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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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champ de bataille au lieu de se déplacer lentement » imperceptiblement, pour éviter de se faire repérer. Non, ce périscope n’est pas dans les mains d’un tireur d’élite, du moins pas d’un tireur averti. Ce doit être un tiers, un officier sans expérience ou un observateur.
    Mond m’a avoué qu’il avait prévenu les rouges de ma présence. L’idiot d’en face est peut-être quelqu’un venu pour être témoin de notre petite guerre. Un officier de renseignements, un correspondant pour leur stupide feuille de chou donnant des nouvelles du front, que sais-je. Mais certainement pas un tireur d’élite.
    Je pourrais loger une balle dans ce périscope. Je pourrais flanquer la frousse à ce guetteur maladroit ; je pourrais l’arroser d’éclats de verre, lui et Zaïtsev, qui se tient sûrement à côté. Pourquoi le Lapin ne lui dit-il pas de rester baissé ou de ficher le camp et de laisser les tireurs faire leur travail ? Ce crétin n’a pas sa place ici. Je pourrais augmenter la pression de mon doigt pour lui en administrer la preuve. Je me demande ce que ferait le périscope vacillant si j’ordonnais à Mond de montrer le casque.
    Je ne le ferai pas, parce que c’est trop facile. Zaïtsev cherche à m’appâter. Oui, c’est ça. Il attend que je tire, il m’offre cette cible comme une pierre à lécher. Je le vois, maintenant : il y a un piège dans l’œil borgne de ce périscope. Je ne sortirai pas de mon repaire, Lapin. Tu dois trouver mieux.
    Ce périscope. Ridicule. Je pourrais faire exploser le miroir et les lentilles, Zaïtsev ne verrait pas l’éclair de mon coup de feu. Je suis tapi assez loin dans l’obscurité de ce trou. Pour le voir, il faudrait qu’il regarde droit dans ma direction. Une balle en plein milieu du périscope, si ce crétin voulait bien rester un moment sans bouger.
    Ce serait agréable de montrer directement au Lièvre à qui il se mesure.
    Attends. Sens ton arme se fondre avec tes mains. Le bois contre les paumes, la peau du fusil, mon sang qui réchauffe le bois. Ma joue contre la crosse, ma joue immobile comme du bois. Le métal contre mon orbite et, sous mon doigt, la détente, lisse, une peau elle aussi mais plus dure, exigeant quelque chose de moi. La lunette aspire mon œil et le projette, grossi, vers ce périscope. La détente veut quelque chose de moi.
    Soudain le périscope s’éleva plus haut au-dessus du mur, suivi d’un casque et de la partie supérieure d’une poitrine. L’homme tendit le bras, le pointa vers Thorvald.
    Il fit feu.
    Que s’est-il passé ?
    L’homme s’écroula.
    Mon Dieu ! Que s’est-il passé ? J’ai tiré.
    Thorvald lâcha son fusil. Le bruit de la détonation, capturé et renvoyé par la tôle, résonnait à ses oreilles. Il s’écarta de l’ouverture entre les briques comme si un chien aboyait et claquait des mâchoires, dehors. Le visage enfoui dans la terre, les genoux contre la poitrine, Thorvald s’attendait à ce que Zaïtsev tire d’un moment à l’autre, il attendait la brûlure de la balle.
    Les secondes passaient. Thorvald avait les muscles douloureux, recroquevillé comme il l’était au fond du trou. Son cœur battait à ses tempes ; sa respiration sifflait dans sa bouche ouverte. Derrière ses paupières hermétiquement closes, ses globes oculaires tressautaient, à droite, à gauche. Sa peau trahissait sa peur.
    Lentement, il déplia son corps. Aucune balle ne répondit à ce mouvement. Pas encore. Il bougeait avec précaution, ne sachant quelle partie de son corps pouvait le trahir. Il haïssait cette impression d’être observé, cette idée que le Lapin pouvait le voir dans sa lunette, cette nausée de sentir sur soi, fût-ce une seconde, le réticule du Russe.
    Il m’a vu. C’est obligé. Ce foutu lapin m’a piégé, il m’a fait mordre à son appât. Il m’a forcément vu.
    Thorvald secoua ses épaules et ses jambes comme pour se dégager d’une gangue de glace. Il avait la peau glacée, il se sentait brûlant à l’intérieur. Il passa une main sur son front, ramena des doigts aux extrémités mouillées.
    Il demeura étendu sur le dos quelques minutes pour apaiser ses nerfs et ralentir sa respiration. Levant les yeux vers la tôle, il pensa à un couvercle de cercueil.
    Pourquoi ai-je fait ça ? Pourquoi ai-je appuyé sur la détente ?
    Le calme revint lentement dans ses tripes. Il pensait plus clairement, maintenant, sans paniquer. Maudit Zaïtsev qui m’a mis dans cet état. Je

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