Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
Vom Netzwerk:
en savoir plus au niveau de votre bonus. J’espère que vous avez obtenu ce que vous souhaitiez   ! lâcha Homsley, soudain courtois, quoique légèrement déçu de devoir faire une croix sur sa partie de tarot.
    Homsley, comme beaucoup d’Anglais qui s’y entendaient en affaires, était fasciné par l’insolente réussite de la compagnie commerciale du nom de Jardine & Matheson où travaillait Stocklett en tant que chef du service de la comptabilité. Le bilan financier de cette firme était en effet l’un des plus florissants parmi toutes les entreprises du Royaume-Uni.
    Il faut dire que l’Écossais William Jardine avait eu une sacrée intuition lorsque, après quinze années passées comme infirmier sur les navires de l’East India Company M , il avait décelé dans l’opium, extrait de la fleur de pavot - une plante cultivée à grande échelle en Inde -, « la   » marchandise idéale pour qui voulait s’adonner au commerce avec la Chine et s’enrichir rapidement. Les autorités britanniques, soucieuses d’équilibrer la balance commerciale du royaume très affectée par les importations de thé - dont les Anglais avaient déjà fait leur boisson nationale —, de soie, de coton et de porcelaine en provenance de ce pays, encourageaient par tous les moyens les exportations vers l’Empire du Milieu. A cet égard, l’opium, qui était produit en Inde et ne coûtait presque rien aux Anglais, était le produit miracle, la denrée qui ne demandait qu’à être importée en Chine. Il suffisait d’obliger les Chinois à en consommer et, l’accoutumance faisant le reste, le tour serait joué.
    Un jeu d’enfant auquel il suffisait de penser.
    Et William Jardine avait été l’un des tout premiers à fleurer l’extraordinaire aubaine commerciale que constituait l’extrait de fleur de pavot.
    La vraie chance de cet homme d’affaires hors pair avait été de rencontrer, en 1827, celui avec lequel il s’était associé : James Matheson, un compatriote d’Edimbourg issu, contrairement à lui, d’un milieu plutôt aisé ; un bougre qui, à peine ses études supérieures achevées, avait décidé de partir en Inde pour s’y enrichir le plus vite possible. Arrivé à Calcutta, l’équation à résoudre était apparue au jeune Matheson d’une simplicité biblique. Il lui avait suffi de faire parler, tout en leur versant des rasades d’un vieux cherry, l’un des sous-directeurs chenus et avinés de l’East India Company et le directeur de l’administration des douanes locales, qui étaient comme lui originaires d’Écosse, et l’affaire était dans le sac.
    A l’instar des dirigeants de la Compagnie des Indes orientales, qui l’avaient compris depuis belle lurette, Jardine et Matheson savaient mieux que personne que la bonne façon de s’enrichir et de faire rentrer de l’argent dans les caisses d’une firme est de vendre le plus cher possible ce qu’on achète le moins cher possible.
    Pour servir de contrepartie aux exportations chinoises de thé que la demande britannique avait fait exploser depuis des années, la Compagnie avait décidé de proposer aux Chinois de la teinture d’indigo. Pendant une bonne dizaine d’années, les Anglais avaient inondé la Chine de quantités astronomiques de suc d’indigotier. Les grossistes rétrocédaient à leur tour et à prix d’or aux manufactures impériales de soie cette marchandise que la plupart des dirigeants corrompus jusqu’à la moelle se contentaient de stocker dans d’immenses jarres. Jusqu’au jour où, le pot aux roses ayant été découvert, les manufactures avaient été contraintes de cesser d’acheter cette matière coulante qui ne servait à rien.
    À Calcutta, c’était la panique. Toute la stratégie de la Compagnie des Indes orientales était à revoir de fond en comble. Heureusement pour elle, pendant que la demande chinoise en indigo chutait drastiquement, celle en opium avait commencé à monter de façon vertigineuse. Mais l’orgueilleuse East India répugnait à changer son fusil d’épaule en troquant l’opium contre l’indigo.
    Elle se trouvait de surcroît en porte-à-faux. Déjà interdite par l’empereur de Chine au début du XVIIe siècle, la consommation d’opium avait été officiellement prohibée par un édit impérial en 1729. La teneur de ce texte avait été signifiée à l’East India qui s’était empressée - il est vrai que, à ce moment-là, cela ne l’engageait pas à grand-chose - d’y

Weitere Kostenlose Bücher