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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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de bottes.
    La souffrance l’aida à reprendre conscience. Elle était encore en vie. Oh ! ça fait mal ! Qu’est-il arrivé ? La panique tournait autour d’elle comme un chacal. Je suis blessée, au ventre, une explosion. Douleur et sang. Jakobsin mort. Mogileva. Une mine. L’explosion. Que se passe-t-il ? Où est Vasha ? Des bras sous moi, les bras de Vasha, des jambes qui courent. Oh ! la douleur à chaque foulée. Va plus lentement. Non, cours ! Cours avec moi, ne me laisse pas !
    Le goût salé du sang emplit sa bouche. Au centre de son corps, la douleur menaçait de l’envelopper totalement. Elle ouvrit les yeux.
    Zaïtsev me tient contre lui. Il compresse ma blessure avec sa poitrine. Cours, Vasha ! Il est mon pansement ; sa vie maintient la mienne à l’intérieur de mon corps pendant que nous courons.
    Reste près de lui, Tania. Reste en vie.
    Oh, cours, Vasha, cours !
    Tania remua la langue pour nettoyer sa bouche. Un filet de salive coula de ses lèvres.
    — Cours, souffla-t-elle en anglais.
    La foulée de Zaïtsev se ralentit. Il dit quelque chose. Bien qu’il haletât, les mots étaient clairs :
    — Reste avec moi, Taniouchka. Nous arriverons à temps à l’hôpital.
    Les lèvres de Tania ne purent former de réponse. Elle avait brûlé toutes ses forces. Tant de choses à dire, et tout ce qu’elle parvenait à murmurer, c’était « Cours », dans une langue qu’il ne comprenait pas.
    Elle se mit à redescendre dans son corps, glissa dans la souffrance, y barbota un moment puis glissa plus bas encore, dans l’inconscience.

30
     
    Elle poussa un gémissement, terrible, quand il trébucha, tomba à genoux. Il se releva aussitôt sans cesser de la presser contre lui, de plaquer sa poitrine ensanglantée contre le ventre ouvert de Tania.
    Zaïtsev se remit à courir. Le grincement du sable sous ses bottes se mêlait à sa respiration sifflante. Son esprit oscillait entre panique et concentration : le poids mort de Tania dans ses bras le terrifiait, le sang de la jeune femme coulait dans ses bottes.
    Il s’efforça de faire le vide dans sa tête, de courir comme une machine, au-delà de la conscience et de la fatigue. Des images se ruaient sur lui, toutes de Tania : dormant, nue, riant, visant une cible, courant près de lui parmi les explosions. Il les transperça, les fit éclater comme des bulles jusqu’à ce qu’il ne reste plus dans la nuit que le corps pesant sur ses bras, et sa course.
    Il parvint à un point de contrôle, contourna une charrette à moitié démolie sur la rive noire. Écartant une barrière branlante de barbelés, les sentinelles le laissèrent passer sans rien dire. Zaïtsev se remit à courir et une voix cria derrière
lui : « Fonce ! »
    L’antenne médicale se trouvait à cinquante mètres devant, au pied de la falaise. C’était là que Shaïkine avait tenté de survivre en plaquant une main sur son cou blessé. C’était là qu’il était mort.
    Zaïtsev écarta la couverture, pénétra dans la grotte, se tint, haletant dans une salle exiguë. Les murs et le plafond étaient faits de planches soutenues par des poutres métalliques. Un ampoule nue pendait à un fil électrique. Trois soldats gisaient sur des civières alignées par terre. Une infirmière en treillis vert était penchée sur le blessé le plus éloigné de Zaïtsev.
    Maintenant qu’il était arrivé à l’hôpital de campagne, Tania lui semblait lourde dans ses bras. Il eut un moment de panique à l’idée de la lâcher, de la confier à l’infirmière qui n’avait même pas tourné la tête vers lui. Il avala sa salive et dit :
    — On a besoin d’aide.
    La femme leva la tête. Comme un cheval essoufflé, Zaïtsev respirait bruyamment par le nez. Il savait que son visage devait refléter sa terreur.
    L’infirmière s’approcha, tendit les mains pour soutenir la nuque de Tania.
    — Posez-la par terre, là-bas.
    Elle le guida vers un espace libre ; il serra Tania plus fort contre lui.
    — Mon adjudant ?
    Il ne bougea pas.
    — Mon adjudant, posez-la par terre, dit l’infirmière d’un ton plus ferme. Il faut que j’examine sa blessure.
    — Où est le docteur ?
    — En chirurgie, répondit-elle en soulevant les paupières de Tania. Je suis l’infirmière de tri. Il s’occupera d’elle dès qu’il le pourra. Posez-la par terre.
    De tri. Cette femme décide de qui passe dans les mains du docteur. Si je pose Tania, elle mourra par terre. Elle mourra dans cette queue de

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