La Femme Celte
des
éléments latins et des éléments celtiques. Les fameux « Sarrasins »
ne sont bien souvent que des « païens » au sens large du mot, aussi
bien des Musulmans que des zélateurs des cultes impériaux décadents ou des
cultes druidiques conservés dans les provinces. Et précisément, dans la Chanson de Fierabras , c’est une histoire de révolte
de la fille contre le roi son père, habilement récupérée au profit de
l’idéologie chrétienne. Mais quand on s’aperçoit que l’héroïne s’appelle Floripar , c’est-à-dire le strict équivalent latin de Blodeuwedd , on est en droit d’examiner cette
légende avec beaucoup d’attention.
La Chanson de
Fierabras (Chanson de Geste) : L’empereur Karl lutte contre les
Païens pour leur reprendre des reliques. Le champion païen Fierabras (qui
ressemble à l’Hercule celtique tant de fois décrit dans les textes irlandais)
est vaincu par Olivier et il est baptisé. Mais le père de Fierabras, le célèbre
Balan (héros de la Chanson d’Apremont ),
reprend la lutte et fait prisonnier Olivier, Gui de Bourgogne et d’autres
Francs, et les jette en un horrible cachot. Or Balan a une fille, Floripar, qui
tombe amoureuse de Gui de Bourgogne. Elle trahit son père et libère les chevaliers
francs en leur fournissant un asile sûr. Cependant Roland, Naymes et d’autres
Francs se dirigent vers le pays de Balan, rencontrent des païens, en tuent
quatorze et prennent leurs têtes avec eux. Ils passent une montagne et doivent
franchir un pont qui a vingt arches de marbre, assez large pour que cent
chevaliers puissent y passer de front. Dix fortes chaînes en fer y sont tendues
en travers, et sur chaque pile se dresse une tour défendue par cent chevaliers.
L’entrée du pont est gardée par un géant armé d’une massue de cuivre (thème
celtique). Personne ne peut passer sans payer un tribut fabuleux (400 cerfs,
100 vierges, 100 faucons mués, 100 palefrois et autant de destriers, 100
sommiers chargés d’or et 100 autres chargés d’argent). Les Francs passent par
ruse et se présentent devant Balan qui reconnaît les quatorze têtes coupées.
Furieux, il fait enfermer les Francs. Mais Floripar les délivre et leur donne
même les fameuses reliques. Les païens assiègent les Francs et Floripar qui se
trouve avec eux. Floripar possède une ceinture magique qui les préserve de la
faim. C’est de cette ceinture que l’enchanteur Maupin, envoyé par Balan,
cherche à s’emparer. Une nuit, il réussit, mais il ne peut résister au désir de
violer Floripar. Celle-ci se met à crier. Gui de Bourgogne intervient et coupe
l’enchanteur en deux. Malheureusement il a coupé aussi la ceinture qui perd, de
ce fait, tout son pouvoir magique. Enfin, grâce au Ciel, Balan est vaincu et
doit faire sa soumission.
Il faut mettre d’abord en valeur une coïncidence qui est
trop belle pour n’être qu’un simple hasard. N’en déplaise aux linguistes, il y
a un rapport [247] entre le nom de
Floripar (= Née des Fleurs ou Née d’une Fleur), le nom de son père Balan ( genêt en breton), et le nom de Gui de Bourgogne
(même si le gui vient du latin et le nom
propre Gui du germanique). Il y a un autre rapport
entre le nom de Balan et celui de Belenos le dieu solaire des Gaulois, et la
description du pays merveilleux de Balan (c’est-à-dire l’Autre Monde) est un
argument intéressant.
Ainsi donc, là aussi, dans cette histoire de Floripar, il y
a révolte de la fille contre son père, qui est le roi, donc le représentant de
cette autorité qui s’oppose aux sentiments de la fille. Elle aime Gui de
Bourgogne, c’est-à-dire un ennemi, comme Camille aimait Curiace le champion
d’Albe, comme Blathnait aimait Cûchulainn l’ennemi de son mari Cûroi. Selon les
lois de la Société paternaliste, il y a trahison. Mais qu’on y regarde de près,
cette loi paternaliste repose en grande partie sur l’angoisse, sur la peur.
Cette angoisse, cette peur sont nées de la rupture que les structures sociales
ont fait apparaître entre la Raison et l’Instinct. S’il y a rupture entre
Instinct et Raison, il y a donc conflit, opposition, guerre et violence. Une
société qui repose sur l’exploitation de l’angoisse ne tient que par la violence
qui est seule capable de mettre un terme à l’angoisse (si tu ne veux pas être
tué, tue toi-même ceux qui risquent de te tuer). La société paternaliste ne
peut être qu’agressive (même lorsqu’elle se
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