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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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à la balle dans l’épaule de Danilov, au sang qui chauffait le flanc et la jambe du commissaire, qui coulait peut-être dans sa botte. Comment en était-on arrivé là ? Batiouk m’a donné pour mission de trouver et de tuer le Professeur. Pourquoi ? Pourquoi tant d’efforts pour éliminer un seul homme ? Pourquoi les balles dans les corps de Shaïkine, de Morozov, de Baugderis, de Danilov, des infirmières ? Pourquoi je suis là, livrant un duel à mort avec un seul tireur d’élite au lieu d’opérer dans les usines pour protéger les troupes russes ?
    La réponse était dans la posture que prenait Danilov malgré sa douleur. Stalingrad n’est plus une bataille pour un point sur une carte. C’est devenu une guerre d’idées entre Hitler et Staline, entre les généraux des deux armées qui saccagent cette terre, détruisent ces maisons. Stalingrad est le coup de poignard le plus profond du Führer dans la Russie, il n’est pas question pour lui d’y rester bloqué. De même, Staline oppose la résistance la plus ferme dans la ville qui porte son nom. Connaissant son importance stratégique pour Hitler, Staline a condamné la ville à mort afin de préserver la vie de la rodina. Et le résultat réel, tangible, des idées de ces deux dirigeants, concoctées dans la sécurité de leurs forteresses, coule en ce moment du corps de Danilov : du sang. Des cadavres et des ruines : voilà qui est bien plus réel que des idées, mais beaucoup moins important pour les gouvernants. Lancés l’un contre l’autre tels des coqs de combat, Thorvald et moi ne sommes plus des hommes mais des idées. Pour les propagandistes comme Danilov, pour les journaux et pour les généraux, pour Hitler et pour Staline, c’est le Lièvre contre le Professeur, la légende russe contre la merveille allemande. De celui de nous deux qui recevra la balle couleront non pas du sang, mais un titre et un article ; les plans d’un des dictateurs seront réalisés, ceux de l’autre discrédités.
    Bon, colonel, ce n’est pas avec des rêveries que je te tuerai. Il me faudra une balle. Alors, au boulot.
    Zaïtsev ramassa son casque, le remit sur sa tête. L ‘acier était froid d’être resté par terre. Il prit le périscope de Danilov. Je n’ai rien vu. Koulikov n’a rien vu. Danilov a vu un casque se déplacer.
    Comment Thorvald a-t-il pu tirer sans que Koulikov ou moi voyions un éclair ? Le Professeur est au niveau du sol, mais il doit être enfoui dans l’ombre, niché dans l’obscurité. Où peut-il se cacher pour nous voir et tirer sans avoir à se soucier de l’éclair sortant de son fusil, sans craindre un reflet du soleil sur sa lunette ? Il doit se terrer dans un endroit soigneusement camouflé, un endroit où je ne penserais jamais à le chercher, où il était sûr que je ne regarderais pas quand il a pressé la détente et que son arme a craché sa langue de feu.
    Zaïtsev se rappela la scène : Danilov n’était resté debout que deux secondes, pas plus. Thorvald doit se trouver près pour tirer comme ça, pour voir aussi clairement à travers la fumée et la poussière avec le soleil dans les yeux. Et l’anneau régulier autour de la blessure ? Une bouche ouverte murmurant avec la voix de son grand-père.
    Où ?
    Thorvald a un assistant. Il lui a ordonné de refaire le coup du casque sur un bâton. Il doit être près du mur — derrière ou devant — pour donner ses instructions à cet homme. Probablement à moins de dix mètres.
    Où ?
    Zaïtsev balaya le terrain du regard à travers le périscope, traça mentalement, à droite et à gauche, les limites du périmètre dans lequel le Professeur devait se trouver pour toucher Danilov, pour que la balle fasse un trou régulier, entouré d’un anneau régulier, dans la chair du zampolit.
    Sur le bord gauche de la zone ainsi délimitée, il inspecta plusieurs cratères de bombes, une fontaine renversée et un char allemand brûlé. Le tank était tourné vers l’est, vers la position de Zaïtsev. Il l’avait examiné une centaine de fois ces deux derniers jours, mais la carcasse métallique vide prenait maintenant une signification nouvelle. Thorvald était-il à l’intérieur ? Peut-être. Le blindé se trouvait assez près du mur pour lui permettre de parler à son assistant. Thorvald pouvait facilement se glisser sous le char avant l’aube, y pénétrer par l’écoutille de secours. Il pouvait tirer par la meurtrière avant, ou par le trou laissé quand on

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