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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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c’est tout. Chez nous, en France, lorsqu’un gentilhomme a été pareillement déshonoré, il met la rapière au poing, charge, tue ou se fait tuer. Dans l’un comme dans l’autre cas, le sang versé lave l’atteinte faite à son honneur, et il se trouve réhabilité. Je vous assure qu’il n’en est pas un qui ne se croirait déshonoré deux fois en venant implorer du roi l’arrestation de son insulteur. Il paraît que vous ignoriez cela. Vous êtes excusable, parce que vous êtes étranger, et que peut-être chez vous les choses ne se passent pas de la même manière que chez nous. Vous le savez, maintenant. Or, puisque vous vivez chez nous et parmi nous, puisque vous vous sentez atteint par l’insulte qui a été faite à un des vôtres, vous savez ce qu’il vous reste à faire pour venger votre honneur outragé en vous conformant aux usages de chez nous. Je me porte garant que M. de Valvert qui, malgré sa vivacité, est un galant homme, ne refusera pas de vous accorder la réparation par les armes que vous ne manquerez pas, je pense, de lui demander.
    Ayant dit cela de cet air de pince-sans-rire, qu’il savait si bien prendre dans de certaines circonstances, Pardaillan, comme s’il jugeait que tout était dit, tourna délibérément le dos à Concini, et, au milieu d’un murmure approbateur, revint prendre place à côté du roi.
    La manœuvre que Pardaillan venait d’accomplir était habile. On était, alors, fort chatouilleux sur le point de l’honneur. En plaçant, comme il venait de le faire, la question uniquement sur ce terrain, il avait rallié à lui la presque unanimité des assistants. La question des violences commises par Valvert, ainsi que son manquement grave à l’étiquette, question sur laquelle Concini avait essayé de se maintenir, disparaissait complètement. On ne voyait plus que le fait brutal – c’est bien le mot : l’insulte mortelle reçue par un gentilhomme. Même les plus chauds partisans de Concini, ignorant ou oubliant les dessous de l’affaire, estimaient que l’arrestation qu’il demandait n’était pas une solution digne d’un gentilhomme, soucieux de venger l’atteinte faite à son honneur. Ils pensaient qu’une insulte pareille ne pouvait se laver que dans le sang. Les murmures approbateurs, qui avaient suivi les paroles du chevalier, disaient hautement que la noble assemblée était de son avis.
    Concini était trop fin pour ne pas le comprendre. Il vit que la partie était perdue pour lui, et il fut atterré. Néanmoins, il ne se rendit pas encore. Il espéra encore en imposer au petit roi, et tenta un effort désespéré.
    – Sire, bégaya-t-il, dois-je entendre que vous approuvez les paroles qui viennent d’être prononcées ?
    Mais le roi tenait le bon bout maintenant. Il le tenait d’autant mieux qu’il était sincère.
    – Voilà une question au moins étrange, dit-il. Ne suis-je pas le premier gentilhomme du royaume ? Je ne puis, envisager autrement qu’en bon gentilhomme une affaire d’honneur. Or, monsieur, le dernier des gentilshommes de ce pays vous dira qu’il est pleinement de l’avis de M. de Pardaillan. Je m’étonne que vous n’ayez pas encore compris ce que tout le monde ici a saisi du premier coup.
    Et, comme Pardaillan, il lui tourna le dos.
    Concini, écumant, recula lentement, courbé en deux. Mais, du même coup d’œil mortel, il assassinait à la fois et le roi et Pardaillan, et Valvert. Quand il fut hors du cercle, il se redressa, essuya d’un revers de main la sueur qui perlait à son front, et gronda :
    – Va, misérable intrigant, va, triomphe parce que tu as eu l’infernale adresse de capter la faveur de ce roitelet, incapable d’avoir une volonté à lui ! Mon tour viendra. Tout à l’heure, toi et ton fier-à-bras de compagnon, vous quitterez le Louvre… Alors, je veux fouiller vos poitrines de la pointe de mon poignard, en arracher le cœur et le jeter pantelant aux chiens errants, qui s’en disputeront les morceaux !…
    Le mouvement qu’avait fait le roi l’avait rapproché de Valvert. Il le vit. Il sentit que, pour sa propre dignité, il devait lui infliger un blâme public… quitte à le féliciter en dessous main. D’ailleurs, il ne se sentait pas encore assez armé contre le favori et il ne voulait pas avoir l’air de l’écraser définitivement en se montrant trop partial. Il prit un front sévère et commanda :
    – Approchez, monsieur, que je vous tance comme vous le

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