La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
malades étaient là, les bras chargés de cadeaux.
On parlait haut dans les couloirs, on riait fort, et nul ne semblait s'en soucier. C'était NoÎl et, ce jour-là, tout est permis.
Il ne pouvait cependant y avoir plus de joie et de gaieté que dans la chambre d'une petite fille de dix ans, Emmeline Halbourg. quand le père Wycazik se présenta, il fut chaleureusement accueilli par toute la famille d'Emmeline qui, bien entendu, le prit pour l'un des aumôniers de l'hôpital.
D'après ce que lui avait dit hier Brendan Cronin, Stefan Wycazik s'attendait à trouver une petite fille en assez bonne condition, mais ce qu'il vit le surprit positivement: Emmy était resplendissante. Deux semaines plus tôt, toujours selon Brendan, elle était très atteinte par le mal, pour ne pas dire mourante. Mais aujourd'hui, ses yeux sombres brillaient et la p‚leur maladive de sa peau avait disparu. Ses articulations n'étaient plus gonflées et elle paraissait ne plus éprouver la moindre douleur. Ce n'était plus une gamine malade luttant vaillamment pour recouvrer la santé, mais une petite fille qui semblait en parfaite santé.
Le plus étonnant, c'est qu'Emmeline n'était pas couchée mais marchait dans sa chambre, soutenue par deux béquilles et faisant l'admiration des membres de sa famille. Le fauteuil roulant avait été enlevé.
´ Voilà, dit le père Wycazik, je voulais seulement te souhaiter un joyeux NoÎl de la part d'un de tes amis: Brendan Cronin.
-Bouboule! s'écria Emmy. Pourquoi ne vient-il plus nous voir ? Nous le regrettons tous !
- Je n'ai jamais rencontré ce monsieur Bouboule, dit la mère d'Emmeline, mais à la façon dont les enfants en parlent il vaut tous les docteurs.
-Il n'a travaillé ici qu'une semaine, dit Emmy, mais il revient de temps en temps. J'aurais bien voulu qu'il vienne aujourd'hui pour lui faire un gros bisou.
- Il a d˚ passer NoÎl avec sa famille, expliqua Wycazik.
-Je comprends. ª
Si Stefan Wycazik avait pu rester seul avec la fillette, il lui aurait posé des questions sur l'après-midi du 11 décembre. Ce jour-là, Brendan Cronin lui avait brossé les cheveux alors qu'elle se trouvait dans son fauteuil roulant. Il l'aurait interrogée sur les mystérieux cercles apparus sur les mains de Brendan, ces cercles qu'elle avait été la première à remarquer, et il lui aurait demandé si elle avait ressenti quelque chose de particulier quand il l'avait touchée. Mais il y avait trop d'adultes dans cette chambre et Stefan n'était pas encore prêt à révéler les raisons de sa curiosité.
Las Vegas, Nevada
Dans l'appartement de Jorja Monatella, la fête de NoÎl, qui avait débuté dans une atmosphère plutôt tendue à cause des remarques que Mary n'avait cessé de faire à sa fille, se déroulait maintenant tout à fait normalement.
Le déjeuner fut servi à midi vingt. La dinde était délicieuse. Marcie avait passé la matinée à jouer avec sa panoplie de docteur et semblait ne plus y penser. Elle mangea lentement, racontant à ses grands-parents ce qu'elle faisait à l'école, riant pour un rien. Le sapin clignotait de mille feux, la joie et la bonne humeur régnaient autour de la table. Un vrai NoÎl.
La crise éclata au dessert avec une fulgurance étonnante quand Pete dit à Marcie: ´ Je me demande comment un petit bout comme toi peut manger autant.
-Oh, grand-père !
-Je t'assure, tu as mangé plus que nous tous réunis. Encore une bouchée de tarte à la citrouille et tu vas exploser. Il va falloir qu'on t'emmène à l'hôpital.
- Pas à l'hôpital, dit Marcie à voix basse.
- Mais si, reprit Pete. Tu es toute gonflée et on va t'emmener à l'hôpital pour qu'ils te dégonflent.
- Pas à l'hôpital ª, répéta Marcie avec plus de force.
Jorja se rendit compte que la voix de sa fille avait changé, que la petite fille ne jouait plus et commençait à avoir vraiment peur de ce que son grand-père lui disait.
´ Pas à l'hôpital, dit encore Marcie, les yeux brillants.
-Mais si, dit Pete qui ne s'apercevait de rien.
- Papa, fit Jorja, je crois que nous...
- Bien s˚r, on ne pourra pas t'y emmener en ambulance, dit Pete en riant, tu es trop grosse pour ça. On va te mettre dans un camion et...
- Je ne veux pas aller à l'hôpital, je ne veux pas que les docteurs me touchent ! commença à crier Marcie.
- Voyons, ma chérie, fit Jorja, grand-père dit ça pour te taquiner, tu sais bien qu'il est taquin.
- Les docteurs vont me faire du mal, dit Marcie
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