La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
que des gens de passage, et il leur aurait été impossible de fermer aussi longtemps une route assurant le trafic d'un …tat à l'autre.
L'édition du mercredi 11 juillet continuait sur le même ton que les précédentes: LA NATIONALE 80 ROU-VERTE ! ABOLITION DE LA qUARANTAINE: PLUS DE CONTAMINATION EN PERSPECTIVE; LES PREMIERS EVACUES
RETROUVES: ILS N'ONT RIEN VU.
Les numéros du Sentinel avaient tous entre seize et trente-deux pages. Ces jours-là, la quasi-totalité des articles était consacrée aux conséquences de la fuite de gaz toxiques. Des journalistes étaient accourus de tout le pays et la feuille de chou qu'était le Sentinel s'était trouvée projetée en pleine lumière. En dépouil-lant les journaux, Dom et Ginger relevèrent un certain nombre de détails fort utiles à leur enquête et qui leur permettraient de planifier leur prochaine action.
Bien que cela ne relev‚t pas vraiment de leur pouvoir, les unités de l'armée en faction à Shenkfield avaient dressé des barrages routiers et fermé la nationale 80 sur une bonne quinzaine de kilomètres. Le shérif d'Elko Country et la police de l'état du Nevada n'avaient même pas été prévenus, ce qui allait à
l'encontre des procédures habituelles. Il était évident que les militaires ne comptaient que sur eux-mêmes pour garder le secret sur ce qui se déroulait dans la zone mise en quarantaine.
Après deux jours de frustration, Foster Hanks, le shérif d'Elko Country, s'était plaint à un journaliste du Sentinel: C'est ma juridiction et les gens m'ont élu pour que je fasse respecter l'ordre et la loi. Pas question que l'armée se mette à commander. Si les gradés refusent de coopérer avec moi, j'irai voir un juge pour qu'il fasse appliquer les textes et on verra qui a raison. ª Dans le numéro du mardi, on indiquait que Hanks était bien allé rendre visite à un juge mais que la crise fut terminée avant que l'homme de loi ne trouv‚t une solution; c'était, par la même occasion, la fin de toute procédure.
Penché au-dessus de la table, Ginger dit: Áu moins, les autorités ne sont pas toutes contre nous. La police d'…tat et la police locale n'ont pas été impliquées.
Notre seule adversaire est...
- L'armée des Etats-Unis, rien de moins. ª Dom ne put s'empêcher de rire, tellement cette affirmation était énorme. Ginger n'eut qu'un sourire. Ńous contre l'armée, même si la police et le shérif sont de notre côté, cela ne nous donne pas beaucoup de chances, hein ? ª
D'après le Sentinel, l'armée et l'armée seule contrôlait les barrages routiers de la 80, ainsi que les routes secondaires de la région bouclée. Son survol par les avions civils avait également été interdit, et des patrouilles d'hélicoptères la surveillaient de jour comme de nuit, équipés de projecteurs et de lunettes à infrarouges. Il fallait manifestement beaucoup de personnel pour contrôler un périmètre de quatre-vingts miles carrés, mais l'armée était bien déterminée, en dépit des difficultés, à arrêter quiconque aurait voulu y pénétrer, à pied, à cheval ou en 4 x 4.
´ Les gaz innervants comptent parmi les substances les plus dangereuses, commenta Ginger à l'intention de Dom, penché sur le journal. Mais ces mesures de sécurité me semblent tout de même excessives. Je ne m'y connais pas en guerre chimique, mais à mon avis aucune fuite de gaz ne pourrait être à ce point dangereuse aussi loin de l'endroit o˘ elle a eu lieu. D'après l'armée, il ne s'agit pas de tout un camion, mais seulement du contenu d'un cylindre. Dispersé sur deux ou trois miles carrés, la dilution l'aurait rendu pratiquement inoffensif.
- Ce qui renforce la thèse d'une contamination biologique.
- C'est trop tôt pour le dire. Mais c'était certainement plus sérieux que cette histoire de fuite de gaz. ª
Le samedi 7 juillet, soit moins d'un jour après la fer-
meture de la nationale, un journaliste de la radio avait remarqué que les uniformes de la plupart des militaires responsables de la mise en quarantaine présentaient, en plus des barrettes et des étoiles habituelles, un écusson inconnu: un cercle noir frappé d'une étoile vert émeraude. Ils différaient de ceux des hommes du centre d'essais de Shenkfield. Parmi ceux arborant l'étoile verte, le nombre d'officiers était assez élevé, un pour quatre hommes du rang environ. Un porte-parole de l'armée à qui la question fut posée expliqua que les soldats à l'étoile
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