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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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branches de cette pince se mirent en mouvement, et Charles se trouva enfermé dans un cercle…
    — Malédiction ! hurla Charles d’Angoulême.
    Violetta, dans ses bras, d’un geste rapide, saisit sa tête à deux mains et le baisa sur la bouche en murmurant :
    — Mourons ensemble, mon cher seigneur…
    En même temps, Violetta se laissa glisser sur les dalles et saisit le poignard de son fiancé. Charles, enivré par la violente sensation de ce baiser d’amour et de mort, emporté hors de la réalité par un souffle de folie, Charles, haletant de passion et d’angoisse, d’épouvante et d’horreur, jeta autour de lui un suprême regard qui, dans sa durée d’éclair, lui montra l’église pleine d’ombre. Maineville et Bussi-Leclerc, et l’inconnu masqué au pied de l’autel, et sur les marches le prêtre qui commençait à officier, et autour de lui, autour de Violetta, le cercle d’acier qui se resserrait… Et toute cette scène affolante se déroulait dans un silence tragique, où il n’entendait que son propre souffle…
    Alors, il tira son épée, et dans cette seconde pareille au dernier spasme d’une agonie d’amour, ses yeux chargés de passion se rivèrent aux yeux de Violetta, et il balbutia :
    — Mourons ensemble, ma chère âme…
    Aussitôt il se rua, fonça droit devant lui, tenant toujours Violetta par la main, avec l’espérance insensée de pouvoir traverser ce cercle d’acier, et fuir… fuir !… Dans cet instant même, dix bras s’abattirent sur lui, dix autres sur Violetta ; il eut la sensation qu’on lui arrachait la chair de sa chair et poussa un grand cri lugubre auquel répondit le cri désespéré de Violetta… De son épée, Charles frappait à coups terribles et hurlait :
    — Attends-moi, chère âme !… Je suis à toi !…
    L’épée se brisa ; du tronçon il continua à frapper ; autour de lui le sang giclait, des hommes tombaient ; le tronçon d’épée lui fut arraché… plus loin, bien loin, il entendit encore le cri de Violetta, comme un appel. Des ongles, des dents, Charles, ensanglanté, déchiré, continua l’effroyable lutte. Cela dura une minute encore… et alors, il tomba sur ses genoux ; sept, dix, quinze hommes se ruèrent sur lui… et il se sentit lié, soulevé, emporté hors de l’église et jeté dans un carrosse qui s’ébranla aussitôt…
    Dans ce carrosse aux mantelets fermés, prison roulante qui le conduisait vers une autre prison, Charles demeura immobile, frappé de cette stupeur si voisine de la mort, qu’on remarque chez les condamnés. Il n’avait plus de pensée. La vie était suspendue.
    Moins de trois minutes plus tard, le carrosse roula sur un pont-levis, puis sous une voûte, puis s’arrêta :
    Le duc d’Angoulême était à la Bastille.
    * * * * *
    Dans l’église Saint-Paul, une scène atroce déroulait à ce moment ses péripéties qui confinaient d’une part à toute la douleur humaine, et de l’autre à la fantasmagorie d’un rêve.
    En effet, Violetta arrachée des bras de Charles avait été entraînée jusqu’au pied de l’autel. Là, avons-nous dit, se trouvaient trois hommes ; deux d’entre eux nous sont connus ; c’étaient Maineville et Bussi-Leclerc. Le troisième se démasqua au moment où la jeune fille apparut près de lui, à demi-morte de désespoir et se soutenant à peine. Celui-là, c’était Maurevert.
    Violetta jeta autour d’elle des yeux hagards. Et ce fut à ce moment que Maurevert saisit sa main et prononça :
    — Merci, ma bien-aimée ; merci, ma belle fiancée, d’être venue à l’heure. Tout est prêt pour notre mariage, et voici le prêtre qui va nous unir…
    — Nous unir ! balbutia Violetta. Vous !… Qui êtes-vous ?… Oh ! messieurs, messieurs ! par grâce ! dites-moi ce qu’on a fait de mon seigneur ?…
    — Violetta ! dit Maurevert d’une voix ardente, quelle étrange folie vous saisit ! Regardez-moi ! Ne me reconnaissez-vous pas ? Je suis votre fiancé ! Je suis celui que tu aimes et qui t’aime !…
    — Horreur ! Oh ! mais je deviens folle ! folle comme la bohémienne au masque rouge !… Charles ! Mon bien-aimé ! A moi !… Oh ! ils l’ont tué, puisqu’il ne répond pas !… Charles ! Charles ! mourons ensemble !…
    Son bras se leva pour se frapper avec cette dague qu’elle avait prise aux mains de son fiancé ; mais alors elle s’aperçut que l’arme lui avait été arrachée ; sa main crispée retomba sur

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