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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cette clef, vous nous enfermerez tous à double tour, et vous ne descendrez ici que pour nous délivrer tous, ce soir, à l’heure fixée par M. le chevalier. Vous avez compris ? Allez… Et surtout fermez soigneusement.
    Ahuri, maître Jacquemin prit machinalement la clef qu’on lui tendait, et :
    – Vous voulez que je vous enferme avec vos prisonniers ? dit-il. Voilà une singulière idée, au moins !
    – Singulière ou non, faites ce que je vous dis… Et dépêchons, je vous prie.
    L’hôtelier leva les épaules comme pour dire : « Après tout, si vous y tenez, moi, ça m’est égal ! » En même temps, ses yeux tombèrent sur la table. Il vit que les provisions qui s’y trouvaient avaient été entamées. Que le nombre des bouteilles avait notablement diminué. On se souvient que Pardaillan l’avait payé d’avance. Il n’avait donc aucun intérêt à pousser à la consommation. Au contraire, il eut une seconde d’hésitation. C’était un honnête homme, décidément :
    – Monsieur, dit-il, je suis là pour obéir à tout ce que vous me commanderez. En conséquence, je vais vous enfermer et ne reviendrai que pour vous délivrer à l’heure convenue. Mais laissez-moi vous faire remarquer que, d’ici à ce que cette heure sonne, il se passera pas mal de temps. Et désignant les bouteilles vides, il conclut :
    – Je crains que vous ne soyez réduits à tirer la langue.
    – Palsandieu, je n’avais pas pensé à cela ! murmura Gringaille perplexe.
    Et, du coin de l’œil, il consulta Escargasse qui, sans bouger, sans même tourner la tête, grommela :
    – Outre ! nous ne pouvons pourtant pas nous laisser crever de faim et de soif !
    – C’est déjà bien assez que nous allons crever d’ennui ! appuya Gringaille.
    Et, revenant à l’hôtelier :
    – Vous êtes un brave homme, maître Jacquemin, et je vous remercie. Descendez-nous donc, tout de suite, des victuailles et du vin en quantité suffisante pour faire trois repas. Ce que-vous voudrez, je m’en rapporte à vous. A moins…
    Et, s’adressant à Fausta :
    – A moins que vous ne désiriez indiquer vous-même ce que vous aimez le mieux ?
    Et comme Fausta levait les épaules d’un air de dédaigneuse indifférence :
    – Non ?… A votre aise… Allez donc, maître Jacquemin, et faites vite.
    Comme s’il n’avait pas confiance en son compagnon, Gringaille sortit sur les talons de l’hôtelier, lui reprit la clef et ferma la porte, sur laquelle il s’appuya nonchalamment.
    – Voici toujours de quoi ne pas mourir de soif, dit maître Jacquemin.
    Et il déposa aux pieds de Gringaille deux paniers qui contenaient chacun une douzaine de flacons. Et il remonta chercher les provisions. Il ne fut pas long. Au bout de quelques minutes, il revint chargé de deux énormes paniers. La porte du caveau fut entrouverte. Gringaille introduisit les quatre paniers que l’hôtelier lui passa l’un après l’autre. Puis il entra. Derrière lui, Jacquemin ferma la porte à double tour.
    Cette fois, comme s’il ne craignait plus rien, Escargasse rengaina posément et il vint aider Gringaille à ranger proprement les victuailles et le vin.
    Pendant ce temps, Fausta, toujours réfugiée près d’Albaran, demeurait plongée dans de sombres méditations. Et elle était si absorbée qu’elle ne s’apercevait pas que le blessé, près d’elle, s’agitait doucement, gémissait sourdement, s’efforçait d’attirer son attention, sans éveiller celle des deux braves qui s’activaient là-bas, autour de la table.
    Voyant qu’il ne parvenait pas à l’arracher à ses réflexions, d’Albaran fit un effort désespéré, et livide, les lèvres pincées, le front ruisselant d’une sueur glacée, refoulant stoïquement les cris de douleur que ce mouvement lui arrachait, il leva péniblement son bras blessé, réussit à saisir les basques du pourpoint de Fausta et à les tirer assez fortement pour la ramener enfin au sentiment de la réalité.
    – Tu souffres, mon pauvre d’Albaran ? murmura-t-elle en abaissant les yeux sur lui.
    Le blessé, épuisé par l’effort douloureux qu’il venait d’accomplir, se raidissait pour ne pas défaillir. Il n’eut pas la force de répondre tout de suite. Cependant il avait quelque chose à dire. Et il la fixait avec une insistance étrange, de son regard fiévreux en qui semblait s’être concentrée toute la vie. Fausta comprit qu’il voulait lui parler. Et du même coup,

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