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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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petits yeux porcins. Un de ces individus impitoyables et serviles que la pègre utilisait comme hommes de main. En d'autres temps, il aurait été un adepte du viol et du pillage dans les armées de Gengis Khan un spécialiste de la torture sous les nazis, une brute dans les camps de la mort de Staline ou encore un de ces Morlock de l'avenir, tel que les décrit H. G. Wells dans sa Machine à explorer le temps. Pour Jack, ce type était synonyme d'ennuis sérieux.
    Ils se surprirent mutuellement. Jack ne leva pas son calibre 38 pour lui mettre une balle entre les deux yeux, ainsi qu'il aurait d˚ le faire.
    ´ qu'est-ce que vous foutez là ? ª demanda le Morlock. C'est alors qu'il vit le sac de toile que traînait Jack de la main gauche, le revolver dans sa main droite. Il haussa les sourcils d'étonnement. ´ Max ! ª
    appela-t-il.
    Max était probablement le conducteur de la camionnette, mais Jack n'attendit pas le moment des présen-

    tations officielles. Il se rua dans l'entrepôt, referma la porte derrière lui et se jeta sur le côté au cas o˘ les balles se seraient mises à pleuvoir.
    La seule partie éclairée de l'entrepôt était le petit bureau situé tout au bout de la grande b‚tisse. Jack aperçut ses deux compagnons, Mort Gersch et Tommy Sung. Ils n'avaient pas l'air aussi réjouis que quelques minutes plus tôt.
    Ils avaient réussi à s'immiscer dans le réseau très privé de la Mafia en pénétrant dans ce b‚timent o˘
    venait s'entasser l'argent rapporté par la drogue dans la moitié de l'Etat du New Jersey. Des valises, des cartons et des sacs postaux bourrés de billets de banque étaient déposés à l'entrepôt par des dizaines de cour-siers, plus spécialement le dimanche et le lundi. Le mardi, les comptables de la Mafia arrivaient en costume Cardin pour calculer les bénéfices de la semaine écoulée. Tous les mercredis, des valises pleines de dollars partaient vers Miami, Los Angeles, New York et d'autres centres de la haute finance, o˘ des spécialistes issus de Harvard et de l'université Columbia inves-tissaient l'argent pour le blanchir-tout cela pour le compte de la Mafia, ou plutôt de la fratellanza, de la
    ´ fraternité ª. Jack, Mort et Tommy s'étaient tout simplement pointés au milieu des comptables avant de s'emparer de quatre gros sacs pleins de billets. ´ Mettons que nous soyons de nouveaux intermédiaires ª, avait dit Jack aux trois hommes de main qui, à présent, étaient ligotés dans le bureau de l'entrepôt. Mort et Tommy avaient éclaté de rire à cette plaisanterie.
    Mais maintenant, Mort ne riait plus. Il avait cinquante ans, le ventre rebondi, les épaules tombantes, une calvitie naissante. Il portait un costume sombre, un chapeau en taupé et un pardessus gris. Il ne quittait jamais son costume et son chapeau; en tout cas, Jack ne l'avait jamais vu vêtu différemment. Ce soir-là, Jack et Tommy avaient des jeans et des anoraks. Seul Mort ressemblait à un personnage sorti tout droit d'un film avec Edward G. Robinson. Le bord de son chapeau était un peu affaissé et son costume légèrement élimé.
    Sa voix était lasse. Il dit: Íl y a quelqu'un dehors ? ª
    quand Jack claqua la porte et se h‚ta de s'en écarter.
    Áu moins deux types dans une Ford, répondit Jack.
    - La Mafia ?

    -Je n'en ai vu qu'un, en fait, mais on aurait dit une expérience ratée de Frankenstein.
    -Bah, les portes sont toutes bouclées.
    - Ils doivent avoir les clefs. ª
    Les trois hommes quittèrent la lumière pour l'ombre plus propice d'une allée bordée de piles de caisses en bois et de cartons d'emballage posés sur des palettes.
    Les marchandises formaient des murailles de plus de six mètres de haut. L'entrepôt était immense et toutes sortes de marchandises y étaient stockées: postes de télévision par centaines, fours à micro-ondes, grille-pain par milliers, pièces détachées de tracteurs, éléments de cuisine, etc. C'était un établissement propre, bien rangé, mais l'atmosphère y était étrange, comme d'ailleurs dans tout entrepôt dont les employés sont partis. La neige fondue tombait de plus belle et chaque goutte faisait résonner les ardoises du toit, comme si une multitude d'infimes créatures cherchaient à percer les solives et les murs.
    ´ Je t'avais bien dit que c'était de la folie de s'en prendre à la Mafia ª, dit Tommy Sung. Il était métissé
    de Chinois et avait une trentaine d'années-quelques années de moins que Jack. ´ Les

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