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La Gloire Et Les Périls

La Gloire Et Les Périls

Titel: La Gloire Et Les Périls Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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élevée soudain entre d’une part le duc d’Angoulême,
et d’autre part Schomberg et Bassompierre. Cours de ce pas chez Monsieur le
Cardinal. Il t’en dira plus.
    Là-dessus, il me donna mon congé en me souriant de l’air le
plus gracieux, ce qui ne laissa pas d’intriguer ceux qui se trouvaient là. La
brièveté de l’entretien augurait mal en ma faveur, mais le sourire final
contredisait cette hypothèse ou, devrais-je dire, cet espoir, tant la malignité
est répandue à la Cour, où toute disgrâce – sauf celle d’un ami ou d’un
proche – est accueillie avec un apparent regret et un secret plaisir.
    Comme je me démêlais enfin de la foule qui assistait au
lever du roi, je me sentis happé par le bras dextre et, me retournant, je vis
le chanoine Fogacer, lequel me souriait du haut de sa haute taille, ses
sourcils blancs relevés sur ses tempes. Il était fort étrangement vêtu pour un
chanoine d’un haut-de-chausses et de grandes bottes noires qui lui montaient
au-dessus du genou.
    — Mon ami ! dis-je, que faites-vous céans ?
Et comme vous voilà fait ! Vous êtes-vous réduit à l’état laïque ?
    — Je suis céans, dit Fogacer, avec ce long et sinueux
sourire que mon père, en ses Mémoires, a si bien décrit, parce que le nonce
apostolique s’y trouve, comme, du reste, quasiment tous les ambassadeurs des
royaumes étrangers, afin d’observer le siège.
    — Eh quoi ! dis-je en souriant, appellerez-vous le
Vatican un royaume étranger ?
    — Assurément non, le Saint-Père est notre père à tous et
les catholiques, étant tous ses fils, ne sauraient le considérer comme un
étranger. Cependant, le Vatican, s’il n’est pas étranger, est tout du même un
État distinct du nôtre…
    — J’aime ce distinguo.
    — Je l’aime aussi. Il explique que le nonce se trouve céans,
et moi de même.
    — Monsieur le Chanoine, je trouve votre entretien
toujours si agréable : vous expliquez toujours tout si bien. Y a-t-il
aussi une raison pour ces émerveillables bottes qui vous montent au-dessus du
genou ?
    — Évidente : le camp autour de La Rochelle n’étant
qu’un vaste marécage, la seule question raisonnable qui se pose à tous est de
savoir si on va patauger dans la boue avec ou sans bottes.
    Il ajouta en baissant la voix :
    — Et de reste, puisque vous allez voir une robe
pourpre, vous la trouverez attifurée comme moi.
    — Mon ami, comment savez-vous que je vais voir cette
robe-là ?
    — Louis vous a donné à voix basse le principe d’une
mission. De toute évidence, la robe pourpre vous en précisera les détails.
C’est ainsi, j’imagine, que les choses se passent entre vous.
    — Savez-vous aussi où gîte celui que vous dites ?
    — Assurément. Au Pont de Pierre.
    — Du diantre si je sais où cela se trouve…
    — Voulez-vous que je vous y conduise ? Oh !
Comte ! Vous voilà tout soudain réticent ! Rassurez-vous ! Je
vous montrerai le logis de loin mais je n’y mettrai pas le nez ! Le nonce
prendrait des ombrages et des soupçons, si on me voyait entrer chez celui que
vous dites.
    — J’accepte alors volontiers votre offre. Mais je n’ai
point de carrosse. Êtes-vous monté ?
    — De force forcée, bien que cela convienne peu à un
chanoine.
    — Et où est votre monture ?
    — Mais aux mains de votre écuyer, auquel je l’ai donnée
à garder avant d’entrer céans. Que je le dise en passant, votre Nicolas est
joli à damner un saint, ou, devrais-je dire plutôt, une sainte. Comte, vous
avez bien de la chance. Étant connu urbi et orbi pour un fervent
adorateur du gentil sesso , personne, en voyant votre Nicolas, n’irait
vous soupçonner d’être de l’homme comme un bourdon.
    — Mon cher Chanoine, à ouïr ce propos, il me semble
qu’il trahit un certain regret des tumultes de votre vie passée.
    — Hélas ! dit Fogacer, avec son long et sinueux
sourire, il y a deux sens au mot « regretter ». Ou bien vous
regrettez vos folies. Ou bien vous regrettez le temps où vous les avez
commises.
    — Et lequel de ces deux sens a votre préférence ?
    — Là-dessus, Comte, je resterai bouche cousue.
    — Et à y penser plus outre, vous faites bien. Je n’ai
pas vocation à ouïr les péchés des autres. Les miens me suffisent.
    — Plaise à vous, Comte, de revenir à nos moutons. Donc,
vous me prenez pour guide ?
    — Avec joie.
    — La grand merci, Comte. Et pour vous mercier plus
outre, je vous dirai

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