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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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manger trois
ou quatre fois dans un autre restaurant.
     
    — Puis encore,
là, j'ai pas compté le tip.
     
    — Que je te voie
donner un tip, lui dit sa femme. Je vois pas pourquoi on en donnerait un. On a
été obligés d'aller se servir tout seuls au buffet.
     
    — Le serveur est
quand même venu ramasser les assiettes sales une couple de fois, lui fit
remarquer Gérard en sortant à regret de sa poche de pantalon les quinze dollars
qu'il devait payer en surplus.
     
    — Lui, qu'il
aille au diable! trancha Laurette en se levant péniblement.
     
    Gérard s'arrêta
un instant à la caisse pour régler l'addition et il prit au passage les
manteaux au vestiaire.
     
    — Ce qui
m'écoeure le plus, chuchota-t-il à sa femme alors qu'ils attendaient
l'ascenseur, c'est d'avoir pris du vin. Comme tu l'as dit, on n'aime pas ça ni
l'un ni l'autre. Si j'avais pas fait ça, le repas nous aurait rien coûté.
     
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    Le retour à la
maison ne fut guère facile pour une Laurette qui avait de la difficulté à
digérer. La descente ultrarapide en ascenseur lui avait mis l'estomac à
l'envers et la balade en voiture qui suivit n'avait guère amélioré les choses.
Dès son arrivée à l'appartement, elle se précipita aux toilettes en disant: —
J'ai besoin d'un Bromo-Seltzer. Pour moi, il y avait quelque chose de pas frais
dans ce que j'ai mangé, osa-
    t-elle avancer
avec une mauvaise foi évidente.
     
    — T'es sûre que
c'est pas plutôt d'avoir un peu trop forcé sur les desserts qui te met
l'estomac à l'envers? se moqua Gérard.
     
    — Laisse-moi
tranquille, toi! J'en ai mangé juste un peu, protesta-t-elle.
     
    — Pour moi, t'en
oublies des bouts, conclut Gérard en se dirigeant vers leur chambre à coucher dans
l'intention de se préparer pour la nuit.
     
    La semaine
suivante, tous les membres de la famille eurent droit à un récit
extraordinairement coloré de cette soirée de fête célébrée au Altitude 737. La
voix de Laurette pouvait prendre des accents lyriques pour décrire les mets
offerts dans leurs moindres détails. Évidemment, le couple se garda bien de
mentionner l'intervention un peu brusque de Laurette auprès de l'un des
serveurs.
     
    Chapitre 20
    Les fêtes Cette
année-là, les Montréalais durent attendre la fin novembre pour assister à la
première chute de neige de la saison et encore... Il en tomba alors à peine
plus d'un pouce, juste assez pour recouvrir la grisaille d'un automne qui n'en
finissait plus.
     
    — On n'a vraiment
plus les hivers qu'on avait, fît remarquer Laurette ce matin-là après avoir
jeté un coup d'oeil à la cour à peine couverte de blanc.
     
    — Plains-toi
donc, fit Gérard en finissant de manger son déjeuner. Il y a peut-être pas mal
moins de neige, mais on gèle autant que d'habitude. Cette semaine, il y a eu
deux matins que la Chevrolet a pas voulu partir.
     
    — À ta place, je
ferais ce qu'Armand t'a conseillé, dit sa femme. Laisse donc ton char dans la
cour et va travailler à pied. T'es pas si loin de ton ouvrage que ça.
     
    — Je vois pas pourquoi
je ferais ça quand mon gendre prend son char, lui, pour aller travailler à la
même place que moi, s'entêta Gérard.
     
    Cependant, à la
mi-décembre, il devint évident pour tous que la vieille Chevrolet avait
développé une nette aversion pour la saison froide. Dès que le mercure
descendait à moins de 10 °F, elle refusait obstinément de démarrer.
     
    Vaincu, son
propriétaire finit par renoncer à l'utiliser et
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    demanda à Richard
de venir la remorquer avec l'un de ses camions pour la ranger dans la grande
cour arrière, près de la clôture. Dès le lendemain, la vieille guimbarde bleue
se retrouva à cet endroit, à l'abri des chasse-neige municipaux.
     
    Une semaine plus
tard, l'hiver fit une entrée fracassante dans le sud du Québec. Ce jour-là, de
lourds nuages noirs, poussés par un fort vent du nord, s'amassèrent dans le
ciel de la métropole dès le début de la matinée. Puis quelques flocons épars se
mirent à tomber doucement, comme s'ils étaient chargés d'ouvrir la voie à ceux
qui allaient les suivre.
     
    En moins de dix
minutes, le ciel s'obscurcit et la neige se mit à tomber en si grande quantité
qu'il était presque impossible de voir de l'autre côté de l'étroite rue
    Emmett.
     
    — Si ça a de
l'allure, se plaignit Laurette en allumant le plafonnier de la cuisine. Vlà
qu'il faut allumer la lumière en plein jour pour voir clair, à cette

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