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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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et à Fedya.
    Tous trois s’aplatirent sur les planches. L’obus de mortier frappa la coque en son milieu. Le pont se brisa en longues échardes. Une boule de flammes et de débris s’éleva. Assourdie par l’explosion, Tania fut projetée en arrière dans les eaux étincelantes de la Volga.

6
     
    Nikki Mond braqua sa mitrailleuse lourde sur l’entrée, s’assura que la bande-chargeur était bien tendue, puis caressa de la main le canon rond et large. Il était plus froid que l’automne russe.
    C’est idiot d’attendre que les Russes décrochent, pensa-t-il en fixant le viseur. Ils ne bougeront pas. Ils meurent dans leur trou, les rouges. Ils n’évacueront pas plus que nous ce bâtiment.
    Il s’imagina pressant la détente de son arme : des Russes déboulaient dans le couloir, tombaient en se tordant sous les balles de sa mitrailleuse. D’autres suivaient, s’élançaient vers lui, mais il les fauchait et leurs corps obstruaient le passage. Les Allemands poussaient les cadavres pour se ruer vers lui. Il lâchait la détente, l’engin continuait à cracher ses balles. Les Boches tombaient, tombaient…
    — Caporal Mond.
    La voix tira Nikki de sa rêverie. Le capitaine Mercker s’agenouilla à côté de lui, pressa la main crispée sur la poignée de l’arme.
    — Doucement, caporal. Nous sommes tous un peu tendus…
    Nikki se détendit, remua les doigts. L’officier lui offrit une cigarette et du feu.
    — Mond, tu étais dans le premier groupe. Tu as inspecté la salle d’en face ?
    — Oui, mon capitaine. Il n’y avait personne.
    — Elle est grande ?
    — Un peu moins que la nôtre. Avec trois fenêtres, comme
celle-ci.
    Mercker creusa les joues pour aspirer une bouffée de fumée.
    — Ils devaient avoir le même plan : s’emparer de ce bâtiment. Nous sommes entrés par la porte pendant qu’ils passaient par les fenêtres.
    Nikki plongea le regard dans les yeux de l’officier, remarqua son calme.
    — Vous êtes nouveau, mon capitaine ?
    — Ça dépend de ce que tu appelles nouveau. J’étais à Leningrad l’année dernière. À Moscou au printemps.
    Le caporal écrasa sa cigarette pour serrer de nouveau les poignées de sa mitrailleuse.
    — Stalingrad, c’est autre chose, mon capitaine. Je n’ai jamais vu ça. Ici, la ligne de front peut se réduire à un plafond. À un couloir, ajouta-t-il en regarda la porte sur laquelle son arme était braquée.
    Mercker garda le silence, ce que Nikki prit pour une invitation à poursuivre.
    — Les Russes sont meilleurs que nous dans le combat de rue. S’ils étaient arrivés les premiers dans ce bâtiment, nous n’aurions jamais pu y pénétrer. Nous aurions dû le faire sauter avec eux dedans. Ils ne partiront pas, mon capitaine, conclut le caporal en secouant la tête.
    Mercker alluma une autre cigarette.
    — Le faire sauter, tu dis ?
    Trois semaines plus tôt, l’unité de Nikki avait occupé une maison dans la cité ouvrière située à l’ouest de l’usine de tracteurs. Les cinq Russes terrés dans la cave n’avaient ni décampé ni accepté de se rendre. Après trois jours d’impasse, les Allemands avaient dû éventrer le sol pour jeter des bâtons de dynamite sur les Russes qui continuaient à résister comme des déments. Pour cinq rouges, il avait fallu détruire toute une maison.
    Nikki finissait de raconter son histoire quand des voix s’élevèrent de l’autre côté du couloir. Les Russes chantaient ! Une chanson paillarde, à en croire les rires gras qui accompagnaient les paroles. Ils envoyaient un message à la compagnie allemande occupant la pièce d’en face : nous sommes nombreux et nous ne bougerons pas.
    Une idée fit briller les yeux de Mercker.
    — Tu as dynamité une maison pour cinq Russes, dit-il à Nikki pardessus le chœur rouge. Nous allons faire sauter celle-ci pour cinquante.
    Le capitaine appela un courrier.
    Après un concert ininterrompu de deux heures, les Russes se turent.
    Vingt minutes plus tard, le courrier revint par la fenêtre avec trois sapeurs portant leur matériel : six pelles et pioches, vingt kilos de dynamite.
    L’un des sapeurs se plaça au centre de la salle, leva sa pioche, l’abattit sur le béton. Le fer tinta, des débris filèrent sur le sol comme des souris.
    Mercker leva la main.
    — Attendez. Ces Ruskoffs ont des voix de crécelle, vous ne trouvez pas, les gars ? On devrait leur montrer comment les Allemands savent chanter. Fort. Si fort qu’ils n’entendront rien

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