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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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moins
de six semaines [114] .
De plus, le Plan Schlieffen aurait pu avoir des conséquences désastreuses
si le Plan XVII avait été plus réaliste. Un habile positionnement des
troupes françaises face à la frontière belge, comme l’avait préconisé le
général Michel en 1911, aurait sans doute permis de contrer des troupes
allemandes essoufflées par la traversée de la Belgique. La capacité des Russes
à mobiliser leurs forces armées et plus particulièrement l’évaluation de cette
capacité par les militaires allemands furent donc parmi les facteurs
stratégiques les plus pernicieux qui contribuèrent à jeter l’Europe dans le
premier conflit mondial. En pensant se libérer des contraintes, en élaborant un
plan de guerre prévoyant dans le temps et dans l’espace les plus infimes
détails de la bataille, les stratèges allemands réduisirent en réalité leur
liberté de manœuvre et construisirent l’un des rouages qui allaient conduire
mécaniquement à l’éclatement de la guerre [115] .
    Par ailleurs, le Plan Schlieffen, fruit du culte de l’offensive,
reposait sur une image faussée de la guerre nouvelle. Ni les Allemands, ni les
Français n’avaient pris en compte les enseignements stratégiques des premières
guerres considérées comme modernes. La guerre civile américaine, la guerre de
1870, et le conflit russo-japonais, champs d’expérimentation pour de nouvelles
armes, avaient clairement démontré que deux innovations techniques
fondamentales venaient de bouleverser les règles de la guerre. L’apparition du
chemin de fer et celle du moteur à explosion conjuguées à la constitution de
vastes réseaux ferroviaires et routiers allaient permettre aux nations
européennes les plus avancées de multiplier par six la rapidité de mobilisation
de leurs troupes par rapport à la période napoléonienne. Bien que cet élément
fût intégré dans la conception des plans, les états-majors n’avaient pas
compris que cette révolution technique consacrait la supériorité des théories
défensives sur les préceptes offensifs. En effet, le chemin de fer, au lieu d’être
perçu uniquement sous l’angle offensif, aurait pu renforcer la thèse selon
laquelle une politique défensive sur deux fronts était tout à fait
envisageable, des déplacements permanents de troupes permettant de renforcer
les fronts à tour de rôle en fonction de la situation. Mais parmi les
principales innovations techniques, c’est incontestablement l’amélioration
considérable de la puissance de feu de l’armement qui aurait dû militer en
faveur d’une politique stratégique défensive. Cette croissance spectaculaire de
la densité du feu, éprouvée dans le sang lors des batailles de Gettysburg,
Saint-Privas, Plewna et Moukden, témoignait déjà de l’archaïsme des thèses
offensives. Les théoriciens du feu n’avaient pas réellement pris conscience de
ce qu’impliquait la fin d’une certaine forme de guerre de mouvement au profit d’un
affrontement plus statique. Dans ce nouveau contexte, l’offensive devenait
impossible, la consommation importante de munitions de plus en plus puissantes
et efficaces menait inévitablement à l’extermination des combattants. En fait,
la Première Guerre mondiale, après la courte phase de guerre de mouvement de
1914 et le massacre des troupes d’active lors des batailles de la Marne et de
la Somme, allait voir la concrétisation logique de cette hypothèse. Les
stratégies élaborées par les belligérants à l’aube du conflit reposaient à la
fois sur la mobilité et, surtout, sur la certitude qu’une offensive résolue
emporterait la décision rapidement. Les développements militaires de l’automne 1914
prouveront dans le sang que ces conceptions étaient erronées. Il faudra
pourtant de longs mois et des dizaines de milliers de morts pour que les
états-majors se résignent enfin à l’admettre.
La mêlée des Flandres et la fin du mouvement
    L’année 1915, la première de la guerre immobile, fut la plus
meurtrière du conflit, l’année du martyre de l’infanterie d’active. Elle
illustra de manière dramatique l’impasse tactique à laquelle se heurtèrent les
stratèges des armées belligérantes. Au lieu d’une guerre courte et surtout
mobile comme on l’avait imaginée, on sombrait dans une gigantesque guerre de
siège… L’adaptation à cette technique de combat, qui contrariait les esprits
tournés vers l’offensive, fut

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