillis ainsi moult autres détails. Au moins, je n’aurai pasperdu la matinée. Ce genre de renseignements pouvait toujours servir un jour.
    Nous nous apprêtions à quitter ces lieux sinistres pour nous diriger vers la taverne située un peu en contrebas lorsque, alerté par le martèlement caractéristique des sabots d’un cheval au galop, j’aperçus le dos d’un cavalier.
    Enveloppé dans un grand mantel à capuchon, il franchit la porte principale du château et s’évanouit au détour de la rue principale du village. Sexte venait de sonner.
    Un feu d’enfer crépitait dans l’âtre de la taverne de Castelnaud-la-Chapelle. Il projetait quelques brûlons enflammés hors du cantou. L’un d’eux me piqua la joue, tel un feu grégeois. Je le balayai d’un revers de la main.
    Le brandon, après avoir décrit un cercle parfait, s’écrasa sur le sol en terre battue. Il rougit une dernière fois avant de noircir, de se consumer et de répandre un petit tas de cendres grises. Le châtaignier est déconseillé pour entretenir un feu ; mieux vaut utiliser du charme ou du chêne. Mais la flambée était belle.
    Nous n’étions pas encore passés à table. Nous réchauffions nos extrémités avec délectation, assis côte à côte sur un banc, nos pieds de fer vêtus

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