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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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13 janvier 1916,
ce document [371] dressait une liste des opérations chimiques menées depuis avril 1915 et
relevait les difficultés rencontrées lors de ces offensives. Toutefois, il
avançait peu de recommandations précises. La seule indication tangible contenue
dans ce document consistait à recommander l’augmentation de la densité des
nappes à un minimum de 40 t de toxique par kilomètre de front dans la
mesure où l’ennemi avait considérablement amélioré les performances de ses
masques respiratoires. La timidité des vues exprimées témoignait de l’état d’esprit
pour le moins circonspect de Falkenhayn à l’égard des émissions de gaz.
    Au cours de l’année 1916, les Allemands menèrent une
vingtaine d’émissions de nuées dérivantes. Peu à peu, les pourcentages de
chlore et de phosgène évoluèrent vers des ratios proches de 50/50 et la densité
des nuages fut portée à 50 t/km de front. De plus, les Allemands
généralisèrent une technique dite « d’ouverture fractionnée » des
cylindres, inaugurée à la fin novembre 1915 [372] . De fait, en
libérant en trois fois à intervalles réguliers la totalité du chlore-phosgène,
il était possible d’en étendre dans le temps la persistance des concentrations
létales sur l’objectif et de saturer ainsi les capacités de défense de l’ennemi.
À partir de cette date, et en raison de cette nouvelle tactique qui exigeait
une préparation accrue, les attaques allemandes se déroulèrent presque
uniquement dans des secteurs calmes du front et n’étaient pratiquement jamais
suivies d’une action de l’infanterie. Ces opérations ne visaient qu’à provoquer
le maximum de victimes dans les rangs de l’infanterie ennemie. À cet effet, et
dans le but de surprendre l’adversaire, les attaques étaient déclenchées durant
les heures les plus sombres de la nuit. Mais cette préparation importante
permettait, dans bien des cas, à l’ennemi de détecter la nature des préparatifs
allemands, ce qui réduisait considérablement l’efficacité de l’attaque. Malgré
la disparition de nombreuses archives allemandes évoquant cette période, il est
possible de retracer brièvement les opérations chimiques menées par les forces
allemandes en 1916. La première attaque chimique allemande de l’année 1916 se
déroula à partir de 5 heures le 21 février contre des troupes
françaises (VI e  armée) au sud de la Somme entre Fouquescourt et
Lihons sur un front de 7 km. Elle provoqua de nombreuses victimes (175 morts
et 919 évacués) [373] .
En avril, les Britanniques essuyèrent trois attaques dont deux dans la région
de Hulluch et de Loos ; en juin ce fut encore au tour des Français à deux
reprises. Puis à partir de l’été, les Allemands déplacèrent leurs troupes
chimiques vers le front oriental, et menèrent sept attaques par nappes
dérivantes dans le nord de la Pologne, à l’est de Vilnius et près de Riga [374] .
Une unique attaque, qui fut d’ailleurs l’une des dernières de ce type contre
les Britanniques, eut lieu le 8 août 1916 à Wieltje près d’Ypres et
fit 804 victimes dont 370 mortellement atteintes [375] .
    Au sujet des attaques allemandes des 27 et 29 avril 1916
près de Hulluch, on dispose d’archives relativement complètes [376] . Cet épisode est particulièrement révélateur des
incertitudes et des difficultés liées aux attaques par nuées dérivantes. Au
début du mois, les troupes spécialisées allemandes avaient commencé à installer
près de 7 400 cylindres sur un front de 3 km à Saint-Élie au sud
de Loos. La phase préparatoire fut méticuleuse et s’étendit jusqu’à la fin du
mois. Enfin, le 27 avril à 5 heures, le gaz contenu dans 3 800 cylindres
fut relâché dans un vent de nord-est soufflant à 2 m/s. Une deuxième vague
suivit à 7 heures et quelque temps après, les troupes bavaroises s’élancèrent
à l’assaut. Les victimes britanniques causées par les gaz s’élevèrent à 486
dont 135 décédèrent [377] .
L’opération fut renouvelée deux jours plus tard. Cette fois-ci, le contenu de 3 600 cylindres,
soit 48 t de chlore-phosgène par kilomètre, fut libéré dans l’atmosphère.
Mais cinq minutes plus tard, alors que le gaz s’échappait encore des cylindres,
le vent, qui jusque-là soufflait faiblement vers les lignes britanniques,
tomba, et changea subitement de direction. La nappe mortelle reflua vers les
lignes allemandes,

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