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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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affaire.
    Cependant elle ne parlait toujours pas. Peut-être cherchait-elle tout simplement ses mots.
    Voyant qu’elle se taisait, Concini interrogea, en toscan :
    – Vous êtes Italienne ?
    – Non, monseigneur. Mais j’ai longtemps séjourné en Italie. A Rome. A Florence, notamment, ou je me trouvais il y a dix-sept ans.
    Elle insistait sur le chiffre. Concini tressaillit ; dix-sept ans, cela remontait à l’époque de la naissance de sa fille. Il commença de considérer avec plus d’attention cette femme qui se tenait humblement courbée devant lui. Il fouilla ces traits insignifiants et flétris, cherchant à se souvenir s’il n’avait pas déjà vu ce visage. Il dut y renoncer. Il reprit, très calme, en apparence :
    – Vous connaissez cette jeune fille, dont vous avez voulu me parler.
    – Oui, fit La Gorelle.
    Elle prit un temps, en comédienne qui ménage son effet, et acheva en ponctuant ses mots et en les espaçant :
    – On me l’a confiée… autant dire… le jour de sa naissance… C’est moi qui l’ai é… le… vée.
    – Vous ! sursauta Concini.
    – Moi, confirma La Gorelle avec une tranquille assurance.
    Cette fois, Concini se tourna franchement vers Léonora qu’il consulta du regard. Celle-ci allongea négligemment la main vers le marteau d’ébène qu’elle avait à sa portée et frappa sur le timbre. Marcella, sa suivante et sa confidente, que nous avons déjà entrevue au Louvre, parut presque aussitôt et, sur un signe d’elle, s’approcha de sa maîtresse, qui lui glissa un ordre à l’oreille. Dès que Marcella fut sortie, ce fut Léonora qui continua l’interrogatoire.
    – Si c’est vous qui avez élevé cette jeune fille, elle doit être encore avec vous ?
    En posant cette question, Léonora la fouillait de son regard de feu jusqu’au fond de l’âme. Sans hésiter, avec la même tranquille assurance, La Gorelle répondit :
    – Non, madame, elle m’a quittée, voici quatre ans.
    – Parce que vous la maltraitiez, gronda Léonora qui se fit menaçante.
    – C’est une indigne calomnie, protesta la mégère. Et, larmoyant :
    – La vérité est que je suis pauvre. Je ne pouvais pas nourrir cette petite à ne rien faire. Il fallut bien qu’elle travaillât pour gagner son pain, comme moi. Elle n’aimait pas le travail, c’était une petite fainéante. C’était aussi une ingrate… un beau jour, elle m’a plantée là.
    – Que lui faisiez-vous faire ?
    – Elle vendait des fleurs qu’elle allait ramasser dans les champs. C’est un travail propre, délicat, coquet même, et qui n’a rien de pénible.
    – Dites donc tout de suite que c’était une manière de mendier, fit Léonora en levant les épaules.
    – Si on peut dire ! s’offusqua La Gorelle. Elle avait des doigts de fée, cette petite. Sans savoir, sans qu’on lui ait jamais montré, elle faisait des bouquets qui étaient des merveilles de goût. La charité ! Mais c’était bien plutôt elle qui la faisait, en donnant pour quelques sous des fleurs qu’elle aurait pu vendre une livre… et même plus !
    – Et vous ne vous êtes jamais occupée d’elle ? Vous ne savez pas ce qu’elle est devenue ?
    – Je l’ai cherchée, pendant des mois et des mois. En vain. Je l’ai retrouvée, par hasard, ici, à Paris, il y a quelques semaines.
    – Alors, vous savez où elle est ?
    – Je l’ignore complètement, madame… Mais si vous y tenez… si vous avez besoin… Enfin, je me charge bien de la retrouver, moi, madame.
    Il était évident qu’elle ne mentait pas. Léonora le comprit.
    – Inutile, dit-elle, en déclinant la proposition.
    A ce moment, Marcella reparut. Elle n’était pas seule. Elle donnait le bras à Florence. L’une conduisant l’autre, les deux femmes entrèrent, firent deux pas.
    – Brin de Muguet ! s’écria La Gorelle, stupéfaite de reconnaître son ancienne victime en cette jeune fille, mise avec une sobre élégance, comme une fille de qualité, et qui, ma foi, avait fort grand air sous ses précieux atours.
    – La Gorelle ! s’écria la jeune fille.
    Et, lâchant le bras de Marcella, elle recula vivement de deux pas et considéra la mégère non pas avec crainte, mais avec une répugnance manifeste.
    Léonora, qui avait ménagé cette entrée subite et imprévue, put se rendre compte que La Gorelle n’avait pas menti : il était évident que les deux femmes se connaissaient. Restait à savoir jusqu’à quel point.

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