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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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prévu, le trésorier refusa de lui remettre l’argent. Joinville saisit une cognée, la brandit et déclara qu’il en ferait la clef du coffre. Le trésorier s’exécuta enfin : la règle de l’Ordre était sauve et en fin de compte la rançon était soldée.
     
    Le roi s’embarqua à sept jours des ides de mai, le 8 mai, à destination de Saint-Jean-d’Acre et fit escale à proximité de la cité de Damiette pour y recueillir la reine Marguerite, sa suite et les mariniers génois et pisans qui en avaient assuré la défense. À bord de l’une des quatre nefs, se tenaient le comte Philippe de Montfort et le jeune Joseph qu’il avait réussi à arracher aux caprices sanguinaires de leurs geôliers. Avec l’aide de l’autorité morale et le secours pécuniaire du roi Louis et de la reine Marguerite qui s’étaient acquittés de leur double rançon.
    Ils étaient libres, mais les finances du comte de Montfort étaient exsangues. Et il était devenu le débiteur du roi. Entre douze et quatorze mille prisonniers restaient aux mains des Mameluks. Les survivants ne devaient être libérés de leur captivité que de nombreux mois plus tard.
     
     

     
     
    « Quelle relation, messire Foulques, le récit que vous nous avez fait a-t-il avec le trésor que vous allez quérir ? Avec la rançon que le roi Louis avança pour la libération du comte Philippe et de celle du jeune maronite ?
    — Nous sommes rendus au croisement des chemins, messire Bertrand, me répondit aussitôt le chevalier de Montfort, dont le regard brillait à présent d’un éclat inhabituel.
    — Mais, comment un aussi jeune homme put-il s’acquitter d’une dette aussi considérable ? Avait-il quelques biens ?
    — Joseph était d’origine syrienne “un chrétien de la ceinture”, comme on disait à l’époque ; il avait été bercé dès sa plus tendre enfance dans le milieu du commerce.
    « La famille d’icelui était extrêmement riche et suscitait bien des convoitises de la part des nouveaux maîtres de l’Égypte. Une des raisons qui avaient conduit le sultan Baïbars à laisser massacrer toute sa famille à Mansourah était, sans aucun doute, la convoitise.
    « Profitant de la situation, il avait fait main basse sur tous leurs biens. Ces biens étaient considérables, mais ils avaient changé de mains. Joseph était à présent plus pauvre que le plus pauvre des ermites du Sinaï.
    Mon aïeul, le comte, le traita comme son propre fils, Jehan de Montfort. Il poursuivit son éducation religieuse, sans avoir besoin de l’instruire des affaires de banque ou de commerce.
    « Le jeune Joseph possédait un sens naturel et inné d’icelles. Il voua à mon aïeul une reconnaissance sans limites. Le comte Philippe de Montfort demeurait seigneur de Tyr. Il y favorisa l’installation d’un comptoir génois au détriment des Vénitiens.
    « Joseph Al-Hâkim apprit la langue des uns et des autres, aussi facilement qu’un bébé apprend à téter sa mère. Il grandit et fit fortune en qualité de courtier entre les marchands arabes et les commerçants génois.
    « Jusqu’au jour où il informa le comte de Montfort qu’il entendait lui léguer un coffre qui contenait en ducats, en besants et en florins, plus de… trente mil livres tournois ! »
    — La même somme que celle qui avait été saisie par le sire de Joinville chez les Templiers pour bailler le complément de rançon ! m’exclamai-je.
    — Vous avez compris, messire Bertrand ! Joseph envisageait de s’acquitter de sa dette envers le comte de Montfort. Pour lui avoir sauvé la vie deux fois : une première fois en sollicitant les soins de la miresse Hersent et une seconde fois en négociant sa liberté lors du versement du solde de la rançon.
    — Mais alors, ce trésor, où se trouve-t-il à présent ? demandai-je.
    — Il est conservé précieusement par les marchands génois du comptoir de Tyr. Il me sera baillé sur présentation du document en ma possession, affirma le chevalier de Montfort en tapotant sa poitrine.
    — En êtes-vous vraiment sûr, messire Foulques ? » s’enquit frère Jean.
    Il s’était accoisé depuis quelque temps. Il s’exprima avec une moue dubitative de la lèvre inférieure qui exaspéra le chevalier. De quoi ce moine se mêlait-il, à la parfin ? Je le trouvais bien outrecuidant. En quoi cette affaire le concernait-elle ?
    Foulques de Montfort se rembrunit et se raidit. Il se campa sur ses membres inférieurs.

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