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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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virile.
    – Vous pouviez tomber sur une intrigante qui, par intérêt, n’aurait pas hésité à se tourner contre vous, à se prêter complaisamment à toutes les combinaisons louches de vos ennemis et à se faire leur complice. Au lieu de cela, vous avez cette chance inespérée de tomber sur une nature noble et généreuse, qui se prête docilement à tout ce que nous voulons, qui s’immole elle-même pour ne songer qu’à vous. Vous devriez vous sentir rassurée, remercier Dieu de cette grâce qu’il vous accorde dans votre malheur. Et vous vous plaignez. Vous n’êtes pas juste.
    – Tu diras ce que tu voudras, mais, pour moi, une seule chose pourrait me rendre la tranquillité que j’ai perdue : c’est si cette petite venait… à… disparaître.
    « C’est donc là qu’elle voulait en venir », songea Léonora. Et tout haut, froidement :
    – Si vous l’ordonnez, madame, le marchand d’herbes du pont au Change trouvera bien à nous donner quelque drogue qui vous en débarrassera à la douce.
    – Ainsi, tu m’approuves ? demanda Marie de Médicis avec une vivacité qui attestait qu’elle n’attendait que cette approbation pour agir.
    – Non, madame, je ne vous approuve pas, répondit Léonora avec le même calme sinistre. Je pense, au contraire, que vous ne pourriez pas commettre de faute plus grave et qui pourrait avoir des conséquences plus fatales pour vous que celle-là.
    – Pourquoi ? demanda Marie de Médicis sans cacher son dépit.
    – Parce que, expliqua Léonora, cette mort servira de prétexte à vos ennemis pour déchaîner le scandale. Parce qu’ils l’exploiteront de toutes les manières et qu’elle leur servira de preuve pour appuyer leurs accusations. Preuve morale, direz-vous ? D’accord, mais, convenez-en, cette preuve morale sera étrangement troublante. Non, madame, croyez-moi, il est trop tard maintenant pour recourir à ce moyen extrême. Vous vous perdriez infailliblement, au lieu de vous sauver. Non, ce n’est plus la violence qu’il faut employer, c’est la ruse. D’ailleurs, la besogne vous sera facilitée par votre fille qui nous aidera de toutes ses forces, comme elle va nous aider tout à l’heure. J’ai longuement réfléchi à cette affaire. Il m’est venu une idée, encore trop vague pour que je puisse vous l’expliquer. Je vais la mûrir, cette idée et, quand elle sera à point, je vous la soumettrai. Si je ne me trompe, je crois que c’est cela qui arrangera tout. Jusque-là, tenez-vous en au rôle que vous avez adopté ! C’est ce que vous avez de mieux à faire.
    – Je suivrai donc ton conseil, se résigna Marie de Médicis. Peut-être allait-elle reprendre ses lamentations, mais à ce moment Fausta fut introduite dans le retrait.
    Pardaillan ne s’était pas trompé quand il avait dit à Valvert qu’elle était femme à échafauder rapidement une autre combinaison pour parer à la défection du duc d’Angoulême. Cette défection, qu’elle connaissait maintenant (et Pardaillan en était sûr, pour la bonne raison que c’était lui qui l’avait fait aviser), avait été un coup des plus rudes pour elle. Cependant, elle s’était remise, et on voit qu’elle ne renonçait pas à la lutte. Avait-elle mis sur pied une autre machination ? C’est probable. Peut-être aussi s’obstinait-elle par orgueil, parce que son principal adversaire – le seul qui comptait à ses yeux – était Pardaillan et qu’elle ne voulait pas avoir l’air de fuir devant lui.
    Quoi qu’il en soit, elle était là, en présence de Marie de Médicis, prête à la lutte : lutte de femmes, toute de ruses et de perfidies, dissimulée sous des sourires et des caresses, qui n’en était pas moins féroce, acharnée. Et quand nous disons qu’elle était prête à la lutte, nous entendons à la lutte contre Léonora. Car il y avait beau temps qu’elle avait mesuré la valeur morale de Marie de Médicis, et elle savait que le seul adversaire vraiment redoutable qu’elle allait avoir à combattre, c’était la dame d’atour et non pas la reine.
    Marie de Médicis pouvait être d’une intelligence médiocre, cela ne l’empêchait pas d’être une comédienne remarquable, digne en tous points de donner la réplique à ces deux autres comédiennes incomparables qu’étaient Fausta et Léonora. Elle le fit bien voir en cette circonstance. Comme si elle ne l’avait pas vue, depuis quinze jours, elle accueillit Fausta, qu’elle avait quittée

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