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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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élevée du milieu de son corps.
    — L’éclat était enfoncé dans le rein gauche, la pointe dépassait. Elle avait perforé l’aorte. Je ne l’ai pas vu. Quand j’ai sorti le rein, l’aorte s’est rompue.
    — Oui, répéta Zaïtsev.
    — J’ai fait ce que j’ai pu.
    Derrière le chirurgien, les deux infirmières cessèrent de comprimer l’abdomen de la blessée. Elles reculèrent d’un même mouvement et attendirent, composant un tableau final près du corps inconscient.
    Zaïtsev refusait qu’il soit final.
    — Vous la laisserez pas mourir.
    — Je n’y peux rien.
    Le vieil homme se tourna pour s’éloigner, s’arrêta en entendant cliqueter le chien du pistolet de Zaïtsev.
    L’arme était braquée sur le cœur du médecin. Derrière lui, les infirmières reculèrent de nouveau d’un pas parfaitement synchrone.
    — Vous m’avez dit qu’elle ne mourrait pas, docteur. Vous pouvez la sauver.
    Le chirurgien plissa les lèvres, inclina la tête comme s’il s’adressait à un étudiant.
    — La blessée que vous m’avez amenée a perdu la rate, un rein, et beaucoup de sang. Je n’ai pas de quoi lui faire une transfusion. Tout ce que nous pouvons faire ici, si près du front, c’est stabiliser l’état des blessés jusqu’à ce qu’ils puissent être transportés de l’autre côté du fleuve. On peut refermer l’aorte, cela me prendrait vingt minutes. Mais avec le sang qu’elle a déjà perdu, le rein qui lui reste a probablement subi des dommages irréparables. Si ce n’est pas encore fait, ça le sera avant que je puisse rétablir la circulation sanguine. Elle fera un blocage rénal et elle mourra.
    Zaïtsev n’abaissa pas son arme : Tania était vivante, le chirurgien devait retourner auprès d’elle.
    — Elle mourra, répéta le docteur. Et pendant les vingt minutes que je passerai à tenter vainement de la sauver, l’un des blessés qui attendent dans l’autre salle pourrait mourir aussi. Vous le supporteriez ?
    Zaïtsev regarda Tania étendue sur la table. Le cœur de la jeune femme continuait à battre. Il luttait dans sa tranchée. Les soldats de l’autre salle se battaient aussi dans leur propre tranchée, mais il n’était pas venu pour eux.
    — J’ai pas le choix, déclara-t-il, levant le canon de son arme vers la tête du médecin. Je l’aime trop pour avoir le choix.
    Le chirurgien jeta un coup d’œil aux infirmières qui se tenaient immobiles, blanches comme les anges d’un tableau. Il ôta un de ses gants, massa son crâne rasé, regarda le pistolet de Zaïtsev.
    — Si vous tenez absolument à agiter ce machin près de ma patiente, faites-le stériliser.
    Il enleva l’autre gant, le jeta dans un coin avec le premier. Quand il releva les yeux vers Zaïtsev, le pistolet avait regagné son étui.
    Le docteur pivota vers la table, enfila des gants propres et, levant les mains, annonça aux infirmières, qui s’étaient mises en mouvement elles aussi :
    — Il l’aime, mesdames…
    Les deux femmes relevèrent les draps tachés pour découvrir de nouveau les entrailles de Tania et se remirent au travail sans un mot. Des gazes imprégnées de sang jonchaient le sol sous la table. Zaïtsev avait mal au dos, mais n’osait bouger de peur de rompre quelque fragile équilibre dans la pièce. Une seule fois, Tania émit une plainte. Le Lièvre serra les dents. Il aurait voulu pouvoir se glisser dans son coma pour se battre à côté d’elle et gagner, ou mourir, épaule contre épaule.
    Enfin, le chirurgien prit une aiguille et du fil, entreprit de ravauder les entrailles de Tania. Quand il eut terminé, il s’écarta de la table, défit ses gants. L’infirmière de tri prit sa place pour suturer la plaie.
    Le docteur s’approcha de Zaïtsev, qui essaya de déchiffrer l’expression du regard sous les sourcils blancs broussailleux. Le médecin le fixa brièvement puis détourna les yeux. Il leva les mains, les tint écartées comme s’il soupesait quelque chose.
    Zaïtsev regarda les doigts longs et noueux, semblables à des brindilles. Ces vieilles mains avaient-elles sauvé Tania ? Le médecin hésitait manifestement à émettre un pronostic. Pourquoi ? Les nouvelles étaient-elles si mauvaises ? Zaïtsev l’incita à parler :
    — Docteur ?
    Le vieil homme laissa retomber ses mains — leur travail était fini —, les enfonça dans les poches de sa blouse.
    — J’ai tout remis en place, fit-il. Elle est en état de choc. Je ne puis dire combien de temps

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