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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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capacités de défense de l’adversaire.
Le médiocre bilan des compagnies Z
    En raison de la destruction des archives allemandes au cours
de la Seconde Guerre mondiale, mais également de l’inexplicable pauvreté des
archives françaises sur cet aspect des hostilités, il est très difficile de
dresser un bilan complet des opérations chimiques françaises par vagues entre
1916 et 1918. Jusqu’à présent, les rares travaux consacrés à cet aspect de la
guerre sont restés incomplets ou, pire encore, truffés d’erreurs grossières.
Les premiers mois du programme français de guerre chimique furent marqués, nous
l’avons constaté, par une étrange inertie que l’on pouvait mettre sur le compte
d’une certaine irrésolution. Au lendemain de l’attaque allemande du 22 avril,
les autorités militaires françaises entendaient produire leurs premières nuées
dérivantes dès le mois d’août. En raison de la pénurie de chlore liquide, ce
projet ne put être réalisé. Ainsi, à la fin du mois de novembre 1915, les
Français préparaient toujours leur réplique chimique. Des officiers français de
la II e  armée, délégués auprès des troupes britanniques, avaient
été chargés de tirer les enseignements tactiques des attaques anglaises par
nuées dérivantes dans l’optique d’une opération française. Les principales
conclusions de cette étude étaient les suivantes : l’attaque devrait se
dérouler dans un secteur du front où l’ennemi aurait concentré des forces
importantes, à un endroit où les tranchées seraient rapprochées l’une de l’autre.
« Plus il y aura de monde dans le secteur choisi, plus il y aura d’intoxiqués,
plus rémunératrice (…) sera l’opération » [384] , affirmait ainsi
le général Pétain. L’émission devrait également se faire de nuit, sur un
large front, et comporter un certain nombre de reprises, séparées par des
pauses de quelques minutes, dans le but de faire croire à l’ennemi que l’attaque
était terminée, qu’il n’y avait plus rien à craindre, et de l’inciter ainsi à
ôter son masque. L’infanterie pourrait alors donner l’assaut et tenter de s’emparer
des positions ennemies. Dans le même temps, des études météorologiques
complètes furent entreprises dans le but de collecter des informations fiables
sur l’ensemble du front [385] . Une note
secrète du GQG fut rédigée dans le but de préciser les procédés d’émission des
gaz par les compagnies de sapeurs [386] . Un mois plus
tard, une notice [387] ,
également confidentielle, fut diffusée auprès des unités concernées. Elle
reprenait les conclusions de la note secrète du mois de novembre mais d’une
manière plus didactique.
    Dans le cadre d’une opération confiée au général Pétain [388] dans l’Aisne,
les compagnies Z [389] installèrent, au
prix d’un effort colossal, un grand nombre de cylindres pressurisés de chlore
près du Mont Têtu. Le lâcher de gaz, planifié pour le 3 décembre 1915,
fut repoussé à plusieurs reprises avant d’être définitivement annulé à la
mi-décembre pour des raisons essentiellement météorologiques, mais également
techniques (la robinetterie des cylindres pressurisés était souvent
défectueuse), et cela malgré l’opposition du général Castelnau [390] , partisan de l’opération
en dépit des difficultés rencontrées. Cet échec mettait un terme aux velléités
françaises de réplique chimique pour l’année 1915. Plusieurs raisons peuvent
être avancées pour expliquer le manque de vigueur et les retards incessants du
programme chimique militaire français au début du conflit. D’une part, et
malgré les encouragements répétés du GQG, particulièrement de Joffre et de
Foch, peu d’officiers supérieurs français accordaient un quelconque crédit à
cette forme de combat jugée déshonorante. D’autre part, de nombreuses
personnalités, tant civiles que militaires, faisaient remarquer, non sans
pertinence, que des populations civiles françaises importantes vivaient
derrière les lignes allemandes, parfois à proximité immédiate du front, et que
les nuages dérivants ne manqueraient pas de provoquer des pertes importantes
parmi ces hommes et femmes. De telles conséquences étaient jugées intolérables [391] .
En fait, la raison majeure de cette relative apathie résidait dans la pénurie
en chlore. Dans les premiers mois du conflit, les Français étaient totalement
dépendants

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