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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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la table. Comme eux, enfin, elle puisa, dans l’assiette qu’ils avaient poussée entre eux, des pâtisseries sèches qu’elle se mit à croquer de bon appétit.
    Ils causèrent.
    Pour mieux dire, Fausta, qui jouait son rôle de jeune seigneur mal élevé et dénué de préjugés, avec une fantaisie étourdissante, les interrogea adroitement.
    Oui, mais les deux compères jouèrent le leur avec un entrain et un naturel au moins égal au sien. Avec des airs de bonnes brutes intelligentes, ils se prêtèrent de la meilleure grâce du monde à l’interrogatoire qu’elle leur faisait subir, et auquel ils ne semblaient pas prendre garde.
    En réalité, ils se tenaient plus que jamais sur leurs gardes. Et il ne pouvait en être autrement. Ils savaient qu’ils avaient affaire à une femme. Et qui mieux est, une grande dame, une princesse. Ils étaient loin d’être des sots. Eussent-ils été les balourds qu’ils affectaient d’être, qu’ils eussent compris quand même qu’une dame ne pouvait pas avoir les manières qu’elle affichait devant eux. Les plus bornés eussent compris que la dame qui agissait ainsi, jouait la comédie… si bien jouée que fût cette comédie.
    Fausta, elle, ne les connaissait pas, ne savait d’eux que ce qu’ils venaient de lui apprendre. Et on peut croire qu’ils ne s’étaient pas fait faute de mentir à qui mieux mieux. Elle se fiait beaucoup plus à la sûreté de son coup d’œil qu’à leurs dires, c’est entendu. Il n’en est pas moins vrai qu’elle ne pouvait les juger que sur les apparences. Or, comme ces apparences étaient fausses, elle devait fatalement aboutir à une erreur. Ce fut ce qui arriva, en effet.
    « Deux pauvres diables, qui ont passé toute leur existence au service des autres », se dit-elle. (Elle ne se trompait pas sur un de ces points).
    « En leur offrant cent mille livres, j’ai des chances de les éblouir et de me faire ouvrir cette porte. Faisons-les boire, et quand les fumées du vin auront suffisamment obscurci leur cerveau, je pourrai me risquer. »
    Elle se mit à leur verser rasade sur rasade. Eux, ils entonnaient imperturbablement, et ils jubilaient intérieurement. Ils croyaient qu’elle cherchait à les griser. Ah ! ils étaient bien tranquilles ! Ils savaient, eux, quelle effrayante quantité de liquide ils étaient capables d’absorber, avant d’être seulement mis en gaieté. Et elle, bonne joueuse, buvait à peu près autant qu’eux. Ils étaient sûrs d’avance qu’à ce jeu-là, c’est elle qui ne tarderait pas à rouler sous la table.
    Ils se donnèrent même le malin plaisir de faire semblant d’être un peu étourdis et de commencer à battre la campagne. Le nombre respectable de flacons vides pouvait justifier ce commencement d’ivresse. Fausta crut que le moment était venu. Et, se penchant sur eux, de sa voix la plus insinuante :
    – Ecoutez, dit-elle, vous êtes pauvres… Je puis vous enrichir d’un seul coup, moi. Que diriez-vous si je…
    Ils ne la laissèrent pas achever. Ils avaient compris qu’ils s’étaient trompés : elle ne voulait pas les griser, elle voulait les acheter. Il devenait inutile de jouer l’ivresse. Ils se redressèrent. Ils l’interrompirent par un éclat de rire formidable. Et, en pouffant à qui mieux mieux, en s’administrant d’énormes claques qui eussent renversé un bœuf, ils s’amusèrent à ses dépens.
    – Dis donc, Gringaille, tu entends le jeune monsieur, qui dit que nous sommes pauvres ! Eh ! zou ! qu’est-ce que tu dis de cela, toi ?
    – Pauvre homme, quelle erreur est la sienne !… Par saint Eustache, mon vénéré patron, vous errez, monsieur… Vous errez profondément, lamentablement, pitoyablement.
    Et tous les deux, avec un orgueil démesuré, en l’écrasant d’un regard de dédaigneuse commisération :
    – Pauvres, nous !…
    – Mais nous avons cent mille livres chacun !…
    – En bonnes terres au soleil !…
    – Qui nous rapportent bon an mal an, le denier six !…
    – Ce qui nous fait six mille livres de rente à chacun !… Et ensemble :
    – Vivadiou !… Cornedieu !… Peut-on dire qu’on est pauvre avec six mille livres de rentes !…
    Fausta ne souriait plus. Elle jouait de malheur, décidément ! Ses lèvres tremblantes se crispèrent pour refouler l’imprécation de rage qui allait jaillir. Cependant, toujours souverainement maîtresse d’elle-même, elle se ressaisit vite. Elle prit son parti avec

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