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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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même rue de la Tisseranderie qu’ils avaient quittée quelques instants plus tôt, et qu’ils se mirent à remonter.
    Ils n’allèrent pas loin d’ailleurs. Presque en face de la rue du Pet-au-Diable se trouvait le cul-de-sac Barentin [11] . Ils y entrèrent. Et Pardaillan derrière eux, naturellement. Il ne s’avança pas trop : il savait que cet infect boyau était sans issue. Il n’y avait que quelques sordides masures, espacées dans ce cul-de-sac. Cependant, au fond, et complètement isolée, se dressait une maison qui, comparée à celles qui la précédaient, prenait des allures de petit palais. La porte cochère de cette maison était grande ouverte. Il les vit s’engouffrer silencieusement sous la voûte noire, les uns après les autres.
    Il attendit que la porte se fût refermée sur eux, et il partit. Il était furieux.
    – La peste soit de moi ! marmonnait-il en s’éloignant à grandes enjambées. Je n’avais qu’à les attendre où j’étais, rue de la Tisseranderie !… Je me serais évité la peine de les suivre dans tous les tours et détours de renardeaux inexpérimentés.
    Mais, après avoir exhalé sa mauvaise humeur, il se consola en réfléchissant :
    – Oui mais, pour les attendre, il aurait fallu savoir d’avance où ils allaient !… Et si je l’avais su, mordieu, je n’aurais pas eu besoin de les attendre trois heures aux Tuileries, d’abord… Ensuite je n’aurais pas eu besoin de les guider jusqu’à la rue du Mouton.
    Et il s’admonesta consciencieusement :
    – Je me demande un peu quelle mouche me pique d’aller me plaindre au moment même où j’ai enfin trouvé ce que je cherchais vainement depuis un mois !… Que la quartaine [12] m’étouffe, plus je vais, plus je deviens un animal grognon, grincheux, à ne pas prendre avec des pincettes !… Si je n’y mets bon ordre, il n’y aura bientôt plus moyen de vivre avec moi, et je me rendrai insupportable à moi-même !…
    Et levant les épaules avec insouciance :
    – Bah ! qu’importe après tout ?… Pour le peu de temps qui me reste à vivre !… Retournons dans notre terrier où m’attend, sans doute, Valvert qui doit avoir heureusement terminé son affaire.
    Comme on le voit, Pardaillan n’avait aucune inquiétude au sujet de Valvert. L’idée ne lui venait pas qu’il pouvait, au dernier moment, se heurter à des obstacles inattendus, de nature à faire avorter cette entreprise qu’il croyait heureusement terminée.
    Valvert était demeuré un instant à la place où il avait pris congé des Espagnols, attendant qu’ils se fussent éloignés. Quand il ne les vit plus, à peu près sûr qu’ils ne reviendraient pas, il se tourna vers Landry Coquenard, et commanda :
    – En route, Landry… et attention à ne pas faire naufrage au port, surtout !
    – On veillera à ce que ce malheur ne nous arrive pas, répondit Landry.
    Ils plaisantaient tous les deux. Comme Pardaillan ils étaient sans appréhension, et ils considéraient leur expédition comme à peu près terminée. Mais, de ce qu’ils étaient sans inquiétude, il ne s’ensuit pas qu’ils allaient renoncer à toute précaution. Au contraire, ils se tenaient plus que jamais sur leurs gardes, ne voulant pas, ainsi qu’ils l’avaient dit, échouer au port par leur faute.
    Valvert prit la tête. Et il avança au pas, tendant l’oreille, fouillant d’un regard attentif le quai désert, sur lequel le voile du soir tombait lentement. Et il tenait la main sur la garde de l’épée, prête à jaillir hors du fourreau.
    Immédiatement derrière lui, l’attelage suivait. Près du cheval de volée, marchait Landry Coquenard. Le paysan se tenait assis, à la naissance des brancards, la lanière de son fouet autour du cou. Il n’arrêtait pas de maugréer des paroles confuses, parmi lesquelles revenait sans cesse, comme un refrain obsédant, le mot chevaux : l’attelage lui appartenait, c’était à peu près toute sa fortune, et il s’inquiétait pour ses chevaux.
    Ils allèrent ainsi jusqu’à la porte Neuve, sous laquelle ils passèrent. Ils touchaient au but. Plus qu’une minute ou deux, et, pour le coup leur mission serait enfin terminée.
    A ce moment, Valvert aperçut une troupe qui, à toutes jambes, venait à lui. Ils étaient une vingtaine, au moins. Et il n’y avait pas à se méprendre sur leurs intentions, attendu qu’ils avaient tous l’épée au poing. C’était Fausta. Elle était arrivée, comme elle

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