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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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dépassant d’un tapis, cette chose invisible et mortelle qui me cherche, qui me connaît, qui m’attend. Une balle pour ma tête, une fin éclatée, une histoire triste ce soir sous la lampe dans ma casemate, et une balade en traîneau le long de la rive jusqu’aux chambres froides des grottes. Tania me dira peut-être adieu près de la Volga cet après-midi ; demain à l’aube, elle viendra se poster à cet endroit, derrière le mur, pour me venger. La neige couvrira-t-elle mes traces de sang avant qu’elle ne puisse jurer vengeance sur elles, avant que mon fantôme ne vienne flotter à cet endroit pour la protéger ?
    Rien dans les décombres. Rien dans les bâtiments, les ombres, les plaques de neige, les tranchées, les chars, les trous d’obus.
    Rien. Où il est ?
    Un bruissement derrière lui troubla sa concentration. Il écarta son visage du périscope, se tourna vers Koulikov, agenouillé à côté de lui, immobile, regardant fixement dans son propre périscope. Zaïtsev se pencha en arrière et, pardessus l’épaule de Koulikov, vit Danilov se redresser lentement, sa bedaine remontant le long de la paroi. Il tenait son périscope plaqué sur son visage, et ses joues se gonflaient, sous les yeux cachés, comme de la pâte à beignet.
    — Baisse-toi, lui intima Zaïtsev.
    Depuis combien de temps il se tient comme ça ? J’aurais dû garder un œil sur lui.
    D’une voix tendue comme une corde d’arc, Danilov répliqua :
    — Je le vois, ce salaud.
    Avant que Zaïtsev puisse répondre, Danilov se redressa complètement. Sa tête coiffée du casque et les épaules de sa capote dépassèrent du mur.
    — Il est là-bas ! s’écria le petit homme, lâchant son périscope d’une main. Je vais vous le montrer !
    — Baisse-toi !
    Koulikov lâcha son périscope, glissa sur la droite, saisit le commissaire par les jambes pour le tirer à l’abri.
    À cet instant, Danilov fut projeté en arrière, bras et jambes barattant l’air. Il heurta le sol si durement que le casque tomba de sa tête.
    Cette tête était indemne : blessure en haut de la poitrine. Avant même que Danilov touche le sol, Zaïtsev avait vu le trou percé dans le grand manteau, sous la clavicule droite.
    Danilov demeura immobile quelques secondes. Zaïtsev et Koulikov aussi, stupéfaits qu’ils étaient par l’imprudence folle du commissaire et par la soudaineté de la balle. Il n’était resté au-dessus du mur que deux secondes, mince intervalle de temps qui avait suffi à Thorvald pour le toucher.
    Il se mit à agiter les jambes, à se trémousser comme un saumon échoué qui lutte pour regagner le lit de la rivière. Le dôme de son ventre tressautait, son dos s’arquait au-dessus du sol. Il roula d’un côté à l’autre en battant des bras.
    Zaïtsev se pencha pour le maintenir ; Koulikov s’assit sur ses jambes. Il est sous le choc, pensa le Lièvre, il faut le maîtriser jusqu’à ce qu’il reprenne ses esprits ou qu’il tourne de l’œil.
    Danilov gémit, essaya de se relever.
    — Reste tranquille ! lui cria Koulikov dans l’oreille. La douleur va passer !
    — Lâchez-moi, bon sang ! piaillait le commissaire. Lâchez-moi !
    Zaïtsev examina ses yeux : ils étaient clairs, grands ouverts.
    — Lâchez-moi ! Je vais le tuer, ce fils de pute ! Je vais le tuer moi-même ! Il m’a tiré dessus, ce salaud ! Laissez-moi me lever, je vais le tuer !
    Zaïtsev et Koulikov relâchèrent leur étreinte. Danilov se redressa, le visage cramoisi, les veines des tempes et du cou saillant sous la peau. C’était sa rage et non sa blessure qui le mettait en état de choc.
    Il baissa les yeux vers son épaule droite. Des fils de laine grise se hérissaient autour de la déchirure du tissu comme si de l’air s’échappait du trou percé dans son corps. Zaïtsev ne vit pas de sang, mais il savait que, sous le manteau et la veste, le commissaire devait saigner abondamment.
    — Merde ! s’exclama Danilov en tremblant.
    Zaïtsev posa une main sur l’épaule indemne et s’enquit :
    — Ça ira ?
    — Oui, je survivrai. C’est la première fois que je reçois une balle. C’est douloureux.
    — Il paraît. Il faut qu’on te ramène à l’arrière, maintenant.
    — J’aimerais beaucoup rester, mais je crois que je saigne.
    Le Lièvre sourit. Danilov cligna les yeux, étira les lèvres en un sourire hésitant, fit signe qu’il voulait s’allonger de nouveau. Zaïtsev plaça ses mains sous le cou de Danilov pour le soutenir

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